C’est une jeune fille à l’allure d’un mannequin professionnel que je rencontre ce jeudi-là à la gare du nord. Belle, séduisante, dynamique dans sa démarche avec une prestance qui soulève les regards. Âgée de 26 ans, Laure est de la race de ces femmes capables de vous arracher le sourire même dans vos pires moments de chagrin. Pourtant, il y a bien longtemps que le sourire, elle n’en a plus. Le calvaire de Laure a commencé le jour où elle a lu une note circulaire des autorités béninoises sur le site du Consulat du Bénin à Paris. Pour résumer, la note stipule : « les demandes de passeport ne sont plus acceptées au consulat ». En clair et dans la suite, il est signifié aux Béninois de France, qu’ils ne sont plus autorisés à renouveler les passeports ordinaires au consulat général du Bénin à Paris. Comme Laure, beaucoup de compatriotes sont plongés dans un profond désarroi. Pour tous ceux d’entre eux qui n’ont pas déposé de dossiers d’établissement ou de renouvellement avant le 24 décembre 2015, l’affaire tombe à l’eau et ce, jusqu’à nouvel ordre. Seulement, Laure était enceinte dans la période et l’accouchement, imminent. Impossible d’entreprendre un voyage sur le Bénin spécifiquement pour renouveler un passeport. A l’accouchement, elle se retrouve avec un joli garçon mais aussi avec un passeport expiré. Conséquence son titre de séjour en France dont la date de validité arrivait à expiration au même moment que le passeport est rejeté lors du renouvellement à la préfecture pour motif de passeport non valide. En me racontant sa mésaventure le jeudi 19 mai autour d’un Café, Laure qui n’a pu retenir ses larmes m’a posé une question que je vous soumets à mon tour. Elle m’a demandé : « Pierre, combien comme moi, sont dans cette situation et pourquoi l’Etat d’un pays déciderait si volontairement de laisser malgré eux, les membres de sa diaspora dans des situations de sans papiers ? ». Je n’ai pas trouvé réponse à sa question puisque comme vous le savez, je ne suis pas un préposé à l’ambassade du Bénin en France ni au consulat et puis, ce que j’ai oublié de vous dire, c’est que toutes les démarches de Laure vers le consulat ici ont été vaines. Au consulat, le personnel ne peut rien, malgré toute la bonne volonté de la Vice Consul Inès KEREKOU qui tout le monde le sait, s’il n’en tenait qu’à elle, ceci serait déjà résolu. Tout le monde sait que la décision vient d’en haut, c’est –à-dire des autorités béninoises. Pourquoi ? On ne sait pas. En attendant, beaucoup de béninois vont grossir le rang des sans papiers en France, espérons qu’il y ait une solution d’ici à là... Ezin Pierre DOGNON : Médiateur Culturel / Auteur.