Première visite officielle en France après son investiture, première prouesse diplomatique. Le président Patrice Talon est depuis hier soir rassuré sur la bonne santé de la coopération bilatérale entre la France et le Bénin. Reçu avec les honneurs militaires à l’Elysée, le président béninois est, après un tête-à-tête avec son homologue français François Hollande, largement revenu sur les priorités du Bénin et ses attentes du partenaire français. La crise énergétique, la question de la compétence des cadres béninois et celle de la sécurité. Sur ces trois sujets cruciaux pour la République à l’ère de la Rupture, le chantre du Nouveau départ n’a pas fait la langue de bois.
Ainsi, devant la presse internationale et son homologue français, Patrice Talon a, après son entretien qui s’est passé de manière conviviale, insisté sur ses ambitions pour une coopération plus dynamique entre la France et le Bénin. Et si donc, pour le moment selon ses dires, elle traîne les pas, il a saisi l’occasion de sa visite à l’Elysée pour faire des suggestions à son hôte. « Je vous supplie de revoir la coopération entre la France et le Bénin afin d’accompagner notre élan de développement », a-t-il déclaré.
Talon et ses priorités
C’est d’ailleurs en toute connaissance de cause que le président béninois, au cours du point de presse conjoint avec son homologue français a expliqué les raisons de ses doléances à l’égard de la métropole. D’abord, sur la question du délestage qui sévit actuellement dans son pays, il a martelé : « nous avons l’obligation d’apporter une solution à l’électricité au Bénin dans les prochains jours ». Evidemment, cela suppose que l’aide de la France pour relever ce défi sera d’une grande utilité. Le développement économique du Bénin plombé depuis des décennies par la question énergétique fait donc partie de ces réels besoins pour lesquels le déplacement du président Talon à Paris est loin d’être superflu.
L’autre priorité évoquée par Patrice Talon à l’Elysée pour une coopération gagnant-gagnant entre Paris et Cotonou est celle de la compétence des cadres au sein de l’administration. « L’administration béninoise manque de compétences. Je compte sur la France pour son assistance pour former les cadres béninois », a déclaré le président Talon. Et s’il est clair qu’il n’y a de richesses que d’hommes, il faut toutefois souligner qu’au-delà de la compétence, le Nouveau départ doit véritablement travailler à l’avènement d’une nouvelle éthique, de la conscience professionnelle et du patriotisme au niveau de ses cadres. Autrement, la compétence seule ne permettra pas au président Patrice Talon de réaliser ses rêves pour un Bénin meilleur.
Partenariat pour plus d’efficacité
D’ailleurs, il est certain que sans la sécurité des personnes et des biens, le miracle promis hier à l’Elysée par le président Talon ne sera que du leurre. C’est sûrement pourquoi et tenant compte non seulement du contexte sécuritaire international mais surtout de la menace Boko Haram à nos frontières avec le Nigeria, le président Talon s’est dit préoccupé par le terrorisme. Il ajoute : « nos services de renseignements n’ont pas encore les moyens pour lutter contre le terrorisme, je sollicite à cet égard le soutien de la France pour une meilleure efficacité des forces de l’ordre béninoises ».
Voilà qui est désormais clair. La coopération sur le plan sécuritaire tient à cœur aux deux pays. Et, ce n’est pas un hasard si quelques jours plus tôt, l’ambassadrice de la France près le Bénin était reçue par le ministre de l’intérieur, Sacca Lafia et son cabinet. Le terrorisme prend de l’ampleur et la coopération sur le plan sécuritaire urge. Energie, compétence et sécurité. Patrice Talon a vu juste. Cette visite officielle et cette sélection judicieuse des priorités du Bénin dans sa coopération avec le partenaire français ne sont rien d’autre qu’un bon départ pour la diplomatie béninoise à l’ère de la Rupture.