’Le Bénin est aujourd’hui comme un désert de compétence’’, ces propos du Chef de l’Etat à Paris n’ont pas fini de défrayer la chronique. Dans une déclaration assortie de propositions pour une meilleure gouvernance, les universitaires exigent la tenue des états généraux pour recenser les préoccupations de toutes les couches sociales. En un mot, pour les intellos béninois, les problèmes de gouvernance ne sont pas liés à un prétendu désert de compétence. ‘’Le Bénin regorge de nombreux cadres compétents, valables, exportables et exportés… La réalité est que nous formons des cohortes de Docteurs que le gouvernement ne recrute pas, au motif que le budget national est limité… Face à ces réalités, l’engagement du Chef de l’Etat à Paris, de payer, de rémunérer la compétence, quel que soit le prix, sonne fort et constitue un grand problème pour nous’’, a déclaré l’Intersyndicale des Universités nationales du Bénin (Unb). Et en déclarant non avenu les propos de Patrice Talon à Paris, les universitaires optent pour des états généraux en ces temps de réformes, afin de résoudre de façon pérenne les questions de la politisation à outrance de l’administration, le règne de l’impunité, la question de la corruption et enfin poser les bases d’une administration compétitive.
Des adhésions, mais…
La soif des réformes est devenue une épidémie qui gagne du terrain. Patrice Talon, qui est élu sur la base de cette thématique devrait plutôt s’en réjouir. Mais, il doit prêter une oreille attentive aux propositions des uns et des autres pour ne pas tomber dans les travers, et vouloir comme son prédécesseur, faire le bonheur de ses concitoyens contre leur gré. Il y a un mois, les Béninois ont dit non à la continuité de la ‘’dictature de développement’’. Car les lois sont faites pour les hommes et non le contraire. Quels genres de réformes pourraient remettre véritablement l’administration sur les rails ? A défaut d’aller à la proposition des Universitaires et des travailleurs sur les états généraux, il va falloir tenir compte des rapports existants sur ces genres d’assises dans les différents secteurs de la vie de la Nation, et ne pas juste se contenter des travaux de quelques commissions éparses pour décider pour l’avenir.
Sur la bonne piste….
Il faut déjà saluer la décision du gouvernement de pourvoir à certains postes dans l’administration par appel à candidature. Cette décision aura le mérite de résoudre deux problèmes fondamentaux. Celui de la compétence aux postes. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Aussi, cela va résoudre en partie la question de la politisation à outrance de l’administration qui gagnerait avec la mise en application effective et sans compromission d’une telle mesure. Comme l’a annoncé le Chef de l’Etat, si les acteurs de différents secteurs peuvent élire leurs leaders sur la base de critères bien définis au préalable, les compétences vont sortir de l’ombre pour apporter leur savoir au service du pays. C’est dire qu’il va falloir limiter au maximum les nominations politiques. Il faut définir les profils aux postes, et ne pourront postuler que ceux qui y répondent comme c’est le cas au niveau du corps de la magistrature, à la différence que les candidats soient élus par leurs pairs. Il est donc clair, qu’il faut travailler à sortir des propositions de réformes pertinentes qui rencontreront l’adhésion de la masse pour éviter un éternel recommencement. Et cela est bien possible, car ce sont des Béninois qui ont réfléchi à sortir des textes, même s’ils sont à améliorer, pour faire progresser le processus électoral. Le Bénin n’est pas à court de compétence en cette matière. Il faut impliquer les acteurs pour des réformes objectives et pérennes.
Arnaud DOUMANHOUN