« La France sera toujours du côté du Bénin parce que c’est un pays ami», a martelé le mardi 26 avril 2016 le président français. A la faveur de la conférence de presse animée avec son homologue béninois au palais de l’Elysée, François Hollande a soutenu que les projets d’aménagement urbain et de construction d’infrastructures en cours de négociation seront mis en œuvre.François Hollande qui a salué ceux qui ont œuvré pour que « le Bénin reste une référence pour la démocratie», fera remarquer que« le Bénin est un pays de grande culture »et que des initiatives serontétudiées pour y développer les compétences. Il a enfin évoqué la lutte contre le terrorisme dans la sous-région ouest-africaine. Sur ce dossier, le président Talon a affirmé que le Bénin compte sur le soutien de la France pour se protéger contre les terroristes. «Nos forces de sécurité et de défense, et nos services de renseignement n’ont pas encore la compétence nécessaire pour faire face seuls à ce fléau », a-t-il déclaré. Il a par ailleurs souligné que le Bénin travaillera à la mise en œuvre de l’accord de Paris obtenu lors de la Cop21 portant sur le climat. Le président Talon a confié aussi avoir sollicité l’accompagnement de la France dans la résolution de la crise énergétique que connait le Bénin depuis plusieurs années. «Notre pays est dans le noir presque tous les jours. Et en cela, nous avons l’obligation dans les prochaines semaines, d’apporter une solution à nos populations, à nos industries et à nos services. Dans les prochaines semaines avec votre soutien (France, Ndlr), nous viendrons à bout de cette souffrance», a-t-il fait savoir.
«Le Bénin est comme un désert de compétences»
Lors de sa première visite d’Etat en France hier, Talon a aussi invité François Hollande à lancer de nouvelles ambitions pour la coopération franco-béninoise. Selon lui, le Bénin a besoin de compétences pour se mettre sur les rails du développement. « J’ai l’ambition au terme de cinq années de faire le miracle, de réaliser cette magie. Et nous voudrions que vous nous apportiez de la compétence parce que le Bénin est comme un désert de compétences», a-t-il laissé entendre. «C’est vrai, les Béninois aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur sont remplis de talents, mais notre administration manque aujourd’hui de compétences. Et en cela nous voudrions compter sur la coopération française afin d’acheter,de payer, de rémunérer la compétence quel que soit le prix», a ajouté Patrice Talon.
Ces propos sont critiqués depuis hier par des analystes qui trouvent que le président de la République doit repréciser sa pensée. Pour eux, la déclaration de Patrice Talon d’hier reste une bourde puisque le Bénin regorge de compétences dans plusieurs domaines.Le Bénin doit dénicher et mettre ses compétences au travail plutôt que d’en acheter, ont rectifié les mêmes analystes.
Extrait de la déclaration de Patrice Talon
«Notre Administration manque aujourd’hui de compétences»
«Je voudrais remercier les institutions françaises et la justice française pour l’accueil et la protection dont j’ai bénéficié durant mes mois d’exil en France. Je suis le témoin vivant de la grandeur de votre démocratie. Cela m’inspire et je voudrais qu’on dise dans quelques années de mon pays que le Bénin aussi est une terre de démocratie, de liberté et de protection des droits. Quand on a vécu dans ces conditions ici, on ne peut pas rester indifférent à cette vertu. M. le président (président François Hollande, Ndlr), j’avais trouvé que la coopération franco-béninoise avait trainé un peu les pas. C’est vrai que la France a beaucoup fait pour le Bénin… Mais je vous ai prié de faire l’effort de lancer de plus grandes ambitions à la coopération entre la France et le Bénin d’autant que nous allons opérer des réformes politiques, administratives pour améliorer la gouvernance pour être plus disposé à accomplir notre mission de développement. Les gouvernants ont la responsabilité de sortir les peuples de la pauvreté. Et ce mot n’est pas fort pour le Bénin parce que c’est un pays de grande pauvreté. J’ai l’ambition au terme de cinq années de faire le miracle, de réaliser cette magie. Et nous voudrions que vous nous apportiez de la compétence parce que le Bénin est comme un désert de compétences. C’est vrai, les Béninois aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur sont remplis de talents, mais notre Administration manque aujourd’hui de compétences. Et en cela, nous voudrions compter sur la coopération française afin d’acheter, de payer, de rémunérer la compétence quel que soit le prix. Nous voudrions compter sur vous pour avoir des cadres qui vont nous apporter de l’assistance technique pendant quelques mois, quelques années, le temps que nous aurons mis à former les cadres dont nous aurons besoin ».
Propos transcrits par A.S.