« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. » Cet adage colle bien au parcours professionnel de Ariane Nancy Agbo, jeune femme béninoise de 21 ans au teint d’ébène. Alors en deuxième année d’étude d’histoire à Paris1 Panthéon Sorbonne, elle obtient son premier emploi au Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) en décembre 2015. Fonction qu’elle adjoint au poste de coresponsable à la communication à l’antenne Paris 1 de l’Unicef, en attendant de rejoindre son 3ème poste à la Fondation Koffi ANAN. Originaire de Ouidah, Ariane Nancy Agbo place la spiritualité au premier rang dans sa vie et reste très sensible à l’art, passion à laquelle elle consacre ses heures creuses.
C’KOI? Magazine : Quel est votre parcours -professionnel ?
Ariane Nancy Agbo : Lors de mes premières années d’étude supérieure, je me suis engagée dans une licence en histoire à Paris 1 Panthéon Sorbonne. Suite à cela, je suis rentrée dans plusieurs branches que m’offrait ma formation à -savoir : le droit, l’économie et la sociologie-anthropologie. Mon -parcours professionnel a débuté en 2013. À la base, je -voulais -travailler dans tout ce qui était patrimoine culturel. Donc, j’ai fait deux mois en tant qu’hôtesse d’accueil au -musée du Louvre en France. Depuis toute petite, mon rêve était de -devenir -diplomate international.
Lorsque j’ai fait mon entrée en deuxième année de licence et que j’ai commencé à faire du droit, j’ai postulé pour intégrer le pôle développement des Nations-Unies puisque mon -objectif professionnel est de travailler pour l’Afrique et en Afrique. J’ai été embauché pour un stage au Bénin pour travailler sur tout ce qui est accompagnement des activités des femmes dans les milieux ruraux. Très récemment, j’ai été prise par la -Fondation Koffi ANAN pour travailler dans tout ce qui est développement agricole et je rejoindrai mon équipe de -travail très bientôt. Mais actuellement, je suis coresponsable de communication à l’antenne Unicef Paris 1.
C’KOI? : Vous avez fréquemment travaillé au sein des institutions internationales. Comment en êtes-vous arrivé ?
A.N.A : Depuis ma classe de première, j’ai -commencé à -m’intéresser à ce que j’allais faire comme formation -d’étudiante pour arriver à obtenir un diplôme et -travailler. Je savais que mon objectif final était de travailler dans la diplomatie internationale. Quand je faisais mes recherches pour choisir une Université, je suis allée par ailleurs sur le site des Nations-Unies que je trouvais très prestigieux. En 2013, j’avais obtenu mon Certificat d’étude politique avec les honneurs du jury et j’avais fait mon mémoire sur les -relations diplomatiques entre les Nations-Unies et le Bénin. Après l’obtention de ce certificat, j’ai déposé mes dossiers aux -Nations-Unies où j’ai été acceptée et il m’a été proposé de travailler sur le volet développement de la cité. J’ai tout de suite saisi l’occasion. J’ai fait près de six mois de stage en développement au PNUD-Bénin et les six autres mois à l’extérieur.
Lorsque je suis rentrée au Bénin, à mon grand étonnement, on m’a fait passer du statut de stagiaire au poste de chargé de mission et de développement. Par rapport à la Fondation Koffi ANAN, c’est une personne que je connais bien qui m’a ouvert les portes vers la Fondation et je l’ai saisi parce que c’est une opportunité qui me permettra de travailler sur ma propre fondation. J’ai voulu intégrer ces institutions, je me suis battue, j’ai fait d’énormes sacrifices et contrairement à ce que les gens pensent, je ne connaissais personne avant d’obtenir ces emplois.
C’KOI? : Laquelle des expériences vous a le plus marqué
A.N.A : Ce qui m’a le plus -marqué, c’est lorsque je suis -allée dans une banque -déposer un projet pour lever des fonds d’investissement au profit des activités de certaines femmes béninoises et le -projet a été validé. J’avais un -sentiment -d’accomplissement de soi parce que la vie de ces femmes et de leurs -communautés -dépendaient de ce que j’avais à dire. C’est le plus beau -souvenir du travail que j’ai effectué au -Bénin.
C’KOI? : Travailler au sein des organisations -internationales, est-ce l’accomplissement d’un rêve ?
A.N.A : Franchement, je ne sais pas. Je n’ai même pas -envie de commencer à dire ça parce que ça va me bloquer un peu par rapport à mes ambitions et je vais arrêter de faire ce que je veux faire. Je suis au tout-début de la réalisation de mes -ambitions et j’espère aller de l’avant. Quand je vais -atteindre à temps mes objectifs, je saurai que je joue -réellement un rôle entre l’Afrique et le reste du monde. C’est vraiment mon -objectif : -impacter sur le -développement du -continent -notamment du Bénin et jouer réellement un rôle entre le -Bénin, l’Afrique et le reste du monde. C’est mon projet qui -illustre l’idée que j’ai de la -diplomatie -internationale. Et même le jour où j’atteindrai cet objectif, je ne dirai pas que je suis passée du rêve à la réalité. Le jour où j’aurai ça en tête, je risque de m’arrêter à cela, or, je suis quelqu’un qui ne réfléchis pas comme cela. Tous les jours, il faut faire quelque chose pour aller un peu plus de l’avant.
