Atteindre un taux de corruption et d’impunité de 0%, c’est un rêve que le Bénin devra prendre encore du temps pour concrétiser. Ceci, du fait que les instruments anti-corruption semblent ne plus effrayer les indélicats. En effet, après un premier mandat, l’on commence déjà par s’interroger sur l’utilité de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Une institution censée, de façon autonome, mener une guerre contre les indélicats de l’administration publique, mais qui par la force des choses, semble être prise de vitesse par le fléau.
En trois ans d’existence, l’Anlc attend toujours de brandir son premier trophée de « guerre ». Et pourtant, ce ne sont pas les scandales financiers et soupçons de corruption qui ont manqué durant tout ce temps. La preuve, plusieurs faits de corruption ont été portés à l’attention du procureur de la République et fait l’objet de vifs débats dans l’opinion nationale. La dernière dénonciation en date remonte au 19 avril 2016 et révèle un « détournement des fonds de leur objet initial » à la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique en 2013. L’Anlc s’est fait également parler d’elle dans de nombreux dossiers ayant défrayé la chronique ces trois dernières années : Affaire Ppea 2, concours à polémique, affaire Ahossi contre Chabi Sika, etc. La justice ayant son temps, Guy Ogoubiyi et ses pairs sont tenus d’aller au rythme de l’appareil judiciaire. Pendant ce temps, au sein du peuple, l’Anlc continue d’être perçue comme ce « machin » qui crie dans le désert et qui ne fait pas vraiment peur. Et si rien n’est fait, elle finira par prendre le pas sur la Haute cour de Justice, cette institution qui, en deux décennies d’existence, attend toujours de juger au moins un accusé soumis à sa juridiction.
L’Anlc, un gendarme en quête d’armes ?
Une seule mandature ne suffit pas pour envisager la suppression de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Au regard du contexte et des difficultés auxquelles fait face la structure, des réformes s’imposent. A en croire le rapporteur de l’institution, Agapit N. Maforikan, intervenu hier sur la radio nationale, la loi 2011- 20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin comporte quelques insuffisances. En plus du fait que les membres de l’Anlc ne sont pas permanents, le procureur n’est pas tenu de faire ouvrir une enquête sur les dénonciations portées à sa connaissance. La question de moyens se pose également avec acuité puisque l’institution devra attendre de l’Etat des moyens pour agir. Dans ces circonstances, ce ne serait pas étonnant de voir le Front des Organisations Nationales contre la Corruption au devant de la scène, au détriment de l’Anlc. L’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) a, sans doute, besoin de souffle pour prendre un nouveau départ.
Fulbert ADJIMEHOSSOU (Coll.)