La capitale économique du Bénin a failli basculer dans la violence, il y a un an. Les Cotonois se sont soulevés suite à la tentative d’arrestation de Candide Azannaï, alors député. Durant trois jours, une partie de Cotonou a été paralysée. Retour sur les violences de mai 2015.
Lors des législatives d’avril 2015, notamment, la période de la campagne électorale, le candidat Candide Azannaï et le président d’alors ont échangé des propos déplaisants. C’étaient des écarts de langage. A la fin des législatives, alors que le peuple se préparait à se rendre à nouveau aux urnes pour les Communales, le président Yayi Boni saisit la justice. Il porta plainte contre Candide Azannaï qui venait de se faire réélire député. Il était reproché au député de menacer la sureté de l’Etat et la sécurité du Chef de l’Etat. Le 04 mai 2015, une équipe de la Compagnie de gendarmerie de Cotonou était au domicile du député, pour, affirmera le Procureur de la République près le Tribunal de première instance (Tpi) de Cotonou, lui notifierune convocation. Une méthode que Me Joseph Djogbénou avait qualifiée d’irrégulière. Selon lui, la convocation d’un député obéit à une procédure spécifique. N’empêche, les forces de l’ordre étaient décidées à exécuter l’ordre reçu. Leur descente au domicile de Candide Azannaï prenait l’allure d’une arrestation. Une arrestation commanditée. Le député alerta ses proches. Et les habitants de Zogbo (un quartier du 10ème arrondissement de Cotonou) organisèrent la résistance. Ils formèrent un bouclier humain pour protéger le domicile de leur leader et faire échec à l’arrestation déguisée. Certains individus pour manifester leurs mécontentements brulaient des pneus, barricadaient des voies. Des affrontements éclatèrent entre populations et forces de l’ordre dans le 10ème arrondissement et certains quartiers environnants. Il s’ensuivit des jets de pierre et la répression aux gaz lacrymogènes. Candide Azannaï, un homme de réseaux, disparut momentanément avant de réapparaître des heures plus tard à Zogbo aux côtés de plusieurs hommes politiques. Le trafic était paralysé à Cotonou. Les affrontements ont fait plusieurs blessés dans le rang des civils. Il y a eu des arrestations. Des matériels des forces de l’ordre ont été détruits. Un camion-citerne des sapeurs-pompiers a été incendié et des biens publics ont subi la rage des partisans surexcités. Il y eut des appels à la cessation des violences. Les forces de l’ordre ont regagné leurs bases pour favoriser la désescalade. Mais durant 72 heures, la tension règnera sur Cotonou. Yayi Boni a retiré dans la foulée sa plainte. Et le Parquet de Cotonou classera l’affaire.
Candide Azannaï, aujourd’hui "patron" de la défense
Il a échappé de peu à la Compagnie de gendarmerie de Cotonou en mai 2015. Il devrait y passer des moments difficiles. Mais depuis le 06 avril 2016, il commande cette compagnie. Candide Azannaï est en effet le ministre délégué auprès du président de la République en charge de la Défense nationale. Pour certains analystes, en accédant à ce poste stratégique, Candide Azannaï a pris sa revanche contre Yayi Boni qui voulait instrumentaliser l’armée contre lui. A les entendre, le président Patrice Talon lui a lavé l’honneur. Candide Azannaï est actuellement l’un des hommes les plus puissants du Bénin. Les évènements de mai 2015 ont contribué à cette ascension, mais il faut souligner que l’ancien député a été l’un des tout premiers élus à défendre bec et ongles Patrice Talon dans les affaires tentatives d’assassinat, de coup d’Etat et la suspension du contrat portant sur le Programme de vérification des importations Nouvelle génération (Pvi/Ng).
A.S.