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Secret de la Présidentielle de 2016 : Robert Gbian révèle tout
Publié le samedi 30 avril 2016  |  24 heures au Bénin
Le
© Autre presse par dr
Le général Robert Gbian




Robert Gbian, 2e Vice-président du Parlement béninois
« La présidentielle, mon mandat de député, Talon, Yayi Boni, Zinsou, le Bénin, le nouveau gouvernement, les grandes perspectives et moi », Robert Gbian dit tout


La présidentielle pour lui ? Ce n’est pas tant que ça du passé. C’est toujours, d’une manière ou d’une autre, d’actualité. En marge d’une rencontre avec son état-major pour faire le point et tirer les leçons, il s’est livré à un entretien improvisé avec nous. Toujours égal à lui, souriant et ferme, aussi décontracté que d’habitude, il lance, à qui a peur, « je suis un général, je garde le moral ». Cette bonne humeur ne dissipe pas pour autant la déception d’un homme qui aime profondément le Bénin et qui a senti, sa participation à la présidentielle comme un appel profond mais aussi « un devoir de dignité ». Plusieurs facteurs ont joué en sa défaveur. L’arrivée inattendue des milliardaires, la campagne ignoble de ses amis d’hier, ses difficultés financières dûes en partie aux pressions pour que ses amis et soutiens ne l’aident pas… mais lui, balaie tout ça d’un revers de main, « mon échec, je l’assume, je n’aime pas chercher des boucs émissaires » insiste Robert Gbian avant de conclure, « mon bonheur est d’avoir pu y prendre part, sinon j’aurais eu honte pour ma dignité et mon envie, légitime, de changer les choses ». Depuis la présidentielle, aucune sortie officielle. Un communiqué. Un message au peuple béninois. Un appel à voter Talon. Et récemment, un point de vue sommaire sur le début du quinquennat… Et, enfin, celui qui fut l’image de la grande muette par sa discrétion et son excès d’humilité prend la parole. A haute voix et évoque tout. Son mandat de député, son amitié et son respect pour le président Talon, sa vision du Bénin, les perspectives pour son engagement politique, son expérience, quelque peu décevante de la présidentielle dont il dit ne « rien regretter, c’est un sous contrainte de l’honneur que j’y suis allé » insiste celui qui prend acte de la décision du peuple sans écarter de nouvelles aventures avec les Béninois. Dans une grande interview, il parle de tout, sauf rien. Celui qui a connu une fulgurante carrière militaire et politique tout en gardant le mystère sur son personnage lève un coin de voile sur une personnalité bouillante et constante. Interview !

Moins de 2% pour la présidentielle, il est certain que vous soyez déçu ?

Sourire. Pas exactement. Je ne suis bien sûr pas satisfait ni content des résultats, j’aurais voulu faire beaucoup mieux. Mais je pense que la démocratie, c’est aussi une certaine décence. Me conférant à sa maturité et à sa longue expérience démocratique, je ne doute pas que les Béninois aient fait le meilleur choix. Je fais confiance au peuple.

Mais votre score était inattendu ?

Oui, mais j’essaie de comprendre. Il y a des éléments internes et externes qui ont influencé les résultats. Il y a d’un côté un certain déchainement contre ma personne par ceux que vous savez, et une peur suscitée par ma candidature qui a occasionné une campagne d’intoxication dans le nord du pays. Puis, le facteur devenu trop important de l’argent, dans la politique béninoise. J’ai fait ma campagne sur fonds propres, portant avec fierté la dignité de mes idées. Cela ne m’a pas facilité les choses. Je reconnais tout de même qu’il avait des candidats de qualités qui n’étaient pas initialement attendu. Mais au-delà de tout, j’assume la responsabilité de mon échec, je suis le premier responsable. Si je ne reconnais pas ma part de responsabilité, je ne pourrais pas en tirer les leçons.

Quelle leçon en tirez-vous ?

Je pense que lors de ce scrutin, le peuple a voulu, quoiqu’on dise, tranchez entre deux hommes, yayi Boni qui était derrière Zinsou et Patrice Talon. Le second a gagné, c’est tout.

Zinsou aussi a joué franc jeu ?

