Incertitude, dilemme, méfiance... Il n’y a pas d’autres mots pour qualifier l’univers que traversent les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Après Boni Yayi, le navire « cauris » tangue sous le vent de la rupture et l’on commence à s’interroger sur la destination des députés et autres personnalités à bord. La retraite de l’ancien Chef de l’Etat et la défaite du porte-flambeau des Fcbe à la dernière présidentielle semblent inexorablement fragiliser l’alliance. Après près d’une décennie d’hégémonie aux côtés du pouvoir de la refondation, faut-il maintenant se constituer en un bloc d’opposition au régime de la rupture ?
La réponse à cette interrogation ne devrait pas être aussi difficile à trouver pour les Fcbe, du moins pour ce qu’il en reste puisque, ayant choisi d’aller aux élections sous le sceau de la « Continuité », ils ne devraient pas avoir du mal à s’opposer au régime de la « Rupture ». Cependant, il faudra bien compter avec les intérêts politiques des uns et des autres, notamment comment s’assurer un avenir politique jusqu’à la prochaine élection. Aussi, Boni Yayi n’est-il plus désormais là pour assurer le rôle de ciment afin de consolider les liens. A cet effet, les Fcbe se doivent de prendre en main leur destin. Beaucoup l’ont d’ailleurs déjà compris, puisque ne trouvant plus aucun intérêt à se maintenir dans une alliance dépourvue de sa force principale, Boni Yayi. En témoigne la réunion politique convoquée le week-end écoulé par ce dernier mais qui a été avortée du fait que beaucoup de députés Cauris ont choisi de boycotter la rencontre. Pendant ce temps, Lionel Zinsou qui devrait assurer le rôle de leader au sein des verts se fait aussi désirer. Il ne reste que Komi Koutché ou Eugène Azatassou, coordonnateur national des Fcbe pour s’essayer à relever le défi. Encore qu’il faudra trouver non seulement la meilleure stratégie mais surtout les moyens de mobilisation.
De toutes les façons, ceux qui voudraient continuer à garder l’héritage politique de Boni Yayi ont du pain sur la planche. Déjà, certaines formations politiques alliées aux Fcbe commencent par abandonner les verts. Les députés Edmond Agoua et Lucien Houngnibo, respectivement responsables de l’Alliance Eclaireur et de l’Ub ont quitté le camp. Jean-Michel Abimbola, un des leaders ayant rejoint Talon entre les deux tours de la Présidentielle a finalement rendu officiel son retrait de la coalition. A cette allure, la première force politique du Bénin au cours de la décennie, n’est pas loin de connaître le même sort que l’Ubf après le départ du pouvoir de Mathieu Kérékou.
Fulbert ADJIMEHOSSOU (Coll.)