La question du mandat unique divise la commission chargée des réformes politiques et institutionnelles. Sur ce point, Patrice Talon n’est pas prêt d’obtenir le consensus au sein de sa machine de propositions de réformes pour un nouveau départ. Pourtant, le consensus est pour le premier magistrat, un baromètre pour jauger le niveau d’adhésion et garantir un franc succès à son projet phare. « L’objectif est de parvenir au terme de vos travaux, dans un grand élan consensuel, à initier et engager la restauration de l’Etat de droit, le renforcement de la démocratie par un rééquilibrage des pouvoirs des institutions constitutionnelles, l’amélioration de la gouvernance politique, celle des affaires publiques, la consolidation de l’unité nationale et l’essor économique de notre pays », a déclaré l’homme du Nouveau départ le vendredi 6 mai dernier, à l’installation des membres de la commission.
Le dilemme…
Pour faire passer ce point qui nourrit la polémique, Patrice Talon a affiché une disposition à faire des concessions. Si la durée de 7 ans prévue dans son projet initial paraît exagérée pour certains, l’homme du Nouveau départ est prêt à revenir à 6 ans. Mais cela ne suffira pas à faire avancer les choses au sein de la commission. C’est le statu quo. Chaque camp s’accroche à sa position. Dans cet imbroglio, deux possibilités s’offrent au président. Soit il conserve son projet et persiste dans sa volonté de ramener à un mandat unique la gestion du pouvoir par le Chef de l’Etat, et dans ce cas il doit défendre sa position, par le biais de ses partisans à l’Assemblée nationale, avec des arguments infaillibles afin de convaincre les élus du peuple. Ou, Talon devra simplement tirer les conséquences de l’impossible consensus au sein de la commission et retirer ce point qui semble faire polémique.
Dans l’un ou l’autre des cas, seul Talon doit se décider. Elu par 65% des Béninois sur la base de son projet de réformes, l’homme du Nouveau départ est le seul à même de chercher à convaincre sur sa vision, d’abord par un premier succès au niveau de la bataille politique à l’hémicycle et ensuite par la bénédiction du peuple à l’issue du référendum, si entre-temps les verrous juridiques sont sautés. Une chose est claire, la tâche sera très difficile, si déjà la bataille autour de ce point est déclenchée au sein de la commission Djogbénou.
Arnaud DOUMANHOUN