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Impraticabilité des voies d’accès dans les quartiers de Porto-Novo - Louho : La cité des damnés de la terre
Publié le mardi 17 mai 2016  |  La Presse du Jour




A Louho, une bourgade du 5è arrondissement de la ville de Porto-Novo, la vie n’est pas facile. L’insécurité bas son plein. Les voies pour accéder à ce quartier en pleine construction ne sont pas praticables. La situation ne semble malheureusement pas préoccuper pour autant les autorités municipales.
Pour accéder à Louho en quittant l’hôtel Beau-rivage de Porto-Novo, il faut s’armer de beaucoup de courage. Juste après les pavés qui s’arrêtent au niveau du carrefour qui mène à l’embarcadère de Djassin commence le calvaire. La voie entaillée par une forte érosion due aux eaux de ruissellement ne laisse aucune chance aux usagers. Qu’ils soient motocyclistes ou automobilistes, ils sont contraints de faire très attention pour ne pas chavirer. Les ravins tailladés de part et d’autre de la voie sont presque abyssaux. La situation dure déjà des années avec son lot de désagréments aux usagers, surtout les automobilistes obligés de débourser plus qu’il n’en fallait pour l’entretien de leurs voitures.
De la mosquée de Louho à la hauteur de l’école des sourds, c’est carrément l’hécatombe. Plusieurs maisons voisines de la pénétrante Djassin-Louho sont menacées de perdre leur clôture. Plusieurs occupants de ces maisons peinent d’ailleurs à faire rentrer leurs voitures. Ce qui fait naturellement le bonheur des larcins. « Nous n’avons pas le choix. L’érosion a dicté sa loi. Il n’y a qu’à voir la dénivellation entre le perron du portail principal et la voie pour comprendre qu’on est obligé de laisser nos véhicules dehors », a confié un riverain.
« Nous vivons de façon permanente avec le danger. En dehors de ce que la voie n’est pas du tout carrossable, il y a des risques permanents d’envahissement de nos cours par des eaux de ruissellement », a laissé entendre un autre occupé à poser de vieux pneus pour sauver les meubles.
« Lorsqu’il pleut, il n’est pas aisé de venir à Louho. La voie glisse. Et avec la force des eaux de ruissellement, on est obligé d’avoir un œil sur nos enfants qui vont à l’école. Nous souffrons trop », a déclaré une mère de famille. Elle en appelle d’ailleurs à la clémence des autorités municipales.
Pas de fumée sans feu
« De Bernard Dossou à Emmanuel Zossou en passant par Océni Moukaram, le quartier Louho a toujours été le parent pauvre de la ville de Porto-Novo ». C’est du moins ce que déclare Cosme, un acquéreur de parcelle installé à Louho depuis 2001. Il reconnaît qu’un effort a été fait dans le domaine de l’éclairage public. Mais le hic selon lui, est l’état des voies d’accès à ce quartier en pleine expansion. Il dit ne pas comprendre l’attitude des autorités municipales de la ville de Porto-Novo très actives sur le front de la collecte des impôts.
A Louho en effet, il n’est pas possible de construire une maison sans faire un tour à la Direction des services techniques (DST) de la Mairie de Porto-Novo où des taxes doivent être préalablement versées. Ceux qui se hasardent à ne pas se conformer à ce principe reçoivent d’ailleurs la visite des agents de la Mairie qui viennent opérer des saisies après avoir gribouillé sur la bâtisse en construction la mention : « Arrêt des travaux. Voir DST Porto-Novo ».
« Que font-ils avec les impôts qu’ils collectent pour que nos voies soient dans cet état ? Vivement qu’ils viennent nous dire ce qu’ils en font », s’est offusqué un autre acquéreur de parcelle. Pour lui, la situation que vivent les populations de Louho aujourd’hui peut s’expliquer par les libertés qu’elles se sont données lors des récentes élections que le Bénin a connues. Traditionnellement rattachées au Parti du renouveau démocratique de Me Adrien Houngbédji, les populations de Louho ont lors des élections locales de 2015 décidé de prendre leur destin en main. Sous la bannière de l’Union fait la Nation (UN), une bonne partie de cette population a fait bégayer l’histoire. Le Prd a été bousculé dans son fief. Il est contraint de partager le même nombre d’élus que l’UN au niveau du Conseil local de Louho. Les élections présidentielles de mars 2016 ont sonné le glas. Louho a massivement voté pour Patrice Talon et Sébastien Ajavon. C’est certainement le péché qu’il ne fallait pas commettre et dont les conséquences se traduisent par l’indifférence des autorités municipales face à la souffrance qu’endurent les «Louhonois». C’est en tout cas la version qui est répandue dans ce quartier qui vit aussi dans un vide juridique. Plusieurs mois après les élections locales, le Chef quartier n’est pas encore connu.
« Le problème n’est pas politique »
«Le problème n’est pas politique. Il est beaucoup plus profond. Louho ne sera jamais une cité oubliée dont on se souvient seulement de l’existence que lorsqu’il y a élection comme le disent certains. Louho ne sera pas aussi le quartier des damnés de la terre. Nous avons un plan de développement pour Louho. Le projet de construction de la rocade carrefour cinquantenaire-Hôtel Beau-rivage sera bientôt mis en exécution et vous verrez que les trous dans lesquels les gens tombent aujourd’hui ne seront que de vieux souvenirs », indiquent des sources proches de la Mairie de Porto-Novo.
« En dehors de ce projet phare, il y a d’autres projets secondaires qui prendront en compte les pénétrantes. C’est une affaire de gros sous. Vous savez, Louho est situé dans une zone accidenté faite de dépression et de plateau. Les problèmes de voies d’accès à Louho ne sont donc pas les mêmes qu’ailleurs ». Telle est la confidence faite par une autre source, toujours proche de la Mairie de la ville capitale.
Loin de convaincre
Tous ces projets évoqués sont loin de convaincre les «Louhonois». « Ce n’est pas pour la première fois qu’on rabâche nos oreilles avec ces mensonges. Nous voulons du concret. Un point, c’est tout », a argué Lucien, un fils du terroir qui dit avoir marre de la situation.
« Louhou ne mérite pas ce qui lui arrive. Si le voleur n’a pas honte. Ses parents ont honte. Nous ne sommes plus les seuls à Louho. Il y a beaucoup d’étrangers qui sont venus s’installer parmi nous. Ils viennent du Nord, du Zou, du Mono, du Plateau et d’ailleurs. Louho héberge même le Président de la Cour Suprême Ousmane Batoko. Nous devons offrir à tous ces gens-là un cadre de vie sain, des voies carrossables. Mais hélas ! Ce n’est pas le cas. Cela devrait interpeller nos consciences », s’est indigné un élu local UN basé à Louho depuis plus d’une trentaine d’années. Pour lui, le maire Emmanuel Zossou doit prendre le taureau par les cornes pour réussir là où ses prédécesseurs ont échoué.

Affissou Anonrin
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