Depuis l’avènement du gouvernement du « Nouveau départ », plusieurs Directeurs généraux des structures étatiques se trouvent, limités dans l’exercice de leurs fonctions. Après les premières descentes sur le terrain des ministres de la « Rupture », des injonctions ont été données pour soi-disant stopper la gestion calamiteuse faite de la chose publique. Pendant ce temps, de nouvelles nominations tardent toujours à être prononcées. Chose paradoxale, les Directeurs généraux actuels ayant toujours les mains liées, ces structures tournent au ralenti depuis peu.
Du Port autonome de Cotonou (Pac) au Conseil national des chargeurs du Bénin (Cncb) en passant par la Société béninoise des manutentions portuaires (Sobemap) sans oublier l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) ou encore la Direction des examens et concours (Dec), rien ne semble tourner normalement. Si au Port de Cotonou et au Cncb, le ministre des transports et des infrastructures, Hervé Hêhomey a suspendu jusqu’à nouvel ordre, le paiement de toutes prestations, les recrutements, des procédures de passation de marché public, c’est le Programme d’appui à l’emploi salarié (Paes) qui a été suspendu à l’Anpe avec l’imminence d’un audit de gestion. En effet, deux raisons importantes justifient cette décision expresse de la ministre Adidjath Mathys. Il s’agit d’une part de la situation de précarité vécue en silence par de nombreux jeunes en stage par le biais de ce programme. « (…) Des centaines de salariés connaissent plusieurs mois d’arriérés de salaire et des stagiaires qui ne sont pas payés », a-t-elle constaté. D’autre part, le processus de recrutement des jeunes stagiaires inscrits dans ce programme connait quelques ratés. Pour la ministre, « les critères relatifs au profil pour la sélection de cette vague 2016 n’ont pas toujours été respectés». En attendant que des audits des gestions ne soient également réalisés, un rapport d’activités a été exigé aux Dg du Port autonome de Cotonou et du Conseil national des chargeurs du Bénin. A la Société béninoise des manutentions portuaires, les partenaires sociaux ont sauté sur l’occasion pour décrier la gestion calamiteuse de leur hiérarchie notamment le dernier recrutement de 98 agents occasionnels et contractuels et la relecture de la loi portant Code de passation des marchés publics. L’autorité ministérielle a donc demandé au président du conseil d’administration de la Sobémap d’instruire le directeur général de suspendre le concours de recrutement. Plus que jamais menacés de limogeage, les Dg desdites structures ne jouissent plus de toutes les prérogatives, leur permettant de mieux gérer.
Mieux vaut limoger à temps…
Le discours que tiennent aujourd’hui les différents ministres de la « Rupture » est qu’il faut prôner la gouvernance dans la probité, sauvegarder les intérêts du peuple. Pendant ce temps, des décisions se prennent pour ralentir le fonctionnement des structures d’Etat. Si l’on a jugé que les actuels patrons des sociétés étatiques ne sont pas à la hauteur et qu’il faille sauver les meubles, il n’y a autre remède que de les limoger et les remplacer par ceux-là, capables de remonter la pente dans les meilleurs délais. Mais chose curieuse, on suspend et aucune nomination n’est prononcée pour couper court et gérer autrement la chose publique. Pourquoi empêche-t-on ces Dg de travailler sans les limoger ? Pourquoi limite-t-on leurs tâches alors qu’ils doivent continuer à percevoir ? Pourquoi tarde-t-on à nommer de nouveaux Dg quand on sait que tout tourne au ralenti ? Autant de questions que seul, le gouvernement pourra véritablement y apporter des réponses. Toutefois, il urge de ne point perdre de vue l’enjeu et la portée desdites décisions sur la relance de l’économie nationale.
Aziz BADAROU