Avec pour principal objectif, de satisfaire les besoins des populations, les cafétérias ont envahi les rues de Cotonou. Leurs cadres n’étant souvent pas adéquats, il y a lieu de s’interroger sur la qualité des mets qui y sont cuisinés de manière assez rapide.
Pas un pas sans observer le spectacle qu’offrent les cafétérias et leurs usagers dans les nombreuses rues de Cotonou. Ces derniers assis sur des chaises disposées tout autour d’une table installée à une certaine hauteur du sol, devisent devant des tasses de café ou des plats qu’ils ont commandés.
Dans la zone résidentielle de Cadjèhoun à Cotonou, le constat est de taille avec ces cafétérias érigées à tout bout de champ. Elles ne sont distantes les uns des autres, que d’environ 50m.
Installées sur la chaussée, nombreuses sont-elles à ne pas pouvoir offrir des mets de choix et ce, parfois dans des conditions qui sont loin d’être malsaines. Leurs abords, pour la plupart insalubres, sont souvent jonchés de flaques d’eau vite transformées en boue, quellle que soit la saison. Ce qui, à cause de leurs prestations à bon marché et à la portée de toutes les bourses, ne les empêche pas de connaître une affluence considérable.
Couturier de profession, Modeste Houessin déplore la prolifération des cafétérias à Cotonou. Selon lui, cette situation est la résultante immédiate d’une absence de compétences en la matière. Il pense que « tous ceux qui créent des cafétérias n’ont pas toujours été formés. Ils les ouvrent tout juste pour pouvoir gagner de l’argent». «Ceux qui les fréquentent, courent de grands risques», s’empresse d’avertir Modeste Houessin.
En effet, s’agissant des conditions d’hygiène, elles laissent à désirer. Pour ce qui est des menus proposés aux habitués des cafétérias, le constat n’est pas toujours reluisant. Modeste Houessin insiste, de ce fait, sur des mouches et des fourmis que certains clients retrouvent parfois dans leurs plats. Il veut bien voir la qualité de l’eau qui est utilisée sur les lieux. Conséquence, leurs clients sont exposés aux maladies comme la diarrhée, les maux de ventre, le choléra, etc.
Abondant dans le même sens que Modeste Houessin, un habitué des lieux, Gildas Evrard Aga s’indigne, quant à lui, de la malpropreté dont font montre certains vendeurs de ces cafétérias. « Il n’est pas rare de voir des serveurs de thé ou de café, tout en sueur, en train de préparer une commande pour les clients. Cela dégoûte », s’offusque-t-il.
Au même moment, confie Kévendo Gusnus, s’il évite les cafétérias, c’est parce que les repas y sont préparés à base de substances dont il ignore la vraie nature. L’hygiène de ces lieux, se plaint-il, devient ainsi une véritable question à résoudre.
Mesures d’hygiène
« Ce que nous consommons doit être protégé », soutient le directeur des services à la Population de la mairie de Cotonou, Aristide Aïlo. A cet effet, des structures ayant pour compétences d’assurer le contrôle des produits avariés dans les restaurants et cafétérias, ont été installées. «Le Code de l’hygiène publique a prévu un certain nombre de structures telle que la Police sanitaire placée sous la tutelle du ministère de la Santé», a poursuivi Aristide Aïlo. Avec la décentralisation, précise-t-il, les compétences sanitaires sont devenues une responsabilité importante de la commune. « Lorsque nous descendons sur le terrain et que nous faisons des constats de déviances, nous interrogeons les gérants et procédons à la sensibilisation pour nous assurer que les clients n’ont rien à craindre. Cette sensibilisation concerne tous les lieux qui s’occupent de la restauration », explique Aristide Aïlo pour justifier les actions de la mairie au sujet des mesures d’hygiène prises. C’est ce que confirme Viviane Anagnan, responsable d’une cafétéria à Cadjèhoun. Les agents de la police sanitaire, avoue-t-elle, ont des exigences qu’elle respecte dans son entreprise. Ce qui lui vaut, rassure-t-elle, toute la sympathie et la préférence de ses clients. Chez Moussa Diakité, un autre gérant, « la police sanitaire vérifie les boîtes de tomates, les doigts éventuellement blessés, les ongles des cuisiniers et les alentours des cafétérias ».
Le directeur des Services à la population, Aristide Aïlo, fait alors remarquer que la mairie de Cotonou ne se fie pas seulement à la sensibilisation des responsables ou gérants des lieux de restauration. La verbalisation constitue-t-elle aussi un mode d’incitation au respect des normes d’hygiène. « Nous n’avons pas encore commencé la verbalisation. Nous allons bientôt commencer à sévir, car la vie et la santé de nos populations en dépendent », prévient-il.
Création anarchique !
Par rapport à l’installation anarchique des lieux de restauration dans la ville de Cotonou, Aristide Aïlo indique qu’il existe pourtant un service chargé d’élaborer le répertoire des nouveaux gérants de cafétérias. « Ces derniers sont tenus de laisser leurs adresses auprès de la mairie afin d’exercer en toute légalité et d’être contactés au moment opportun », poursuit-il.
Des séances de sensibilisation, à en croire Aristide Aïlo, sont organisées chaque année, pour informer sur les comportements à adopter en matière de prestations dans les lieux de restauration. Toutefois, fait-il remarquer, les acteurs chargés de veiller à l’hygiène dans ces cafétérias sont confrontés à de nombreuses difficultés. Malgré la législation en la matière ainsi que les nombreux arrêtés qui ont été pris pour pallier les obstacles que ces agents rencontrent, l’insuffisance de leur effectif et l’incivisme notoire des populations ne facilitent pas la mise en œuvre des normes régissant l’installation des cafétérias.
Dans le cadre d’un meilleur contrôle sanitaire des cafétérias, à défaut de ne pouvoir pas réduire leur nombre, il faudra alors encourager la collaboration entre la Police sanitaire et les agents des Services de la population à la mairie de Cotonou. Les gérants de cafétérias doivent aussi veiller, de leurs côtés, au respect des règles élémentaires d’hygiène afin de préserver la santé de leurs clients.?
Arias ADIKPONSI (stagiaire)