LE FACE-A-FACE TÉLÉVISÉ
Quand bien même sur le tard et in extremis, l’ancien régime nous a gratifié d’un élément démocratique, probablement à son corps défendant. Le face-à-face des deux candidats retenus pour la compétition finale à l’accession à la Magistrature Suprême n’était jusqu’alors pas inscrit dans notre pratique électorale. Nous saluons donc son avènement
Un face à face inédit
Charnière entre l’ancien et le nouveau régime, je peux dire d’emblée que c’est une bonne avancée démocratique que l’ancien nous a laissé ; forcé qu’il a été par le cours de événements. Nous ne pensions pas si bien dire lorsque, trois mois plus tôt, nous écrivions déjà à l’occasion d’un article présentant les qualités de chef d’Etat du candidat de Nouvelle Conscience, en la personne de Pascal Irénée Koupaki, aujourd’hui Secrétaire Général de la Présidence de la République, les mots qui suivent ; » D’ores et déjà, nous souhaitons ardemment qu’un face-à-face radiotélévisé soit organisé pour les deux candidats que les électeurs auront retenus pour le second tour des élections. Un face- à -face au cours duquel chacun défendra ses idées de gestion des affaires publiques dans les différents secteurs d’activités. Nous emboiterions ainsi le pas aux démocraties modernes et transparentes, et prendrions de la graine auprès de la Côte d’Ivoire qui, sauf déficit d’information de notre part, a inauguré la méthode, en Afrique de l’Ouest, avec le débat entre les Présidents Gbagbo et Ouattara » Je ne pensais pas si bien dire, ni prévoir l’évènement.
Le face à face est un élément décisif de démocratie et de transparence qui permet à l’électeur, une fois en présence des deux seuls candidats retenus à l’issue du premier tour du scrutin, de mieux appréhender leurs intentions respectives quant à la gestion des affaires publiques et de se détermine en toute cause de cause. La chose parait aujourd’hui tellement évidente que c’est à se demander pourquoi telle pratique n’avait pas cours chez nous jusqu’alors. La réponse est que la démocratie est un élément qui se construit et avance à petits pas. Il faut dire, cependant, que nos leaders politiques n’étaient pas enclins à clarifier leurs positions de cette manière et à prendre des engagements fermes devant le peuple qu’ils s’obligeront à respecter sous peine d’un vote sanction ultérieur ; et l’on comprend d’autant que l’initiative du face-à-face ne soit pas venue de la classe politique. Celle-ci ne pouvait se faire hara-kiri, jetant une pierre dans son propre jardin.
Autant je m’étais permis de lui reprocher de rester les bras croisés, à l’écart des dérives et des déviances d’une campagne pré-électorale qu’au demeurant, la loi n’a pas réglementé , autant il me revient de savoir gré à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication d’avoir initié et su imposer ce face- à – face que le code électoral devrait entériner pour faire œuvre utile et obliger les futurs candidats à la présidence de la République, retenus pour le deuxième tour, à s’y conformer dorénavant.
Le face-à-face : une première avec ses insuffisances
L’exercice devrait être, dans toute la mesure du possible, celui de la de vérité, dépouillé de tout artifice et non pas une partie d’ascendance communicationnelle au cours de laquelle l’un ou l’autre sera plutôt préoccupé à déstabiliser son vis-à-vis pour peu qu’il soit plus à l’aise devant les caméras. Cette situation risque de dévier l’intérêt politique du face-à-face et de le focaliser sur les habilités communicationnelles de l’un ou de l’autre plutôt que sur la qualité de leurs projets de société respectifs. Des règles devraient donc être éditées pour améliorer cette séance de vérité, capitale pour l’électeur. En tout état de cause, c’est un bon héritage que nous a laissé, quand bien même in extrémis, le régime défunt et il sied de lui en savoir gré.
Pour un face à face plus inclusif et plus populaire
Nous souhaitons ardemment, par ailleurs, que des dispositions soient prises afin que les face-à-face à venir bénéficient d’une traduction simultanée dans les principales langues nationales ; cela est un must. Il faudra bien que nous finissions par réaliser que le gros de notre peuple est analphabète, qu’il a besoin, lui aussi, d’être directement au fait de ce que se disent les candidats plutôt que de se le faire conter, toujours. Après tout, c’est bien lui qui fait la différence dans les urnes à moins que l’on ait déjà acheté sa conscience, le privant ainsi de toute autonomie de décision et partant, de tout intérêt pour un quelconque face-à-face. En tout état de cause et en règle générale, la traduction simultanée des grands débats publics devraient, à notre sens, devenir la règle sur les chaines de télévision et l’Etat devrait y aider.
Ambassadeur Candide Ahouansou