Les Béninois dans leur grande majorité ont fustigé la réconciliation entre l’ancien chef d’Etat Boni Yayi et son successeur Patrice Talon. Au nombre de ceux-ci une voix pas des moindres,celle de l’ancien président Nicéphore Soglo qui, pour certains, est malvenue.
En réalité, les Béninois ne sont pas contre le principe d’une réconciliation mais la gêne provient du fait qu’elle soit intervenue à l’étranger. Cela laisse penser qu’il n’y a plus d’autorité morale dans ce pays. Et Cette situation interpelle en premier lieu l’ancien chef d’Etat Nicéphore Soglo. Sa colère est donc mal venue dans la mesure où il n’a pas su incarner cette valeur morale incontournable eu égard à son statut d’ancien président, le seul encore actif.
Au cœur des intrigues politiques lors de la dernière présidentielle, le président Nicéphore Soglo n’a pas su se mettre au-dessus de la mêlée comme l’a toujours fait le regretté Mathieu Kérékou. Pire, les sorties médiatiques du 1er président de l’ère démocratique, fustigeant la candidature de Lionel Zinsou qu’il assimile à la perpétuation de la France-Afrique, ne sont pas de nature à militer en sa faveur pour jouer un quelconque rôle de médiation entre Boni Yayi et Patrice Talon. Il était plus qu’évident que l’octogénaire avait pris fait et cause pour un fils du pays au détriment d’un autre. Certes, c’est son droit d’avoir un choix mais pour l’autorité morale qu’il incarne, la sagesse recommande de ne point prendre parti tout au moins publiquement. Mais si ce n’était que cela !
Aujourd’hui, la famille Soglo dégage dans l’opinion une certaine image d’une mésentente qui va en grandissant entre deux frères. Un conflit alimenté par les géniteurs eux-mêmes qui, en prenant fait et cause publiquement pour un candidat qui n’est pas celui du parti dirigé par le fils aîné LéhadySoglo, jettent ce dernier en pâture. Incapable donc de faire entendre raison à ses deux fils afin qu’ils portent ensemble son héritage politique et incapable de se mettre au-dessus de la mêlée, les Béninois ont du mal à voir l’ancien président Nicéphore Soglo dans un rôle de médiation. Du coup, ce qu’on ne peut trouver chez soi, c’est ailleurs qu’il faut chercher. D’où cette option du président Patrice Talon de faire appel à ses homologues de la sous-région. Ce n’est ni donc pas la faute à Patrice Talon ni à Yayi Boni si ceux qui devraient jouer au pays le rôle de sages auprès de qui les enfants de la République viennent demander conseil, se sont fourvoyés par des prises de position. Outre cela, nous sommes dans un contexte sous régional où les Chefs d’Etat sont appelés à trouver en leur sein des solutions à leur problème. Et Nicéphore Soglo sait mieux que quiconque quel a été le rôle de Ouattara dans le retour au pays de Patrice Talon. L’actuel président ivoirien a été l’artisan du pardon intervenu entre Patrice Talon et Boni Yayi qui l’accusait de vouloir attenter à sa vie. Ce qui a facilité le retour au pays du magnat de l’or blanc. Les deux présidents ne pouvaient donc rejeter la médiation d’une personne qui a déjà joué par le passé ce rôle.D’aucuns n’hésitent même pas à affirmer que Alassane Ouattara fait partie des principaux conseils du président Patrice Talon. Le patriarche Soglo, avant donc de fustiger cette réconciliation en terre ivoirienne, devrait se regarder dans la glace . A-t-il été ce père rassembleur pour que les problèmes entre Béninois ne soient réglés en terre étrangère ?
Mike Mahouna