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Activités portuaires: La filière « véhicules d’occasion » en agonie
Publié le mercredi 4 mai 2016  |  L`événement Précis




La filière véhicules d’occasion est la seule dans laquelle l’Etat investit peu mais récolte beaucoup. Mais depuis bientôt trois ans, elle est confrontée à d’énormes difficultés qui risquent à terme de la conduire dans un déclin total. Approchés, quelques acteurs du secteur livrent les contours d’une filière jadis pourvoyeuse d’ emplois et de ressources pour l’économie nationale.

Saïd Karim est employé au parc de véhicules d’occasion Auto Deal à Sèkandji. Depuis bientôt un an, ses activités roulent au ralenti parce que les clients ne viennent plus et les mesures fixées par l’Etat essouflent les gestionnaires de parcs qui, à leur tour, répercutent leurs souffrances sur les employés. « Nous avons de sérieux problèmes dans la filière véhicules d’occasion. Sinon, avant, il nous arrivait de livrer près de 1000 véhicules par jour sur tous les parcs à raison de 150 mille francs sur chaque véhicule. Mais, aujourd’hui, à peine 200 véhicules sont livrés la journée et le bénéfice n’atteint même pas 50.000 f parce que les taxes que nous versons à l’Etat sont exorbitantes », explique le jeune Karim Saïd. Et, tout comme lui, Maïga Souleyman, gestionnaire de parc de véhicules, et membre de l’association des gestionnaires de parcs de véhicules d’occasion au Bénin explique son amertume face à une filière jadis porteuse et qui court vers le déclin.

« La filière se meurt, seul l’Etat peut nous sauver »
« Aujourd’hui, il y a au moins 5 importateurs de véhicules qui ont quitté le Bénin. Afropa, Com one et trois autres sont partis en Irak et en Afghanistan investir dans ces pays malgré la guerre. C’est pour vous dire que malgré notre paix au Bénin, la situation écinomique s’altère », explique Maïga Souleyman, avant de poursuivre. « Vous imaginez, nous avons loué l’espace où nous exerçons. Nous payons l’électricité, l’eau, l’impôt, le personnel et autres dépenses liés au fonctionnement mais sur chaque véhicule en transit, l’Etat qui ne fait rien dans tout ça nous prélève 289.420f en plus des frais de consignation. Avant 2012, il n’y avait pas autant de taxes et on s’en sortait. Mais avec nos dépenses, et les recettes aujourd’hui, tous les gestionnaires de parcs de véhicules sont prêts à laisser le job et partir ailleurs », ajoute t’il. « Sinon, comprenez avec moi que depuis 2 mois, plus aucun importateurs ne fait de commande de véhicules et pour vous renseigner, allez à la Sobemap ou à Roro Terminal. Il y a encore deux ans, un navire peut débarquer au moins 2500 véhicules d’occasion au port. Mais aujourd’hui, c’est à peine 250, 500 véhicules qui viennent et ce, pour des commandes antérieures », explique Maïga Souleyman qui propose des mesures. « Il faut nécéssairement une période transitoire au cours de laquelle l’Etat nous laissera reprendre le contrôle de la filière. Il faut également suprimer certaines taxes qui, à mon avis, sont inutiles et pour finir, reorganiser la filière et dissocier les vrais acteurs des amateurs ».

Des taxes à éliminer pour relancer la filière de véhicules d’occasion
Selon l’arrêté interministériel 2012- 044 MDCEMTMIP-PR/MEF/DC/SG/SGM/PAC/DGDDI/SA portant fixation du barème des tarifs, des taxes et des redevances de prestations relatives à l’enlèvement des véhicules d’occasion en transit au port de Cotonou et aux frontières terrestres, les frais d’enlèvement de véhicules en transit par le port s’élèvent à 289.420f en plus des frais de consignation remboursables (110.500f). Or, dans les détails, les taxes intitulées Ecotaxe, Eco-développement, Echange de BL, Sécurisation parcs de Coridors et transferts infrastructures et équipements n’ont aucun impact sur la filière. Toutes ces taxes sus énumérées dépassent 50.000f par véhicule. Ce que déplorent les gestionnaires de parcs qui crient chaque jour leur ras-le-bol. « Il y a d’autres sous qui se payent à la Ségub et qui ne sont pas mentionnés dans cet arrêté par exemple et dont personne ne connait la destination. Il s’agit, par exemple, des frais de Guoce, de la taxe des Fous du Roi et ainsi de suite », précise Maïga Souleyman très remonté contre cette pratique.

« Nous sommes d’accord pour les réformes mais si l’Etat ne nous aide pas, ça va sombrer »
Les acteurs de la filière véhicules d’occasion sont unanimes aujourd’hui sur le fait que la filière est en train de sombrer. Une situation qui entraine déjà des licenciements, des pertes d’emplois, la fermeture de certains parcs et le départ du territoire national des importateurs axphysiés par l’athmosphère économique. Pour Maïga Souleyman, « il y a aussi le fait que le coût du Naïra sur le marché international ne rime plus avec le franc CFA. Un fait qui rend très difficile le commerce entre le voisin de l’Est et le Bénin qui en dépend économiquement. C’est dire que l’Etat doit non seulement revoir les taxes mais permettre aux Nigérians d’avoir un accès facile au marché béninois à travers la suppression de certaines taxes et par la facilitation des formalités douanières », ajoute le gestionnaire de parc. A l’en croire, les deux derniers ministre de l’économie maritime ont fait de leur mieux quand à l’assainissement du secteur. Mais l’arrêté interministériel en vigueur fait toujours mal. Leur souhait est que le nouveau ministre les accompagne pour le renouveau dans la filière qui représente environ 8 milliards des recettes mensuelles de l’Etat toutes régies confondues.

Yannick SOMALON
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