Seules églises chrétiennes au sein desquelles il y a crise ouvertement au Bénin, l’Eglise protestante méthodiste du Bénin (Epmb) et l’Eglise protestante méthodiste du Bénin Conférence (Epmbc) ont toujours du mal à se réconcilier. Après un moment d’accalmie suite aux tentatives avortées de réconciliation, les hostilités renaissent pourrait-on conclure avec le déguerpissement, vendredi 13 mai dernier du président Mathieu Alao de l’Epmbc du temple de Béthanie d’Akpakpa à Cotonou.
Le 11 septembre 2015, l’Eglise protestante méthodiste du Bénin Conférence, (l’Epmbc) a dénoncé devant les médias une conspiration contre son patrimoine et ses fidèles. Neuf mois après cette conférence de presse, soit vendredi 13 mai dernier, le président de la Conférence, le Révérend Mathieu Alao vient d’être «chassé» du temple local «Béthanie» d’Akpa-kpa à Cotonou avec ses effets par une horde de policiers armés. La plaque de l’Epmb fut plantée, celle de l’Epmbc cassée et foulée au pied. Ce temple, faut-il le rappeler sert de siège national à l’Epmbc.
« Nous avons été obligés de commencer à procéder par la force mise à notre disposition par notre Etat, le Bénin, pour récupérer de droit ce qui appartient à notre Eglise, l’Epmb. C’est ainsi que les temples de Béthanie d’Akpakpa et de Towéta dans la Région maritime ont été récupérés et sont actuellement sous le contrôle de l’EPMB dirigée par le Rév Nicodème Alagbada », lit-on sur la page facebook de l’Epmb.
S’il est un rêve cher au régime défunt, c’est bien la réconciliation des méthodistes, même si ce rêve ne s’est pas concrétisé malheureusement.
Plusieurs rencontres sans succès
L’ex-président de la République, Boni Yayi, par le biais du médiateur de la République d’alors, Albert Tévoedjrè, avait initié plusieurs rencontres de concertation, de dialogue et de réconciliation qui n’ont pas abouti avec les cadres ecclésiastiques des deux camps. Le projet ‘’feuille de route’’, est un fruit de ces médiations. A travers cette feuille, l’Epmb dirigée par le Rév Nicodème Alagbada a fait des propositions qu’elle juge susceptibles de faciliter la fusion des deux ailes. Ce que l’Epmbc du Rév Mathieu Alao a amendé. Cette dernière a suggéré que le nom de l’Eglise et le logo soient modifiés « afin que tous se sentent pris en compte dans la réconciliation ». A cet effet, elle a proposé que le nom de l’Eglise qui sera issue des travaux de la réconciliation soit dénommée Eglise méthodiste unie du Bénin. De son côté, l’Epmb, conservatrice, s’est opposée à cette modification parce qu’au début « ce n’est pas le nom de l’Eglise et le logo qui ont été à l’origine de la crise ».
Difficile entente
Il faut aussi souligner l’élaboration et l’utilisation d’un lectionnaire commun, annoncée depuis environ cinq ans, qui n’est toujours pas devenue réalité.
La crise qui oppose les méthodistes est vieille de plus de dix ans. Elle était partie des reproches faits à Moïse Sagbohan, président d’alors, accusé de vouloir se faire « dirigeant spirituel de l’Eglise à vie ». Et que pour y parvenir, il aurait entrepris de modifier les règlements et statuts encadrant l’organisation et le fonctionnement de l’Eglise. L’entourage de ce dernier reproche à leurs frères d’avoir travesti l’esprit des réformes amorcées par l’ancien président pour faire retrouver à l’Eglise, l’image d’une Eglise méthodiste autonome comme ce fut toujours le cas au plan régional et international et surtout, d’avoir porté les affaires internes de l’Eglise devant les tribunaux. Sur ce, l’Epmbc demande le retrait des assignations pour une réconciliation parfaite. Ce qui n’a pas été fait par l’Epmb qui revendique plutôt l’exécution des décisions de justice.
Il faut rappeler qu’en 2013, les deux camps ont fêté séparément les 170 ans de l’implantation du méthodisme au Bénin couplés avec les 20 ans d’autonomie de l’Eglise. Car, c’est en 1843 que le pasteur anglo-saxon Thomas Birch Freeman, en partance au Nigeria a semé le méthodisme au Dahomey au temps du roi Ghézo.
Alors que c’est seulement en 1993 que l’Eglise béninoise deviendra autonome vis-à-vis de la Grande Bretagne. Malgré l’implication de cette dernière, du prélat nigérian et de bien d’autres personnalités béninoises, toujours pas de réconciliation. Mais ce n’est pas la crise méthodiste qu’il faut craindre forcément au regard des couples qu’elle a détruits, des personnes qu’elle a marquées au fer rouge de la prison, des sévices corporels. Il faut plutôt craindre l’avenir de la jeunesse protestante qui hérite déjà d’un méthodisme divisé. ?
Bonaventure AGBON (Stagiaires)