L’Union fait la nation fait son entrée en scène par une journée de réflexion sur sa propre restructuration. En forme de rentrée politique, le mode d’action de l’UN devient un levier existentiel pour la troupe de Bruno Amoussou. Les composantes de l’Union fait la nation (UN) ont célébré leurs retrouvailles dans un paysage politique sur lequel souffle le vent de la rupture. Le thème du conclave véhicule les ambitions de l’Union : " Elargir et consolider l’Union fait la nation pour un Bénin Uni et mieux géré ». Après l’odyssée politique des derniers mois, l’UN encore convalescente cherche à se requinquer et à démentir la prophétie lugubre provoquée par ses tribulations.
La messe sur la restructuration intervient moins de deux mois après l’élection de Talon et l’avènement du Nouveau départ. Sans candidat, l’UN s’était drôlement éparpillée derrière les porte-flambeaux de la rupture. Avec une option plutôt cocasse, elle a fait la traversée électorale en tanguant sur les vagues des incertitudes que ses querelles fratricides avaient générées. Ecartelée entre deux hommes d’affaires candidats, Talon et Ajavon, cette UN flottante et peu pragmatique, a fini par afficher son impuissance à désigner un candidat à l’interne. Le « tout sauf Zinsou » prôné pour masquer le délitement a été violé par des barons de la chapelle. Eric Houndété et Léon Basile Ahossi ont pris la barque Zinsou.
La victoire de Talon, candidat de la rupture, fait systématiquement naitre les hallucinations d’une remise à flot de l’activité politique de l’UN dont l’identité anti Yayi est aussi celle du chantre du Nouveau départ. Les affinités héritées de l’opposition conservent ce pont relationnel entre l’ancienne télécommande, sponsor de la politique et l’UN. Certes, l’épisode de la candidature de Ahossi contre celle de Dakpè Sossou, le poulain de Talon, est l’un des symptômes de la fragilité du mariage de mars dernier. Les accolades de la rupture refroidies par le coup Ahossi tenté par l’UN semblent couler dans le flux de souvenirs.
L’initiative d’une journée sur la restructuration de l’Union apparaît d’emblée comme une prise de conscience de l’UN. La thérapie proposée est une réponse pédagogique au diagnostic politique. Les militants ont médité sur les difficultés d’organisation et de fonctionnement de l’Union fait la nation et de ses structures décentralisées, les perspectives de l’UN comme alliance de partis ou parti politique à l’ère des réformes du système partisan et du code électoral et l’Union fait la nation à l’épreuve de la réorganisation des structures de masse. Au cœur de l’activité d’introspection et de l’auto-évaluation, l’avenir de l’UN. Peut-être face aux caprices du destin ou sous le poids des incohérences internes, l’union stagne sur du sable mouvant.
Promise à un avenir radieux à sa création, l’UN sortie des entrailles de partis historiques, le Prd, la Rb, le Madep, le Psd, Force clé…, avait offert à la démocratie l’idée du candidat unique de l’opposition. Mais le K.O de mars 2011 a vite refroidi les ardeurs du conglomérat plongé dans une chute infernale. Le Prd et la Rb quittent le navire. Le slogan « ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise » s’évapore dans l’illusion avant que l’UN ne brille par l’absence d’un candidat à la présidentielle de 2016.
Politiquement, l’UN fait l’état des lieux pour négocier les virages du futur dans le pays gouverné par le pouvoir du Nouveau départ et Talon, l’homme de la vraie rupture.
Sulpice Oscar GBAGUIDI