Le Conseil des ministres a toléré à nouveau la commercialisation du bois de feu et du charbon de bois. Face à la fronde des charbonniers, le gouvernement n’a pu résister. Ce faisant, il laisse apparaître des hésitations face à un sujet de grande préoccupation.
«La commercialisation sur le territoire national de bois d’œuvre, de bois de feu et de charbon de bois est autorisée jusqu’à la mise en place de nouvelles directives dans le secteur. Les permis de circulation exigés pour le transport des produits forestiers à des fins de consommation exclusivement nationale sont suspendus… », a martelé le ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République, Pascal Irénée Koupaki hier lors du point de presse hebdomadaire sur les grandes décisions du Conseil des ministres de ce mercredi. Une nouvelle qui correspond plutôt à un revirement spectaculaire.Le gouvernement a pris le contre-pied d’une injonction qu’elle a donnée quelques semaines plus tôt. Le Conseil des ministres avait en effet suspendu le 13 avril 2016 l’exportation de bois ainsi que les agréments d’exploitation des produits forestiers. Et le ministre du Cadre de vie et du développement durable avait même été instruit pour prendre des mesures conservatoires. Depuis hier, tout est redevenu comme avant. Enfin presque (Lire dans ce journal l’article consacré au compte-rendu du Conseil des ministres). Le président Patrice Talon et son équipe sont revenus sur leurs choix suite à la pression de la rue. Il y a eu une levée de boucliers chez les acteurs de la filière au lendemain de la prise desdites restrictions. Hier, ils ont battu le macadam pour exprimer leurs déceptions et souffrances. Pour éviter un drame social, de nombreuses familles vivant directement de l’exploitation du bois, le gouvernement a levé les interdictions. Patrice Talon investi Président de la République il y a un mois, s’est ravisé. Il a voulu ramener le calme pour ne pas s’attirer la colère d’une couche défavorisée de la population. Néanmoins, ce revirement révèle les imprécisions dont fait montre le gouvernement. Pour un secteur aussi important comme celui des bois, le gouvernement devrait faire étudier l’impact social que pourraient cacher ses décisions. Il devrait écouter les acteurs clé du secteur. Fondamentalement, il y a rien d’urgent à sauver pour qu’on envoie au chômage des milliers de jeunes et qu’on prive de leur pitance journalière des familles qui tirent le diable par la queue.
L’exploitation du bois est un secteur sensible. Il faut réorganiser la filière. Mais pas à n’importe quel prix. Le gouvernement doit y aller avec tact pour mettre en déroute les exploitants forestiers véreux, puisqu’il en existe, et protéger voire améliorer la situation des couches défavorisées qui vivent des activités autorisées du secteur.
A.S.