Le Président de la République, aussitôt à l’entame de son mandat unique, met un point d’honneur à sa plus grande promesse de campagne. Celle de profiter de son passage à la tête de l’Etat pour des réformes constitutionnelles et administratives significatives. Et selon des sources généralement bien informées, c’est son garde des sceaux qui a été choisi pour conduire lesdites réformes ; un choix très critiqué du reste.
Patrice Talon a donné un signal dès sa prise de service. Ainsi, dans le compte rendu du tout premier conseil des ministres, il est loisible de noter au point 12 des autres dossiers abordés : « ….Commission chargée des réformes politiques : Une commission chargée des réformes politiques a été mise en place. Sa mission est d’étudier et de proposer au Président de la République les réformes politiques et institutionnelles visant à améliorer le modèle politique béninois conformément aux options politiques de la Conférence nationale de février 1990. »
Le compte rendu du conseil des ministres n’a pas donné d’autres détails ; notamment sur les membres de la commission, la durée du mandat et les autres précisions du cahier des charges. Car, lorsqu’on parle de révision de la Constitution conforment aux options de la Conférence nationale, tout est encore vague. On peut y glisser tout. On sait par exemple que la fameuse conférence n’a jamais édicté un mandat unique pour le président de la République. Mais le candidat, désormais président avait aussi fait cette promesse.
Il reste donc que les contours de la mission soit connus du grand public pour permettre un suivi lorsque le rapport serait déposé.
Mais en attendant, des sources indiquent le Président Patrice Talon a porté son choix sur Me Joseph Djogbénou pour prendre la tête de cette commission composée d’éminents juristes et hommes politiques. C’est donc le ministre en charge de la justice qui sera aux commandes pour les propositions de réformes.
Loin de parler de grincements de dents, certains observateurs y voient une manière déguisée de ne pas traduire dans les faits les promesses de campagne et surtout celles faites par le Président de la République le 6 avril 2016 à l’occasion de son investiture. Comme par exemple, qu’il tiendrait compte de la compétence. Ainsi, le Professeur Joseph Djogbénou est spécialiste du droit privé. Et dans le camp du régime et de la Rupture et même du Nouveau Départ, il est des publicistes à même de conduire ce débat.
Par ailleurs, Joseph Djogbénou est le Garde des sceaux, ministre de la justice chargé également des relations avec les institutions. Et plusieurs questions à ce niveau. A commencer par, Pourquoi l’avocat personnel du chef de l’Etat au poste du ministre de la justice. Ensuite, pourquoi l’avoir déplacé d’un poste aussi stratégique que celui du président de la commission des lois de l’Assemblée nationale où il pouvait être utile pour l’aboutissement des réformes? Enfin, aura-t-il suffisamment le temps pour conduire les travaux de la commission. On sait qu’une telle commission est par essence de haut niveau. Aussi, lorsque les grands intellectuels se retrouvent, les débats sur les théories font enliser, de sorte que les réunions se terminent tard la nuit, parfois au petit matin. Le président de la commission, pourra-t-il se départir des nombreuses exigences de son portefeuille ministériel pour s’y consacrer? N’y a-t-il plus personne ? Où le Garde des sceaux, compte-t-il s’appuyer sur le vice-président de la commission.
Dans tous les cas, il est encore possible de changer de fusil d’épaule afin de permettre une distribution des rôles avec le nouveau départ ; de sorte de ne pas donner l’air de consacrer l’essentiel dans les mains des plus proches.
Symplice Comlan