Parti de Cotonou depuis le vendredi 15 avril dernier, le président Patrice Talon a rejoint son pays dans la nuit d’hier après un long périple qui l’a conduit en Côte d’Ivoire puis en France. Au salon d’honneur de l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin, le Chef de l’Etat a fait le point de son voyage et réitéré son engagement à promouvoir la bonne gouvernance au sommet de l’Etat. Patrice Talon a aussi saisi l’occasion pour mettre fin aux suspicions autour de son état de santé. « …mon pays m’a manqué. Dès demain, je me mettrai au boulot. Je voudrai rassurer les uns et les autres que je vais bien et que les voyages que j’ai effectués aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en France augurent de bonnes choses… », a déclaré l’homme du Nouveau départ.
Pourquoi la Côte d’Ivoire ?
Aussi, à l’occasion de sa déclaration de presse, l’homme a apporté quelques clarifications sur les raisons de certaines escales lors de son voyage. Et, à en croire le Chef de l’Etat, la destination Côte d’Ivoire n’était pas essentiellement consacré à la supposée ‘’médiation des présidents Ouattara et Gnassingbé pour une réconciliation avec son prédécesseur’’. Talon explique qu’à la veille de cette rencontre du lundi 18 avril 2016, qu’il avait eu un déjeuner de travail avec le président de la Côte d’Ivoire, avec qui il a abordé le problème de la sécurité dans la sous-région et la récurrente question de l’énergie qui se pose au Bénin.
Aucune compromission !
Et en ce qui concerne la rencontre dite de réconciliation, l’homme de la rupture, a fait part des félicitations des présidents Ouattara et Gnassingbé à l’endroit du peuple béninois pour le bel exemple de démocratie. « …Ils ont souhaité que rien ne vienne entraver ce parcours et prier Boni Yayi et moi de rester un exemple pour ce continent… Cela a été l’occasion pour nous de prouver à la face du monde qu’il n’y a pas de conflit entre nous et que la compétition politique est bien derrière nous. Je voudrais rappeler à tous que je ne me suis engagé dans aucun compromis, encore moins aucune compromission préjudiciable ou de nature à porter préjudice à mon engagement de bonne gouvernance, de rupture et de nouveau départ. Il n’y a pas et il n’y aura pas de changement de cap et rien ne pourra me distraire, ni me faire perdre du temps… », a-t-il affirmé. Le président Patrice Talon a donc saisi l’occasion de son point de presse à l’aéroport pour dissiper les insinuations et supputations autour du voyage d’Abidjan.
Hollande apprécie le plan d’urgence
Après la rencontre du lundi en Côte d’Ivoire, le Chef de l’Etat béninois s’est envolé le lendemain pour la capitale française. A Paris, Patrice Talon a effectué un bilan de santé. ‘’Les jeudi 21 et vendredi 22, j’ai procédé à une ‘‘révision de la machine’’ à l’hôpital de la Croix St Simon à Paris où j’ai pris l’habitude de faire ce genre d’exercice depuis bientôt 4 ans. Le verdict médical est favorable et je peux donc entreprendre ma course sans précaution particulière…’’, a servi le président Talon. 72 heures après son court séjour à l’hôpital de la Croix St Simon, le Chef de l’Etat béninois sera reçu à l’Elysée par son homologue français, François Hollande. Les deux chefs d’Etat ont passé en revue les questions liées au climat et à l’environnement, à la sécurité et au terrorisme dans le monde, mais Patrice Talon a saisi l’opportunité pour exposer son plan d’urgence pour le rayonnement de son mandat et solliciter et à cet effet l’appui de la mère patrie. Au cœur de ce programme, l’éternelle question de l’énergie et la question du déficit de compétence dans l’administration publique.
Un désert de compétence
‘‘… Tout le monde sait que notre administration se dégarnie… Un grand nombre de nos cadres, de nos compétences sont admis à la retraite. Certains ont quitté l’administration pour le secteur privé. Beaucoup d’autres sont expatriés, parce que tout le monde sait que depuis quelques temps, le clientélisme ne fait plus la promotion des valeurs dans notre pays. C’est fort naturellement que beaucoup ont quitté l’administration. Toujours est-il que le défaut de bonne programmation des recrutements et des formations, sinon les quelques recrutements qui ont été opérés et qui n’ont pas tenu compte des besoins en nombre et en qualité ont fini de décimer notre administration et nous sommes confrontés à un problème de compétence…’’. Voilà les clarifications apportées par le président Patrice Talon au sujet de sa déclaration relative à la question des compétences au Bénin et qui a défrayé la polémique. Il faut rappeler que le chantre du Nouveau départ avait parlé de ‘’désert de compétence au Bénin’’, et sollicité l’accompagnement de la France pour corriger le tir.
Confiant en l’avenir
Ce détail réglé, l’homme de la rupture a désormais le regard tourné vers l’avenir. Le Bénin devra accueillir dans les tout prochains jours, une mission française pour apprécier les besoins et envisager les possibilités d’une coopération entre les deux Etats. ‘’Le président français a décidé d’envoyer une mission à Cotonou dans une dizaine de jours pour une séance de travail aux fins d’apprécier nos besoins afin que nous ne perdons pas de temps. Cette démarche nous allons l’avoir auprès de tous nos partenaires traditionnels aussi bien bilatéraux que multilatéraux ainsi que nos partenaires potentiels’’, a-t-il conclu.
Arnaud DOUMANHOUN