Contrairement à certains ministres qui mettent une célérité dans l’application des décisions gouvernementales, d’autres membres du gouvernement rament à contre-courant et en font à leur tête. C’est le cas de la dernière décision portant suppression de certains postes des cabinets ministériels. Des ministres trainent le pas pour libérer les agents dont les postes n’existent plus, bafouant l’autorité gouvernementale, portant ainsi atteinte à la crédibilité du régime de la rupture.
Le Conseil des ministres du 04 mai 2016 a adopté une série de projets de décret abrogeant certains décrets existants. Au nombre de ces décrets, on retrouve en premier lieu, le Projet de décret fixant la structure type des ministères. Selon le relevé du conseil des ministres, le projet de texte découle de la nouvelle architecture gouvernementale nécessitant la révision du décret n°2012-191 du 03 juillet 2012 fixant la structure type des ministères. Ce qui permettra de mettre en œuvre la volonté du Gouvernement de prévenir les dysfonctionnements ou les irrégularités, de renforcer le système de vérification et de contrôle des dépenses publiques, de mettre en place une administration moderne et efficace au service du développement et d’instaurer une gouvernance éthique dans tous les secteurs. Mieux, il s’agit de donner une nouvelle impulsion à l’Administration publique béninoise pour la promotion des compétences, l’amélioration des performances, l’effectivité de la reddition des comptes et la rationalisation des ressources de l’Etat. Pour disposer de cette nouvelle structure type, le Conseil a adopté un nouveau décret portant condition des personnels non agents de l’Etat nommé par le Président de la République et les membres du Gouvernement, décret qui supprime désormais des cabinets des ministres,les postes de Chargé de Protocole (CP),d’Attaché de Cabinet (AC), de Chargé de Communication (Ccom), d’Assistant du C.com (As/Ccom),d’Attaché de Presse, de Chargé de Mission (CM), du 3ème chauffeur du ministre, du Planton du ministre, d’Agent de liaison du Directeur de Cabinet. Chaque ministre a été instruit pour libérer tous les agents qui occupent ces postes désormais supprimés. Mieux, le même conseil des ministres a décidé de fusionner la Direction de Ressources Financières et du Matériel (DRFM) et la Direction de Ressources Humaines (DRH) en une Direction centrale dénommée Direction de l’Administration et des Finances.
Quand les ministres bafouent les décisions
Selon les pratiques gouvernementales auxquelles les Béninois ont été habitués depuis quelques années, on observe un début d’exécution des décisions avant la tenue d’une nouvelle rencontre des ministres. Pour aller dans le même sens, le leader incontesté du nouveau départ, le Président Patrice Talon, soucieux de restaurer l’autorité de l’Etat, a instruit les ministres aux fins de prendre toutes les dispositions pour l’application diligentes des décisions prises par le gouvernement. En exécution de ces instructions, certains membres du gouvernement ont déjà instruit les services chargés de la gestion du personnel de prendre toutes les diligences pour l’application stricte de la décision du conseil des ministres. Ainsi, dans certains ministères comme celui chargé de l’économie numérique et de la communication, le ministre a déjà rencontré les agents dont les postes sont supprimés et les a priés de libérer le bureau et tout le matériel de l’administration qu’ils avaient dans l’exercice de leur fonction. Cette diligence qui s’adapte au rythme qu’imprime le régime du nouveau départ n’est pas suivie par tous les ministres. Malheureusement, en effet,la fermeté que prône le Chef de l’Etat Patrice Talon n’est pas partagée par certains ministres qui ont leur rythme de travail à eux. De sorte que jusque-là, le constat révèle que les titulaires des postes concernés par la suppression ne s’empressent guère. Ils se trouvent confortés dans leurs fauteuils par la lenteur administrative et surtout la négligence des ministres concernés. Une situation qui bafoue l’autorité de l’Etat, notamment dans ses objectifs de rationalisation des ressources de l’Etat. Il urge donc que les personnes concernées par l’exécution de ces décisions fassent leur travail afin de faire respecter les mesures prises par le gouvernement.