Le leader politique et membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Dénis Ossey Gnassou a exprimé son admiration pour le processus démocratique au Bénin. Dans une entrevue, il déclare que le Bénin reste et demeure un exemple de démocratie en Afrique.
Le Matinal : Dénis Gnassou est une figure politique connue en Côte d’Ivoire. Peut-on en savoir davantage sur le personnage ?
Je suis un homme politique. J’ai été pendant longtemps membre du Bureau politique du Pdci et je suis aujourd’hui membre du Comité des sages. Le Comité des sages est le Comité qui regroupe tous les anciens qui ont servi le pays pendant longtemps. Je suis un jeune ancien. Aujourd’hui j’assure l’intérim de la présidence du Comité de sages du Pdci.
Le Pdci a sans doute beaucoup contribué à la paix en Côte d’Ivoire
Je suis un adepte de la paix. J’ai servi avec le Président Houphouët (Félix)et je suis resté 20 ans à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Donc, je connais mon pays. Je connais les points critiques aujourd’hui et les points très sensibles. La Côte d’Ivoire est en reconstruction, en modernisation par un président que nous avons voulu nous-mêmes et pour qui, nous avons fait campagne dans un esprit de collégialité. Le Pdci et trois autres partis alliés au Rdr(Rassemblement des républicains) ont fait campagne pour donner à Alassane (Dramane Ouattara)un mandat pour reconstruire un pays dans la paix. Nous avons au Pdci un président lucide qui gère beaucoup de dextérité, beaucoup d’attention quelque chose qui est délicat ; les relations avec tous nos partenaires. Les relations sont quelque chose de très très délicat à gérer. Le Président Bédié (Henri Kona) est chargé de coordonner tout cela aux côtés du président Alassane qui gère le pays. La Côte d’Ivoire est un pays plein d’avenir. Nous sommes avec 40%, le premier pays producteur du cacao au monde. La Côte d’Ivoire est un pays de 23 millions d’habitants qui domine le monde avec sa production de cacao.C’est un pays ouvert, qui accepte tous ceux qui peuvent apporter leur soutien à la réconciliation nationale. Nous sommes un pays ouvert mais qui se construit. Un pays où chacun doit apporter sa contribution (voisin ou habitant), mais en ayant en conscience qu’un mot mal employé, peut blesser un voisin ou un frère. Donc il faut savoir le dire avec amour. On ne construit pas dans la brutalité. On construit dans la paix. C’est ce que fait le Président Alassane aujourd’hui. Beaucoup de gens ne voient pas ce qu’il fait. J’ai entendu des gens dire qu’il construit des ponts ou des routes. Ce que fait Alassane aujourd’hui, quand on le prend dans le contexte ivoirien, il y a des gens qui ne sont pas contents. Ceux-là sont dans le présent. Mais quand on se projette dans 50 ans, comme les grands bâtisseurs, on découvre plu tard, le génie du visionnaire. Notre pays est un pays de fraternité comme le Bénin.
Le Bénin a un nouveau président de la République après une énième alternance réussie au sommet de l’Etat. Votre appréciation !
Le Bénin est un pays phare en matière de démocratie. Le Bénin, le Sénégal, la Côte d’Ivoire sont des pays phares dans la sous-région ouest africaine. Et l’exemple du Bénin est un exemple particulier.Le Bénin montre que les Africains marchent vers un développement certain. De plus en plus, l’alternance dans les pays africains se fait sans violences. On a vu au Bénin deux amis anciens, deux adversaires du moment dont l’un directement et l’autre indirectement s’affronter. C’était agréable puisqu’à l’issu du scrutin, les deux se sont téléphonés pour dire congratulation. Je suis heureux pour les Béninois que Monsieur Talon qui est un jeune frère ait pris le pouvoir dans des méthodes démocratiques occidentales. Il n’y a eu personne ait crié haro sur le bodet, il n’y a pas eu jet de pierres. Le modèle béninois s’illustre à la face de l’Afrique. Il faut bien le saisir. Le Président Talon a une compétence certaine dans les affaires. Mais il a démontré pendant la campagne qu’il a une compétence en politique. Ce qui m’a plu est qu’il a dit qu’il veut faire un mandant de 5 ans. C’est cette conviction qu’on demande aux Africains. On leur demande de venir faire un ou deux mandats et se retirer comme Obama va se retirer aux Etats unis après deux mandats de 4 ans. C’est ce que les Africains n’acceptent pas et s’engagent dans les tripatouillages des élections. Le Bénin a donné l’exemple en présentant un miroir et indique le chemin à suivre.
En matière de développement et de progrès économiques, l’Afrique a-t-elle des raisons d’espérer ?
Quand on était plus jeune, on a entendu dire, l’Afrique est mal partie. Mais un continent ne se construit pas en peu de temps. Regardez les Américains. Ils ont fait la guerre de sécession. Pour l’Afrique, ce qui se passe est provisoire. Nous sommes des acteurs présents et c’est normal qu’on porte un jugement sur le présent. Dans 50 ans, 100 ans, qui sera là pour constater. On dira que l’Afrique se construit un peu comme on dit aujourd’hui que les Etats unis sont un grand pays. L’Afrique sera une puissance. L’Afrique a les hommes, le sous sol et a la proximité qu’il développe en son sein. Quand vous allez aux Etats-Unis, vous verrez des Italiens, des Allemands. Ce sont tous ceux-là qui construisent les Etats Unis. C’est pareil en Afrique. Il y a des Ivoiriens qui sont au Bénin, des Béninois qui sont en Côte d’Ivoire, au Togo. Donc, il y a un brassage. Ne regardez pas à court terme ce qui se passe en Afrique. Projetons l’Afrique en avant. Soyons soudés. Si nous sommes soudés, si nous sommes des pays de construction et de paix, alors l’Afrique sera un grand continent.
Sur quels leviers devra-t-on alors agir pour réaliser ce rêve ? Le Népad, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique était porteur de grands projets et d’espérance !Mais après, plus rien.
En Afrique les hommes partent avec leurs idées. C’est cela le mal. Le Président Wade est venu, il a parlé du Népad et beaucoup de gens ont fédérés autour.Puis il est parti avec son idée. Beaucoup de choses intéressantes partent avec les hommes. Il faut à l’avenir fixer les idées, les innovations avec les hommes. Non, ne fixons pas les choses avec les hommes. Le Népad était une bonne chose comme l’Organisation de l’unité africaine qui est devenue l’Ua(Union africaine) avec Kadhafi qui a donné son cœur, sa personne pour la créer. C’est cela qu’il faut retenir. Tout ce qui peut fédérer, unir l’Afrique est une bonne chose. Ce sont les jeunes de maintenant, les universitaires, les industriels de maintenant, ce sont eux qui feront l’Afrique de demain.
Propos recueillis par Jean-Claude Kouagou