Le premier facteur considéré comme un atout à son élection mais qui pourrait jouer contre lui, au-delà de la victimisation et du vote sanction contre son prédécesseur Yayi Boni, c’est la perception populaire. En effet, pour nombre de Béninois, Patrice Talon après 10 ans de Yayisme, était le messie eu égard à sa fortune, au nombre d’entreprises et d’emplois (plus de 7000) créés. Des Béninois ont très tôt cru en lui, et ont toujours considéré qu’il pourra à tout moment mettre la main à la poche et injecter ses propres ressources dans la résolution des problèmes de développement du pays. Vu pendant la période électorale comme un magicien ou un thaumaturge, certains s’impatientent de voir le « Agbonnon » opérer le miracle par un coup de baguette magique pour leur donner de l’eau, de l’énergie électrique, de l’emploi et au moins les trois (3) repas par jour.
Mais là où le président Talon s’est mis la corde au cou (deuxième facteur donc), et fait l’objet de critiques tous azimuts, c’est qu’il n’avait de cesse de ressasser que le pays va mal, très mal et qu’il faut aller vite dans sa reconstruction. Comparativement à son prédécesseur Yayi Boni qui a bénéficié d’un délai de grâce, accordé même par les partenaires sociaux, Patrice Talon, lui, n’en a pas demandé. Sans doute qu’il n’en a pas besoin puisque dans son discours d’investiture le 6 avril 2016 au stade Charles de Gaulle à Porto-Novo, le chantre de la Rupture et du Nouveau départ a déclaré urbi et orbi :« (…)non seulement je m’y suis préparé mais j’affirme que je suis déjà prêt maintenant et tout de suite. (…) j’y crois fermement, nous avons tout pour réussir ». Trois semaines soit 21 jours après cet engagement, des compatriotes n’en croient pas à leurs yeux que le moindre Megawatt ne se soit ajouté à l’énergie électrique très rare dans tout le pays. Ayant été « mordus » plusieurs fois déjà sous d’autres régimes, les Béninois ont, visiblement, opté pour un marquage à la culotte de l’actuel gouvernement. En témoignent d’ailleurs, tous les commentaires post publication du premier gouvernement que le chef de l’Etat a formé. Le hiatus entre certains visages de l’équipe et l’engagement pris préalablement par Talon qu’il ne formera pas un gouvernement de remerciement a vite laissé place à diverses opinions. Il en est de même de certaines décisions du premier conseil des ministres et certaines manières de faire qui, selon des observateurs avertis, ne tranchent pas encore avec les anciennes pratiques dans un contexte où la Rupture ou le Nouveau départ est le mode de gouvernance.
Jacques BOCO