L’interview qu’il a accordée au journal français « Le Monde », lève un coin de voile sur la rencontre de Riviera Golfe à Abidjan. L’ex président Yayi Boni ne pourra pas compter sur son successeur, pour bénéficier d’une retraite paisible, s’il avait des démêlés avec la justice.
L’ancien président Yayi Boni pourrait être un client des juges. C’est sans ménagement que le président Patrice Talon l’a affirmé à la presse française. A la question de savoir si des soupçons de corruption pesaient à l’encontre de l’ancien président Yayi Boni, et si Patrice Talon allait saisir la justice ou s’il bénéficiait de facto d’une amnistie, la réponse de l’interviewé est sans ambages. « Si cela est avéré, il devra en rendre compte et la justice agira. Il n’y a pas d’amnistie. Le mot amnistie n’a été utilisé qu’une fois au Bénin, au cours de la Conférence nationale », fait savoir le président Talon. Il poursuit : « A ma connaissance, il n’y a pas de dossiers ouverts à son encontre sur des détournements ou de la corruption. Mais si la justice le décide, il devra comparaître », ajoute-t-il. Ces réponses du président Patrice Talon attestent bien qu’il n’a pas pris d’engagement compromettant le Nouveau Départ. Car, le rapprochement d’Abidjan entre le président Patrice Talon et son prédécesseur Yayi Boni a très tôt été jugé « incestueux ». A la réalité et sur la base de ses déclarations à un journal à grande audience révèle qu’il n’en est rien. Alors la rencontre d’Abidjan, pour le président Talon, entre dans le cadre de sa détermination à prouver qu’il demeurera un bon président. Lorsqu’il affirme qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières, cela ne voudra pas signifier qu’il encourage l’impunité. Il se dégage des propos du chef de l’Exécutif qu’il n’y pas d’amnistie pour son prédécesseur à qui il reconnaît une gestion catastrophique. Plus loin, ce qui est intéressant dans cette interview, c’est que le chef de l’Etat se veut un véritable démocrate. Comme tel, il n’entend pas influencer les décisions de justice. Cela peut déjà se comprendre avec les procédures engagées pour les réformes politiques et institutionnelles. L’appareil judiciaire doit être indépendant du pouvoir exécutif et accomplir sa mission telle que stipulée dans la Constitution : « rendre la justice au nom du peuple béninois ». Alors, si le projet onusien de Yayi Boni échouait et que la justice béninoise avait besoin de lui aux fins de prendre une décision, il devra en répondre comme tout citoyen. Et la simplification future des procédures judiciaires livrerait facilement tout sujet, qu’il fût président de la République, ministres, députés… L’épée de Damoclès pèsera aussi longtemps sur les serviteurs indélicats de la République.
Jean-Claude Kouagou