C’KOI? : Toute jeune, vous avez vite -gravi les marches de grandes sphères professionnelles. Ne -subissez-vous pas assez de -pressions ?
A.N.A : Je ne subis pas et je ne me mets pas de pression, je suis très -catégorique dessus.
Quand je commence à être dans une situation où je suis trop sous pression, je n’arrive pas à supporter. J’ai appris à -relativiser les choses. Quand il y a des imprévus et que je suis trop surchargée, je m’organise de sorte à ne pas être débordée. C’est aussi important d’être bien entouré, que ce soit au plan familial qu’amical. -Là-dessus, je n’ai du tout à me plaindre parce que j’ai le soutien de plein de personnes qui m’aident toujours à aller de l’avant.
C’KOI? : Vous n’avez pas beaucoup vécu au Bénin et vous parlez souvent de votre pays comme si vous le -découvrez. Depuis combien d’années avez-vous été adopté par l’Europe ?
A.N.A : J’ai vécu dix ans au Bénin. J’y ai passé toute mon -enfance même si j’ai beaucoup voyagé en Afrique à cause de mes parents qui -souhaitaient que leur enfant découvre le monde. L’Europe m’a adopté, c’est vrai ! Je suis en France depuis mes dix ans. J’ai fait mes études -secondaires et -supérieures en France. J’ai -rencontré des -personnes -extraordinaires qui m’ont ouvert beaucoup d’opportunités. Je suis très reconnaissante envers la France qui m’a -accueillie, qui me supporte et qui me soutient dans mes projets -professionnels.
Quand je rentre au Bénin pour -travailler, rester en famille ou me reposer, j’ai la sensation que je redécouvre le pays. Le Bénin que j’ai connu quand j’étais toute petite, ce n’est pas le Bénin que j’ai -redécouvert en 2014, ce n’est pas non plus le même Bénin que j’ai -redécouvert en décembre quand je suis rentrée pour -travailler. Lorsque j’y suis, j’ai -l’impression que chaque jour, je -découvre d’autres personnes, je -redécouvre des -savoir-vivre et des savoir-faire, je découvre des -inspirations et des motivations. Au Bénin, la vie bouge et le pays fait partie de cette Afrique qui se bat pour aller de l’avant.
C’KOI? : Quand le retour aux sources intervient de temps-en-temps, qu’est-ce qui retient votre attention au Bénin ?
A.N.A : Chaque fois que je retourne au Bénin, je reste -admirative devant l’hospitalité, la solidarité et l’entraide qui -caractérisent la plupart des gens. Pour chaque acte que je pose, particulièrement au Bénin, c’est de pouvoir tendre la main vers l’autre sans forcément en attendre en retour.
L’autre chose qui me touche énormément, c’est de voir les personnes qui m’ont connue quand toute petite avoir -tendance à me reconnaître et à m’appeler. Ça crée une -chaleur intense en moi et ça me prouve que je suis -véritablement chez moi, que c’est là où je dois rester, c’est là où je dois vivre et c’est là où je dois réaliser mes projets.
C’KOI? : Quelle place la spiritualité occupe dans votre vie ?
A.N.A : Je suis très croyante. Au-delà même d’être -chrétienne Céleste, je suis très attachée à la spiritualité de façon -générale. Cette appartenance occupe une place -importante dans ma vie de tous les jours. La spiritualité, je la retrouve partout. Non seulement ça, je la recherche à chaque -instant de ma vie. Quand je pose un acte envers quelqu’un, je me pose la question de savoir si ce que je viens de faire est bien ? En réalité, la spiritualité, c’est le rapport qu’il y a entre nous (le soi) et notre esprit qui nous parle. Ce sont des choses qui ne s’expliquent pas. Je me dis -toujours que je suis guidée par les mânes de mes -ancêtres. La -spiritualité m’a permis de surmonter des obstacles avec beaucoup de sagesse et d’humilité et de pouvoir être -aujourd’hui la femme que je suis. La religion est mon crédo de tous les jours en matière de travail.
C’KOI ? : Des projets d’avenir ?
A.N.A : Je compte rentrer m’installer au Bénin et y vivre. J’aimerais pouvoir travailler un jour dans les relations entre le Bénin, l’Afrique et le reste du monde. Actuellement, je suis entrain de travailler sur ma propre fondation qui va œuvrer dans les secteurs de l’éducation, la santé et les défis liés au changement climatique et je compte l’installer au Bénin d’ici quelques années.
C’KOI? : Voulez-vous partager avec nos lecteurs votre secret de réussite ?
A.N.A : Ambition, curiosité, excellence, rigueur, humilité et beaucoup de foi.
C’Koi? : Une philosophie de vie particulière ?
A.N.A : Le travail bien fait et avec amour.
C’Koi? : Des ambitions pour l’avenir ?
A.N.A : Elles sont très simples : apporter au petit monde qui me consulte une pleine satisfaction .
Rédigé par
Jaures Amen SMIR
Magazine C’KOI?