Bien sûr, il m’a impressionné. Il a fait preuve d’une énorme maturité et d’une détermination à rendre service à notre démocratie. Son appel au président élu dès le soir du second tour, sa présence à l’investiture, son appel à soutenir le président Talon, tout concourt à confirmer qu’il est un grand homme. Je ne saurais donc cacher mon admiration et mon respect pour lui.

Patrice Talon a été élu, on vous dit très proche de Sébastien Ajavon, auriez-vous préféré le second au premier ?

Rire. J’aurais préféré être élu. (Sourire). On ne va pas à une élection pour la perdre. Oui, Ajavon est un ami de même que Talon d’ailleurs, ma préférence est celle du peuple. Il faut surtout dire que nous nous sommes tous mobilisés aux côtés de Talon, Ajavon en premier. C’est une victoire collective, celle du peuple et de chacun d’entre nous.

Plusieurs observateurs de la politique béninoise pensent que vous auriez gagné si le scrutin avait eu lieu deux ans plus tôt…

Je ne veux pas me livrer aux spéculations et présomptions. C’est vrai qu’il a eu une sorte de phénomène Gbian il y a quelques années, mais n’oubliez pas que l’élection devrait avoir lieu en 2016 et non en 2013 ou 2014.

Vous reconnaissez-vous dans le projet de société de Talon ?

Bien sûr, c’est d’ailleurs pour cela que je me suis rallié sans hésiter, même si mon engagement dans l’Alliance de la Rupture m’y contraignait pour des raisons de principe. Bon nombre de mes préoccupations, qui sont aussi celles des populations ont été prises en compte, sérieusement. La modernisation de l’armée, la diversification de l’agriculture, la question de l’énergie et du foncier, les grandes réformes politiques et institutionnelles, tout cela faisait partie de mon propre projet de société. Je ne doute pas non plus de l’attachement du Président Patrice Talon à la réconciliation et à la promotion de la paix, pan gordien de ma propre vision pour le Bénin.

Que retenez-vous de cette belle campagne électorale que vous avez faite ?

La ferveur des Béninois. La maturité du peuple. Et son enthousiasme pour la démocratie. J’ai visité tous les coins et recoins du pays et j’ai été impressionné, très impressionné. Nous avons un grand peuple qui mérite des dirigeants et acteurs politiques de grandes qualités.

Beaucoup pensent, à tort ou à raison, que Yayi vous a aidé à échouer par l’orchestration d’une campagne de mauvaise augure contre votre personne ?

Yayi n’est plus au pouvoir, si c’est le cas, je considère que c’est du passé. Je veux me projeter dans l’avenir et non m’accrocher au passé. Il n’y a aucun problème particulier entre Yayi Boni et moi.

Vous êtes député et vice-président de l’Assemblée nationale, un poste de décision tout de même…

De décision, pas vraiment, ce n’est pas un poste exécutif, mais de là, on peut contribuer à construire un Bénin nouveau. Cette posture me donne une possibilité de larges apports aux grandes réformes. J’ai toujours été fier de servir le Bénin, vous le savez, à ce poste comme ailleurs.

Parlant des réformes, Talon a promis faire un seul mandat, vous y croyez ?

Je lui fais confiance. J’adhère à son envie de faire une transition pour le renforcement de l’état de droit et de la démocratie puis de se retirer. Il l’a promis au peuple, il s’y conformera.

Le nouveau gouvernement a été attaqué par beaucoup, ne vous y voyez pas des conflits d’intérêt ?

Notre régime est présidentialiste. Quand nous élisons un président, nous devons lui faire entièrement confiance pour prendre les bonnes décisions. Je ne vois personne qui ne soit pas à son poste dans ce gouvernement. Le chef de l’Etat est l’unique chef du gouvernement, il sait mieux que vous et moi qui peut faire quoi et quand. C’est un homme de vision et de pragmatisme. Il a besoin de nos soutiens plus que des critiques en ce moment ; soutenons-le !

La mésaventure avec l’Alliance Soleil vous donne des idées pour l’avenir du capital mobilisé autour de vous ? En résumé, quel est l’avenir de coalition GGR ?

Pour le moment, il y a une réflexion qui est en cours et qui doit tenir compte de l’aspiration des Béninois et de leurs messages à travers les urnes Je suis tout cela de près, ce qui est sûr, tant que je peux être utile, je servirai.

Propos recueillis par MAX-SAVI Carmel, Cotonou, Bénin
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