Avec le gouvernement du président Patrice Talon les populations béninoises ne bénéficieront plus de la gratuité de la césarienne. Cette mesure prise par l’ancien régime n’a pas reçu un écho favorable chez les «rupturiens». Si c’étaient des rumeurs qui alimentaient la nouvelle, elle a été rendue officielle, à la manière qu’on reconnait aux nouveaux commandants du train Bénin, par le ministre d’Etat chargé du plan et du développement. Reçu en effet, sur la chaîne de télévision ‘’Africa télévision’’, le samedi 28 mai 2016, Abdoulaye Bio Tchané a laissé entendre, que la césarienne n’est plus gratuite au Bénin. La raison a-t-il signifié, serait due à un manque de financement. «Ce n’est plus gratuit parce qu’il n’a pas de financement…», a déclaré l’homme.«Lorsque le projet avait commencé, il y a eu un appel au point où ceux qui n’accouchaient pas par césarienne ont commencé par le faire…le coût a commencé par s’élever d’année en année», a poursuivi le ministre d’Etat chargé du plan et du développement qui reste toutefois conscient que l’opération coûte chère.
De la mesure de la césarienne
Face au refus des ménages de recourir à la césarienne pour des raisons financières, les confiscations d’enfants par les agents de santé afin d’obliger les parents à payer les frais de l’opération ; face aux évasions des femmes dans les centres de santé après les soins, et au regard des indicateurs inquiétants des mortalités maternelles, le gouvernement béninois a initié la politique de la gratuité de la césarienne en 2009. D’après les travaux réalisés par le Dr. Souleymane Diallo, représentant de l’UNICEF au Benin, la Césarienne permettrait, entre autres, d’éviter 120 décès sur 1400. Elle favoriserait la levée des barrières financières limitant l’accès aux soins, et le soulagement de la souffrance des plus pauvres. En visite à l’hôpital de zone de Calavi, Yayi Boni n’a pu, en son temps, s’empêcher de mettre la main à la poche pour solder les frais d’opération de patientes qui, après une césarienne, et ne disposant pas de moyens pour payer, ont dû élire domicile dans ce centreparce que leurs enfants étaientséquestrés. C’était un triste spectacle face auquel la sensibilité de l’ancien président a prévalu. Pourtant…
La rupture a encore tapé…
Suspension de contrats aux organes de presse, plus de garde-corps pour les maires, les députés quant à eux, doivent désormais se familiariser aux militaires, plus de télévision dans les administrations, plus de césarienne gratuite, etc, et la liste n’est pas exhaustive. Pourtant, l’intérêt de la dernière mesure n’est plus à démontrer. Qu’on en vienne aujourd’hui à mettre fin à une reforme d’une si grande portée, semble à la limite, inadmissible. Et avec un gouvernement qui n’a visiblement d’yeux que pour ses reformes, dussent-elles être appréciées du peuple ou pas, le miracle semble impossible. La césarienne n’est plus gratuite au Bénin. Une pilule amère mais qu’il va falloir avaler. Il est vrai que la mesure souffre d’insuffisances telles qu’évoquées par le ministre. Mais de là, à l’annuler,il faut bien reconnaître que les «rupturiens» ont la main pesante. Certains observateurs, optent plutôt pour un assainissement du système. A les entendre, Patrice Talon entend manifestement en découdre avec tout ce qui a été fait sous le régime Yayi. Etrange conception du mot ‘’rupture’’, est-on alors amené à penser. En tout cas, pour avoir massivement voté pour lui lors de la présidentielle, la population mérite mieux qu’un traitement aussi glacial. Vivement que la première dame qui a affiché son faible pour les œuvres sociales se rapproche de son époux pour sauver les couches défavorisées, principales bénéficiaires de la mesure.
Cyrience KOUGNANDE