Quel crime les populations de Parakou ont-elles commis pour mériter le sort réservé à elles par le gouvernement de la rupture depuis le 06 avril 2016 ? Pourquoi tous les projets de développement engagés au profit de la ville par l’ancien régime sont-ils bloqués ? Que cache l’attitude du gouvernement vis-à-vis de la ville de Parakou ? Voilà autant de questions qui méritent d’être posées au regard du blocage observé depuis quelques jours au sujet de certains projets sociaux (routes, énergie, eau…) en faveur de la ville. De quoi s’agit-il, en réalité ?
Les populations de Parakou vivent le calvaire depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon. Tout se passe comme si elles ne sont pas dans le cœur de la République. Après le retrait du scanner à l’aéroport de Tourou et la tentative d’annulation du financement du projet d’aménagement et de bitumage de la traversée urbaine de Parakou, le gouvernement du nouveau départ fait actuellement feu de tout bois pour annuler le financement obtenu auprès de la Boad dans le cadre de la mise en œuvre du programme «Parakou Eau 2045». Il s’agit d’un ambitieux programme de l’ancien régime qui s’est battu pour avoir le financement requis, afin d’améliorer l’accès des populations à l’eau potable. D’un coût global de 16 milliards de F Cfa, au début du projet, la Boad avait accepté accompagner l’Etat béninois à hauteur de 8 milliards de F Cfa et les Pays-Bas ont donné leur accord pour boucler le financement avec les 8 milliards de F Cfa restants. La Boad et la Hollande se sont donc engagées à accompagner le gouvernement d’alors, conscientes que l’accès à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit fondamental pour les populations.
L’accord de la Boad a été entériné par son Conseil d’Administration en 2015. L’aide des Pays-Bas dans le cadre de ce projet a été retardée avec l’éclatement de l’affaire PPEA II.Compte tenu du déficit chronique d’eau et du cri de cœur des populations, l’ancien gouvernement avait pris ses responsabilités, en vue de sauver cet important programme novateur. La Boad a été alors saisie de nouveau pour aider le Bénin à boucler totalement le financement. Le Conseil d’Administration de la Boad a marqué son accord. Au total, la Boad a pris le ferme engagement de financer toute seule ledit projet, payer les 16 milliards de F Cfa.
Pourtant un premier accord de 8 milliards déjà signé
Le premier accord de crédit de 8 milliards de F Cfa avait été déjà signé. Mais, pour des raisons qu’on ignore encore, la signature du second accord est bloquée par le gouvernement de la rupture, alors que Parakou, comme d’autres villes béninoises, continue de vivre le calvaire en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, le peu d’eau disponible n’arrivant pas à être distribuée faute d’énergie électrique pour faire tourner les installations de la Soneb.
Pourquoi le gouvernement Talon refuse-t-il de signer ce second accord ? Pourquoi ce projet dont les ressources nécessaires ont pu être obtenues auprès de la prestigieuse institution qu’est la Boad souffre-t-il depuis que le gouvernement Talon s’est installé ? A l’heure actuelle, il est difficile d’expliquer la conduite de l’exécutif. C’est inadmissible.
Face à cette situation, les populations de Parakou se sentent méprisées, abandonnées, ignorées, laissées à leur propre sort. Elles se demandent pourquoi tous les projets de développement en leur faveur souffrent depuis le 06 avril 2016 alors qu’ailleurs, des projets similaires avancent normalement.
Le conseil communal doit se rapprocher des structures compétentes pour comprendre ce qui se passe réellement dans le cadre de ce projet. Il est de la responsabilité du maire de Parakou et de ses conseillers d’interpeller le gouvernement pour comprendre les manœuvres en cours visant à remettre en cause ce projet ou à faire trainer à dessein sa mise en œuvre. Le Maire Souradjou Adamou Karimou doit prendre ses responsabilités. Il doit mener les démarches nécessaires auprès du gouvernement pour situer ses administrés. Car à l’allure où vont désormais les choses sous la rupture, le développement de Parakou risque de prendre un sérieux coup.
Mike MAHOUNA