La démarche est mal perçue dans l’opinion publique. Elle fait état de la nomination clandestine des trois premiers collaborateurs du chef de l’Etat. En effet, le président Patrice Talon a pris trois décrets pour la nomination respective du Directeur de l’intendance de la présidence, du Conseiller spécial et de l’Assistant du Président de la république. De mémoire d’homme, les décrets portant nomination sont pris en Conseil des Ministres et font toujours l’objet de publication dans la presse publique et privée. Mais depuis quelques jours, ce n’est que par des recherches sur les réseaux sociaux que les béninois ont découvert les identités des trois premiers collaborateurs du nouveau chef de l’Etat. Et pour preuve, c’est par décret n°2016-266 du 15 avril 2016 pris le 13 Avril 2016 que le chef de l’Etat a nommé son Conseiller spécial, M. Johannes Dagnon. Mais ce n’est qu’à la fin du mois d’Avril que les Béninois ont eu vent de cette nomination. Puisqu’aucun relevé du Conseil des Ministres n’en a fait cas. Tout porte à croire que le président Talon a décidé de nommer en catimini ses collaborateurs. Une situation qui mettra à mal les liens de convivialité et de confiance qui se tissent entre lui et le peuple béninois. Au nom de la rupture et de la transparence qui ne signifient pas clandestinité, le chef de l’Etat devra tâcher de rendre compte de sa gestion au peuple en faisant publier les décrets et autres actes de nomination qu’il prend conformément aux prérogatives que lui confère la Constitution.
Préserver à tout prix les secrets d’Etat
L’autre chose qui suscite des remous dans l’opinion publique est la publication sur les réseaux sociaux des grandes décisions du Conseil des Ministres avant que la séance ne prenne fin à la présidence de la République. On avait reproché au régime de Boni Yayi, l’excès de communication. Cette critique que le peuple béninois avait vis-à-vis du gouvernement d’alors ne doit pas conduire le président Talon à perdre de vue les réels objectifs de la Rupture pour le Nouveau départ. Le chef de l’Etat, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence et le Secrétaire général du Gouvernement doivent éviter de donner raison à ceux qui traitent la nouvelle équipe de « Gouvernement Facebook-Whatsapp ». Tout porte à croire que les décisions sont prises suite aux commentaires des internautes. Rester à l’écoute du peuple voudra-t-il dire prendre son avis avant de prendre des décisions en Conseil des Ministres ? Le Ministre d’Etat, Pascal Irénée Koupaki ne doit pas perdre de vue sa participation à la gestion du pouvoir de Boni Yayi. Dans l’opinion publique, ce qui se dit de lui n’est pas de bon goût. Nombre de Béninois interviewés suite aux décisions prises par le gouvernement de dissoudre les institutions dites budgétivores, ont rendu Pascal Koupaki et les anciens collaborateurs de Boni Yayi responsables de la création desdites institutions.
Germin DJIMIDO (Coll.)