Vu les prestations de la presse béninoise au cours des dernières élections, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) a saisi l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, édition 2016, pour la féliciter et la convier davantage au professionnalisme surtout face aux défis du numérique. C’était mercredi 4 mai dernier au siège de l’institution à Cotonou, en présence d’un parterre d’hommes des médias, de conseillers et du président Adam Boni Tessi.
« Depuis un an, la presse béninoise a traversé de durs moments, mais elle a su heureusement les affronter avec beaucoup de courage et accomplir beaucoup de prouesses», a reconnu le président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), Adam Boni Tessi, dans son allocution. Ceci, en référence aux élections législatives d’avril 2015, aux élections municipales et locales de juin 2015 et à l'élection présidentielle de mars 2016. «L’opinion publique a aimé et fortement apprécié les prestations des journalistes nationaux dans leur manière de traiter l’information en ces moments délicats d’où nous sommes sortis collectivement victorieux», s’est-il réjoui. Il a salué également l’initiative ayant abouti aux Journées Médias Bénin du groupe Elan médias et la distinction, par l’Observatoire de la déontologie et de l’éthique dans les médias (Odem), des organes et professionnels des médias. Pour lui, ces deux actions témoignent de la prise de conscience de plus en plus accrue que les professionnels des médias ont de leur rôle aux côtés de leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs.
Le triomphe de la paix et de la fraternité à l’issu des différentes élections a été aussi possible grâce aux actions concertées des organisations des professionnels des médias et de la Haac, l’organe de régulation par excellence des médias. Ce qui a valu à cette dernière, les félicitations de la Francophonie, de l’Union Africaine (UA), de l’Uémoa, de la Cédeao, du Conseil de l’Entente et de l’Union Européenne, a indiqué Adam Boni Tessi.
Mais au-delà de cette performance, des défis restent et attendent la presse béninoise, notamment celui du numérique qui amène à réfléchir sur trois axes. Il s’agit de : «la liberté d’information en tant que liberté fondamentale et droit humain ; la protection de la liberté de la presse contre la censure et une surveillance excessive et la garantie d’une sécurité du journalisme en ligne et hors ligne», souligne le président de la Haac en mentionnant que les deux premiers axes sont en train d’être réalisés au Bénin. A propos du troisième, il note que quoiqu’en ébullition, le monde médiatique est décidé à affronter victorieusement les défis en la matière. Le Bénin ne doit pas rester à la traine. Il doit s’adapter à l’environnement technologique et médiatique moderne par la maîtrise des textes fondamentaux du journalisme, du Code de l’information et de la communication du 20 mars 2015 ainsi que la loi n°2014-22 du 30 novembre 1994 sur la radiodiffusion numérique et médiatique moderne.
Adam Boni Tessi ne se réjouit pas, toutefois des six points gagnés par le Bénin dans le classement de Reporters sans frontières (78e) vu que le Bénin était premier en Afrique au début des années 2000 et 50e au plan mondial. «Nous sommes non seulement descendus de notre piédestal mais nous sombrons d’année en année», a-t-il déploré.
«Accès à l’information et aux libertés fondamentales : c’est votre droit». En rappelant ce thème de la Journée, le conseiller chargé de la Commission des relations publiques et de la communication de la Haac, Félix Adimi a invité la presse à affronter avec courage ses difficultés quotidiennes et surtout, à faire preuve de responsabilité. Parlant de difficultés, Franck Kpochémè, président de l’Upmb, a relevé le défaut de diligence de la Haac dans la prise en compte de certaines de leurs priorités dont l’accès aux sources d’information. «Quelles dispositions la Haac a prises pour recevoir les plaintes des professionnels des médias en cas d’obstruction à l’accès à l’information et de les traiter diligemment dans les délais prescrits par le Code de l’information et de la communication ?», s’est-t-il adressé à l’institution de régulation. Par ailleurs, il demande à ses confrères d’assainir leurs publications sur les réseaux sociaux tout en exigeant du nouveau régime, « qu’il fasse la migration de l’analogique au numérique»?
Bonaventure AGBON (Stagiaires)