Méfiance ! Les risques que comporte la dernière décision du gouvernement de ‘‘décapiter’’, en une seule et même journée, les commandements de la police et de la gendarmerie sont énormes. Dans un contexte où l’insécurité bat les records les plus tristes de ces dernières années et où l’opération « Mamba » a encore du plomb dans l’aile, le gouvernement joue avec le feu. L’Exécutif, en pensant bien faire, a sous-estimé les conséquences que pourrait engendrer une brusque rupture à la tête de la police et de la gendarmerie nationales. Il y a, sans aucun doute, des tâtonnements quant à la maîtrise des dossiers sécuritaires par les nouveaux patrons de la police et de la gendarmerie à redouter.
Sinon, combien de temps faudra-t-il aux nouveaux Dgpn et au Dggn pour peaufiner une stratégie adéquate pour faire face à la pègre ? De même, qui dit que ces nominations ne sont pas source de démobilisation de la troupe et même à certains niveaux de commandement quand on sait ce que pourrait impliquer, ne serait-ce que sur le plan du redéploiement, l’arrivée de ces nouveaux patrons en charge de notre sécurité ? Une chose est sûre. Le gouvernement Talon a pris d’énormes risques en sautant d’un seul coup, la Dgpn, la Dggn et leurs adjoints.
La sécurité, une urgence
Le nouveau départ qu’incarnent, à la tête de la police, le Contrôleur général Idrissou Moukaïla et son adjoint Martial Hounsinou d’une part et à la tête de la gendarmerie le Lieutenant-Colonel Antoine Dansou et son adjoint le Lieutenant-Colonel Marcel Adjaho d’autre part est un saut dans l’inconnu. Pour des corps aussi sensibles que sont la police et la gendarmerie, éviter toute déconvenue aurait été pour les décideurs, de s’abstenir d’opérer cette petite révolution le même jour. Garder les adjoints pour que les nouveaux patrons puissent s’imprégner des réalités du poste et ne pas chercher à tout rebâtir alors que l’insécurité fait toujours des victimes aurait, tout aussi, été un choix judicieux.
Mais, le vin est tiré. Les nouveaux Dgpn et Dggn doivent désormais compter sur leurs propres expertises pour parer au plus pressé et donc relever le défi de ramener, dans un contexte où il ne se passe plus de semaine voire de jour sans braquage, la quiétude au sein des populations. Mission difficile mais pas impossible. Seulement, il faut qu’en toute connaissance de cause, le contrôleur général de police Idrissou Moukaïla et le Lieutenant-Colonel Antoine Dansou puissent s’appuyer sur les acquis de leurs prédécesseurs. Une certaine stabilité et la préservation des équilibres. La police et la gendarmerie, dans cette ambiance d’interrogations, en ont plus que besoin.
Et si actuellement, l’urgence est de sécuriser nos différents axes routiers, les zones commerciales, il est indispensable que les renseignements puissent véritablement apporter l’information et permettre aux forces de l’ordre d’anticiper les actes criminels. Le contrôleur général de police Idrissou Moukaïla et le Lieutenant-Colonel Antoine Dansou et leurs adjoints n’ont pas droit à tergiverser. L’insécurité n’attend pas. L’impatience des populations à se déplacer en toute quiétude encore moins. Aux nouveaux Dgpn et Dggn de jouer.
Angelo DOSSOUMOU