L’instauration d’un mandat présidentiel unique, proposé par le nouveau président béninois Patrice Talon, soulève un tollé, non seulement au sein de la classe politique béninoise, mais aussi dans le rang de la société civile béninoise.
En accédant à la magistrature suprême du Bénin, le 6 avril dernier, le nouveau chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, a proposé une série de réformes politiques et institutionnelles, dont le réaménagement du mandat présidentiel à un mandat unique de 7 ans contrairement à la loi fondamentale du 11 décembre 1990 qui prescrit un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois.
Mais devant la Commission chargée des réformes politiques et institutionnelles, les acteurs de la vie politique béninoise et ceux de la société civile ont émis de mercredi à vendredi, des avis non favorables à cette proposition du nouveau président, visant à réduire le mandat présidentiel à désormais à un mandat unique de 7 ans.
"Nous avons réagi sur plusieurs sujets dont la question du mandat unique. Nous estimons que c’est un grand risque d’envisager pour l’instant un mandat unique. Ce serait mieux de garder le statu quo", a affirmé l’ancien président du parlement béninois, Mathurin Koffi Nago, par ailleurs, président du Front pour la démocratie unie.
Le porte-parole de la Renaissance du Bénin, le parti de l’ancien président Nicéphore Soglo, Bernard Lani Davo, s’est également opposé au réaménagement du mandat présidentiel.
"La Renaissance du Bénin est contre le mandat unique. D’abord, c’est pour quelle durée ? Il vaut mieux donner la chance au peuple de juger celui qui a été choisi et lui permettre de briguer ou non un autre mandat", a-t-il déclaré.
De même, le porte-parole des Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE) de l’ancien président Boni Yayi, Amos Elègbè, n’est pas de l’avis à la modification du mandat présidentiel.
"Nous ne sommes pas favorables au mandat unique. Ce n’est pas le mandat unique qui va freiner la corruption ou l’impunité, l’autocratie ou la dictature. Aucune grande démocratie au monde n’existe avec un mandat unique. Il faut à un moment donné sanctionner le pouvoir. Le contrôle citoyen ne peut se faire que par les urnes. Un mandat unique de 7 ans est trop long pour que s’il y a des dérives, le peuple puisse sanctionner", a-t-il souligné.
Les femmes juristes du Bénin, ne sont pas aussi du même avis que le président béninois Patrice Talon sur le réaménagement du mandat présidentiel
"Les femmes juristes sont opposées à la proposition de l’institutionnalisation d’un mandat unique, nous pensons qu’il faut laisser au président élu le choix de se présenter pour un ou deux mandats. Nous ne pouvons nous focaliser sur les dérapages du passé pour justifier le bien-fondé de l’instauration d’un mandat unique", a affirmé la présidente de cette association, Me Marie Elise Gbédo. Fin