Le régime du nouveau départ a encore frappé. Il a suspendu tous les responsables de la longue chaîne des gardiens de la faune et de la flore dans notre pays. Depuis le mardi 24 mai 2016, la nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux. Sur le terrain, les conséquences de cette décision inquiètent déjà.
Le Directeur général des eaux, forêts et chasses et son adjoint, le Directeur général de l’Office national du bois du Bénin (Onab), la Directrice générale du Cenagref…ont été suspendus. Il en est de même des responsables au niveau décentralisé de la Direction générale des forêts et des ressources naturelles. Il s’agit en effet des Directeurs départementaux des eaux forêts et chasses, des Chefs de Brigades, des Chefs de visite et d’inspection…Cette décision, aussi salutaire qu’elle soit, selon la position dans laquelle on se trouve risque d’avoir des conséquences dommageables pour tous les efforts qui ont été fournis dans le cadre de la sauvegarde de la biodiversité au Bénin. Seulement une heure de temps, les braconniers et autres prédateurs de nos richesses naturelles peuvent causer des torts irréparables sur un siècle. Et cela n’a pas raté. Positionné hier mercredi 25 mai 2016 au niveau du Centre béninois pour le développement des initiatives de base (CBDIBA) à Bohicon, nous avons en effet vu passer plusieurs camions titans chargés de charbon de bois. Mieux, des informations que nous avons glanées çà et là, il ressort que certains trafiquants ont profité de la décision qu’a prise le gouvernement et qui a engendré l’absence de commandement au niveau des unités décentralisées des eaux et forêts pour faire sortir des cargaisons de bois d’œuvre. Dans le Nord-Bénin, les braconniers ont aussi profité de cette décision du gouvernement du «Nouveau départ», indiquent des sources forestières.
Face à cette situation, plusieurs réactions ont été enregistrées. « Il faut vite rétablir les gardiens de la faune et de la flore. Il ne faut pas réveiller l’enfant en voulant le faire endormir», a conseillé Didier Hubert Madafimè, journaliste, spécialiste des questions environnementales.
«Ce qui se passe et que vous avez vu est normal. Avant de suspendre les gens, on aurait pu désigner d’abord leurs remplaçants. Nous sommes dans le domaine militaire où la notion de commandement est fondamentale. S’il n’y a pas de chef, la troupe n’est plus sous ordre et ne peut donc pas agir. Il faut donc que le gouvernement revoie sa copie sinon, on n’aura que nos yeux pour pleurer», conseille un ancien officier des eaux et forêts rencontré hier à Abomey.
Cela est donc clair. Ce n’est pas de créer un problème plus grave en voulant régler un autre qui en réalité ne l’est pas.
Affissou Anonrin