L’ancien sponsor politique marque de précieux points à l’hémicycle. Patrice Talon, en fin stratège, enchaîne les succès depuis son historique victoire à la présidentielle. Le célébrissime homme d’affaires vient de réussir à installer son poulain Dakpè Sossou au poste de deuxième secrétaire parlementaire, en remplacement de l’honorable Alexis Agbélessessi qui a pris le contrôle de la commission des lois. Il n’en faut pas plus pour constater que Talon ‘’nage dans la victoire’’ au parlement. Réussir à faire démissionner un député tout en lui assurant sa nouvelle destination, et ensuite pourvoir à son remplacement selon son bon vouloir n’est pas un jeu d’enfant. Car il s’est agi, autant au niveau de la présidence de la commission des lois, que du bureau de l’Assemblée nationale, de postes électifs. Seul un homme averti des stratégies politiques peut réaliser cet exploit. Concilier les ambitions au niveau du parlement, de sorte à imposer par deux fois son candidat relève d’une pédagogie politique extrêmement rare. L’homme du nouveau départ sait déplacer les pions avec ses amis. Les querelles politiques sont bien derrière lui, et désormais, il bénéficie du soutien d’une classe politique majoritairement acquise à sa cause.
Jamais deux sans trois. Un nouvel enjeu se pointe à l’horizon. L’élection des deux députés qui siégeront à la Haute cour de justice en remplacement des ministres Candide Azannaï et Joseph Djogbénou. C’est une évidence que les hommes de confiance de Patrice Talon seront à nouveau sur la ligne de départ. Et si le nouvel homme fort du pays parvient encore à faire passer ses poulains, il donnera définitivement la preuve de sa maîtrise du jeu politique. Dans tous les cas, cet ancien sponsor de la politique n’est pas un novice en la matière et aura toujours la manière pour gagner ses combats politiques. Une chose est de parvenir à siéger au palais de la Marina et l’autre est de réussir la mise en œuvre de son projet de société avec la complicité des acteurs politiques, même ceux qui n’ont pas participé à votre victoire. C’est l’autre enjeu de la démocratie. Et Patrice Talon a sûrement compris que s’il rêve vraiment d’être porté en triomphe par les Béninois au soir de son quinquennat, il doit réussir sur le terrain de la cohésion politique. Il ne s’agit pas d’embrigader les élus du peuple mais de réussir à obtenir le consensus comme ce fut le cas lors de l’élection de Dakpè Sossou et Alexis Agbélessessi.
Arnaud DOUMANHOUN