La ville de Bohicon a accueilli du 26 au 28 avril dernier, une rencontre des acteurs impliqués dans la gestion des forêts sacrées au Bénin sous le thème « Atelier de remise des outils de gestion et de capitalisation des bonnes pratiques ». Au bout de trois jours de travaux, les participants sont repartis avec tous les documents et outils sur lesquels repose la gestion efficiente des forêts sacrées dans le système des aires protégées.
Le Bénin compte environ 3000 forêts sacrées couvrant une superficie de 18500 ha. Il n’y pas de doute aujourd’hui qu’elles procurent de multiples avantages environnementaux, cultuels et économiques. Ces forêts sont des refuges pour des espèces, abris des espèces menacées ou en danger, lieux d’initiation, réservoirs de gènes, plantes pour la pharmacopée. Cependant, certaines d’entre elles sont menacées de disparition avec l’extension des champs, des habitats et autres activités anthropiques.
En effet, par le passé, plusieurs espèces d’arbres et espaces forestiers étaient considérés comme des demeures d’une multitude de divinités vénérées par les populations locales. Ce sont des arbres sacrés isolés, des forêts des ancêtres, des forêts cimetières, des forêts de dieux ou de génies, des forêts de sociétés secrètes telles que celles de cultes Oro et Egungun. Face à la menace qui pèse sur ces espaces pourtant vitaux, la Direction générale des Forêts et des Ressources naturelles avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) travaille à la protection des forêts sacrées. Dans ce sens, plusieurs documents d’appui ainsi que des renforcements de capacités ont été mis à contribution pour contrer un tant soit peu les menaces. Entre autres actions, on note la mise en œuvre du projet d’intégration des forêts sacrées dans le système des aires protégées (PIFSAP). Ainsi, la rencontre de Bohicon devait passer en revue les nombreuses actions du PIFSAP.
Aller plus loin
Visiblement satisfaite de ce qui est fait, Elisabeth Tossou, chargée de programme Environnement au PNUD a exhorté les différents acteurs impliqués à aller plus loin afin que les résultats attendus soient tous atteints. Tenant bien sûr compte de ce qu’il avait été intégré les diverses préoccupations des acteurs à la base dans les outils de gestion et d’intégration des forêts sacrées. Il s’agit entre autres du Cadre politique et juridique d’intégration et de gestion des forêts sacrées ; du cadre institutionnel de gestion des forêts sacrées ; et du processus de reconnaissance légale et d’intégration des forêts dans le système des aires protégées du Bénin.
Procédant à la clôture de la rencontre, le général Théophile Kakpo, directeur général des Forêts et Ressources naturelles fera observer que le PIFSAP est une première initiative du genre qui a visé à réduire voire inverser le taux actuel de perte de biodiversité et à gérer durablement les forêts sacrées. Ce qui a, insiste-t-il, imposé de développer des procédures, des outils et méthodes participatifs et communautaires pour leur intégration dans le système des aires protégées au Bénin. Cette intégration permettra, ajoute-t-il, de maintenir le statut officiel de protection en tant que domaine communautaire de conservation, de mettre en œuvre les plans de gestion participative communautaire et d’améliorer le taux de couverture au niveau national des aires protégées du Bénin.
Il est à noter qu’à l’issue de cette rencontre, les participants provenant de la plupart des localités du Bénin qui comptent des forêts sacrées ont reçu les documents fondamentaux, outils de gestion de ces espaces protégés ?
Valentin SOVIDE, AR/Zou-Collines