Par : Giscard AMOUSSOU
Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours roi s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir (JJ-Rousseau). C’est l’épreuve à laquelle le chef de l’État Patrice Talon est confronté après son élection triomphant et sa puissance face à son challenger et son ancien bourreau. Appelé compétiteur-né, une fois au pouvoir Talon devrait avoir en esprit que sa force est dans les mains du peuple pour l’aider à réussir son mandat. Lui qui s’engage dans des réformes comme annoncées au cours des campagnes électorales. La grande réforme qui suscite polémiques est celui du mandat unique de la loi fondamentale. Cette volonté de Patrice Talon à toucher à l’article 42 n’est pas du goût de beaucoup de juristes et politiques. Selon certains, il y a déjà une jurisprudence sur certains articles notamment celui relatif au nombre de mandat qui ne doit obtenir le quitus de la révision. Pour d’autres, notamment les politiques, cette question de mandat unique reste une discrimination qui ne doit avoir l’aval de la population. Malgré la volonté de Talon à mettre des garde-fous quitte à éviter de probables dérives observées au cours des deux mandats de Boni-Yayi, ceci n’est pas du goût de tous. Une épreuve difficile pour Talon. Ce test ne pourrait être pour le puissant homme d’affaires, le compétiteur-né que le plus difficile qui mérite patience, humilité et sagesse. En attendant de voir l’évolution du processus, il est difficile de certifier que cette réforme pourra passer aisément. La force de Talon serait-elle bloquée sur la proposition du mandat unique? La question mérite d’être posée pour que le chef de l’État prenne ses gardes et rengaine au plus tôt. Dans le processus de révision de la constitution, les antirévisionnistes pourraient constituer un handicap pour cette réforme comme cela l’avait été il y a quelques mois sous le régime du changement. Bien que la vision de l’exécutif étant de faire passer toutes les réformes par référendum, il peut être bloqué en cours de route. La preuve est que le chef de l’Etat ne peut compter que sur ses 24% du premier tour. La plupart des politiques qui l’ont soutenu affirment déjà à cœur ouvert leur opposition contre une telle réforme. Tout se passe comme si cette réforme est engagée pour échouer.