Pas de micro. Pas de caméra. Aucun journaliste. A l’image de la première dame Claudine Talon, la célébration de la fête des mères hier à Azalaï hôtel de Cotonou se voulait un événement sobre, discret, empreint d’humilité. Les invitées aussi, essentiellement des mères, venues de Ouèssè, de Natitingou, de Tori-Bossito, d’Avrankou, bref, de toutes les régions du Bénin, étaient pour l’essentiel des dames ordinaires, choisies sur le tas, à la méthode de l’attribution de la Green Card américaine. Et à la fin de l’événement, des invitées en pleurs, comblées, inondées d’émotions, tellement le cadeau-souvenir de la première dame, au-delà du symbole, au-delà de la valeur, du fait de la manière, a imprimé dans les mémoires des souvenirs indélébiles. Et encore ! Il y a eu la grande annonce, faite par la première dame : la création très prochaine d’une fondation pour atténuer les souffrances de la mère et de l’enfant. Un événement poignant, du début à la faim…jusqu’à la fin. Reportage…
Un déjeuner avec la première dame : à quel prix ?
« J’ai le plaisir de vous inviter à un déjeuner le dimanche 29 mai à l’occasion de la fête des mères. » Le Message est précis et concis. Il est signé de la première dame, Claudine Talon. Et il s’adressait aux mères, choisies pratiquement au pifomètre, mais de manière à avoir tout le Bénin représenté dans la plus grande salle de l’hôtel Azalaï de Cotonou, la salle Béhazin. Le début de l’événement est prévu pour 13 heures. Quelques minutes avant, une dame se présente devant le service d’accueil. Sa tenue est class. Elle est chic. D’un certain âge, respectable, belle, distinguée, tout dans sa posture indique qu’elle de la high-society. Elle explique au service d’accueil qu’elle est madame T.S (une personnalité de la république dont nous avons choisi de taire le nom). Elle jure qu’elle a reçu une carte d’invitation, sur laquelle était marquée ‘‘Monsieur et Madame T.S’’, carte qu’elle aurait oublié à la maison dans la précipitation. Un détail fait tilt. Le service d’accueil lui indique qu’aucune des cartes d’invitation délivrées ne porte la mention ‘‘Monsieur et Madame’’ (seule les dames ont été invitées au déjeuner, ndlr). La dame ne se démonte pas. Au contraire, elle démontre une nette détermination à être de la partie. L’épilogue de cette histoire singulière n’est pas le plus important. Tout ce que l’on retient, c’est qu’à l’image de cette dame, elles sont très nombreuses qui étaient prêtes à raconter n’importe qu’elle histoire à dormir debout, juste pour avoir accès à la Salle Béhanzin de Azalaï Hôtel hier, au moment où la première dame partageait avec ses sœurs, filles et mères, un déjeuner convivial pour marquer la célébration de la fête des mères, édition 2016. Qu’importe ! Le moins que l’on puisse dire, c’est bien que la fête a eu lieu. Et comment !
Un programme à la hauteur de l’événement
La première dame est arrivée autour de 14 heures, comme l’indiquaient le chronogramme et le conducteur de l’événement. Elle a pris le micro, juste pour 14 secondes, le temps de dire ses remerciements à toutes celles qui avaient fait le déplacement, et de souhaiter à toutes les mères une très bonne fête. Sur la conduite des maîtres de la cérémonie, Gilles Odilon et Karamath, tout est allé très vite. La slameuse Harmony pour dire un texte plein d’émotions à l’honneur des femmes. Le service traiteur à pied d’œuvre pour que toutes les invitées soient servies. La première dame qui reprend le micro pour dire qu’elle est déjà servie mais qu’elle attend que toutes les invitées soient servies à leur tour pour commencer son repas. Pour meubler l’attente, A. Yessoufou, première du Bénin au Cep 2015, déclame, à l’honneur de la fête, le poème ‘‘Femme noire’’ de Camara Laye. La première dame, émue, se lève, va féliciter la jeune et brillante fillette qui s’est trouvée un nom de scène, ‘‘ L’As de l’axe de l’excellence’’. Le moment est magique. Les mots ne peuvent traduire l’émotion. Le service se poursuit. Pour gagner en temps, la première dame en profite pour délivrer un discours. Un discours à travers lequel elle rappelle sa fierté d’être parmi ces femmes venues de toutes les contrées du Bénin. Un discours à travers lequel elle salue la bravoure, le dynamisme et les autres mérites de la femme béninoise. Mais surtout, instant solennel, instant particulier, un discours dans lequel elle annonce la création très prochaine d’une fondation pour atténuer les souffrances de la femme et de l’enfant. Salve d’applaudissements. Standing ovation. La salle est sous le charme, conquise par tant de simplicité, tant de solennité, par un message d’une si grande portée (Le discours de la première dame sera publié dans un instant). Le reste se passe de commentaire parce que l’ambiance est facile à deviner…
Une ambiance qui se vit plus qu’elle se raconte
Vous avez dit ambiance ? Deux femmes. Deux artistes confirmées. Fémy et Dossi. A elles seules, de par leurs prestations, elles ont électrisé la salle. Impossible de contenir les invitées. Dire que la joie se lisait sur les visages serait un euphémisme. Comme le soulignera la première dame au moment de prendre congé de ses invitées, on n’aura pas vu passer le temps. Parce que l’ambiance n’était pas exactement ce qui avait été prévu ; l’enthousiasme était manifestement au-delà des espérances. Mais même les bonnes dames ont une faim…vite comblée; et les bonnes choses ont une fin…hélas !
Autour de 16 heures, sans que personne n’ait vu le temps passer, Claudine Talon a pris congé en promettant d’autres rencontres. A sa suite, le cadeau-surprise a été dévoilé : un pagne Vlisco, joliment encadré, et remis à chacune des centaines d’invitées présentes. Il fallait voir les sourires à la sortie de la salle. Il fallait vivre le bonheur qui irradiait les visages. Il fallait vivre ces moments… Des femmes qui dansent, des mères qui s’extasient, les dames qui multiplient des bénédictions. « Nous sommes émues, pas seulement par la valeur des pagnes Vlisco, mais parce que le geste était accompagné de la manière, parce qu’elle a annoncé la création d’une fondation pour nous les femmes, parce que nous ne nous sommes jamais autant senties valorisées un jour de fête des mères. Claudine Talon est une grâce ! » Cette réaction d’une invitée traduit le sentiment le plus partagé.
On fera la lecture qu’il nous plaira de faire. Pour leur part, il est à parier que les femmes qui étaient hier à l’hôtel Azalaï de Cotonou n’oublieront pas de sitôt l’édition 2016 de la fête des mères. Parce que mis à part la mère qu’est chacune d’entre elles, on célébrait aussi la magnificence d’une dame, son humilité, sa dignité, sa simplicité. On célébrait la fondation à venir à l’honneur de la mère et l’enfant. On célébrait une femme désormais rentrée dans l’histoire, l’image imprimée dans les mémoires : Claudine Talon, la grande dame qui se cache derrière un grand homme !
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