Depuis l’installation, le 6 mai 2016, de la Commission chargé des réformes politique et institutionnelle, une controverse est entretenue autour de sa composition. C’est d’abord les financiers, qui sont montés au créneau, pour déplorer leur absence au sein de ladite commission. Arguant qu’une réforme aussi importante les concernait, ils assurent ne pas admettre d’être mis à l’écart des débats devant aboutir à l’institutionnalisation d’une Cour des comptes. Au même moment, ils dénoncent une commission pléthorique de trente membres.
Ensuite, c’est au tour des sociologues de réclamer leur intégration au sein de ladite commission. Puis les journalistes à travers leurs structures faitières que sont L’Union des professionnels des médias du Bénin (UPMB) et le Conseil national du patronat de la presse privée du Bénin (CNPA). Flanqués d’un communiqué de presse, ils dénoncent leur omission lors de la composition de cette commission, alors que des réformes les concernant sont au programme. Ils réclament alors leur intégration.
Comme si c’était une contagion, les syndicats, eux aussi, se sont fait entendre. À travers les secrétaires généraux des confédérations et centrales syndicales, ils exigent leur représentation au sein de cette commission. Mais également celle des jeunes et des différentes organisations sérieuses ayant lutté pour la rupture avec le système presque totalitaire représenté par l’ancien président Boni Yayi et son régime.
À l’allure où va la controverse née de la composition de cette commission, les femmes des marchés, les étudiants et mêmes les artistes et divers corps constitués des artisans et autres producteurs agricoles et industriels risquent de réclamer leur participation. Peut-être des marches de protestations pourraient être projetées.
Bien que toutes ces revendications soient légitimes, elles ne sauraient toutes être intégrées dans la commission. Le caractère déjà pléthorique de cette commission n’autorise plus des rajoutes. Les personnalités désignées ont au plus 45 jours pour déposer leur rapport. Aussi, toutes les personnes ayant des préoccupations à intégrer dans la nouvelle monture de la constitution devraient pouvoir le faire à travers une note d’analyse à adresser au président de la commission. Un lobbying assuré auprès des membres de la Commission des réformes et du parlement devrait faire le reste.
Cela devrait être possible, s’il n’y avait pas une volonté caché de prébende de participation aux sessions. Et si, tous les documents d’analyses produits sont sûrs d’être versés à la commission pour étude et prise en compte. Mais, nous sommes au Bénin. La méfiance mutuelle est la règle. Tout le monde veut être à la table de décision, pour s’assurer que ses préoccupations sont effectivement versées au dossier, et étudié avec la même attention que celles des personnes présentes ou groupes représentés.
Néanmoins, la préoccupation majeure reste à savoir si les travaux de cette commission à soumettre au parlement pouvaient favoriser la mise en forme de toutes les aspirations sans passé par les "Assises nationales" ? D’abords, ce sont des juristes qui ont tiré la soumette. Ils avertissent du risque d’échec de la réalisation de la vision du candidat Patrice Talon, contenu dans son projet de société, notamment sa volonté de réduire à un mandat unique, le mandat des prochains Présidents de la République. Leurs arguments étaient tout simples : il existe une jurisprudence de la Cour constitutionnelle qui rend impossible la modification de certaines dispositions de la constitution béninoise du 11 décembre 1990, notamment son article 44. Pour parvenir à cette fin, ils préconisent de passer par les "Assises nationales". Une sorte de Conférence nationale, donc passé à une nouvelle République.
Si cette possibilité existe, et pour tenir compte des critiques et permettre au peuple d’exprimer toutes ces désidératas avant de passer le nouveau texte constitutionnel au vote au parlement, puis au référendum, ne serait-il pas mieux de consulter maintenant l’ensemble des différentes couches de la nation à travers les "Assises nationales" réclamer par beaucoup ? La position des communistes est formelle sur la question. Il existe par ailleurs des aspirations qui ne sauront prospérées qu’à travers la tenue de ces "Assises". Par exemple la question du mandat unique, d’un éventuel changement de nom au pays, réclamer par "Maman nationale" Rosine Viera Soglo, la question éprouvante de la double nationalité, qui a été soulevée lors de la dernière élection présidentielle, etc.
S’il y a une action courageuse et salutaire à mener pour réussir le projet de réformes constitutionnelle actuellement en cours, c’est de convoquer les "Assises nationales". La commission déjà installée pourrait présider aux travaux. La tenue de ces "Assises nationales" devrait taire les controverses et toutes les catégories socioprofessionnelles pourront être représentées. Chacun ayant quelque chose à dire, ces "Assises nationales" devraient donc servir de cadre pour recueillir toutes les propositions en vue de l’amélioration de la gouvernance dans les différents secteurs d’activité. Et donc, de la nation pour impulser enfin son développement. Du moins, dans la théorie.
Par : Yêdafou KOUCHÉMIN