Tant souhaitées par le Gerddes Afrique, une organisation de la Société civile, les réformes pour renforcer les Institutions du Bénin sont entrées dans leur phase active, notamment avec la mise en place de la Commission Djogbénou. Seulement, la composition de cette Commission et le délai imparti plantent des inquiétudes dans l’esprit de Maître Sadikou Alao qui craint des réformes non approfondies.
Face aux hommes des médias, lundi 10 mai 2016 au siège du Gerddes Afrique, Institution qu’il dirige, Maître Sadikou Alao a fait part de ses inquiétudes sur la qualité des hommes sélectionnés pour réfléchir sur les réformes à opérer et le délai qui leur est imparti. Saluant à sa juste valeur l’initiative du président Patrice Talon de corriger les tares du système démocratique béninois, il émet, cependant, quelques réserves. Pour lui, le risque d’un travail bâclé est élevé, puisque, estime-t-il, en un mois, la Commission ne pourra pas faire un travail approfondi, prenant en compte toutes les aspirations du peuple. On risque d’avoir des « réformes made by Talon », surtout que lui-même, en proposant un mandat unique pour le président de la République, l’élection des membres de la Haac par ses pairs, a déjà cadré les domaines d’intervention de la Commission. « Je découvre pour la première fois le cadrage qui a été fait par le président de la République. Il a déterminé les différents aspects dans lesquels il veut voir des modifications. Ça me permet de dire que les membres de cette Commission ont été choisis en conséquence », a-t-il déclaré. Cette démarche sème des inquiétudes dans la tête de Sadikou Alao, et il s’abandonne à des questionnements. « Est-ce que ce travail qui sera fait sera celui que les Béninois appellent de leurs vœux ou la réforme que le président Talon souhaite ? Est-ce qu’après ça, on ne va pas continuer par parler de réforme de notre Constitution ? Lorsque le président de la République propose un canevas, cela ne veut pas dire que cela correspond nécessairement aux ressentis des Béninois », a indiqué le président de Gerddes Afrique. Selon lui, la meilleure démarche serait d’impliquer ceux qui avaient déjà travaillé sur la question et certaines couches de la société dont les acteurs de la décentralisation, la presse et les pouvoirs traditionnels. « Parmi les acteurs de cette réforme, il doit y avoir non seulement les différentes couches de la société, mais aussi les représentants de la décentralisation », a-t-il conclu.
Joël Samson Bossou