La société Bolloré Africa Logistics amorce le dégraissage de son personnel. L’annonce a été faite dans l’après-midi du mercredi 25 mai 2016 au cours d’une séance tenue entre la direction générale, le syndicat et les délégués de personnel à Akpakpa. La société dont les intérêts contrastent avec ceux du régime actuel veut plier bagages…
Bolloré Africa Logistics dévoile le licenciement d’une cinquantaine d’agents. Il semble qu’on veut agir sur le moral des travailleurs de cette société pour toucher la sensibilité du président Patrice Talon. Les principales raisons évoquées pour annoncer le licenciement de ces agents en service à Bolloré Africa Logistics ont rapport au fait que Bolloré n’a plus la certitude de poursuivre la réalisation du projet Bénirails. Il a été également dit à la réunion du mercredi 25 mai 2016 que l’implication de cette société dans les activités cotonnières (export) n’est plus certaine. A tout cela, on ajoute la perte de navires (amateurs) avec pour conséquences, la chute de la société. A la question des participants à cette réunion de savoir les raisons de cette baisse brusque des activités de la société Bolloré Africa Logistics, la direction générale a répondu simplement, d’après notre source, que le régime du président Patrice Talon ne leur donnera aucune facilité. Un agent, ayant participé à ladite réunion confirme qu’à entendre les responsables de cette société, c’est comme si c’est l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir qui serait le malheur de la maison. « On nous a dit que tout allait bien jusqu’en décembre 2015 et que c’est cette année que la société a commencé par connaître des difficultés. On ne trouve plus de navires à traiter régulièrement. Bénin-rails n’a plus d’avenir et nous n’aurons plus rien dans le secteur du coton comme d’habitude », nous a confié cet agent. A la réunion, il a été demandé aux participants de se rapprocher des autres agents de la firme pour leur porter l’information et leur annoncer qu’une liste est déjà ouverte pour ceux qui souhaitent faire partie de la vague à licencier. Au cas où personne ne se serait inscrit, la direction prendra les dispositions pour liquider les agents de son choix. Pire, les agents n’auront aucune mesure d’accompagnement, selon notre source.
La mesure de compression concerne les agents travaillant dans le domaine du transit, de manutention et consignation (shipping) et la comptabilité. Bolloré emploie environ 600 personnes dont la moitié est concernée par le licenciement en vue.
Depuis le mercredi 25 mai 2016 que la réunion a eu lieu dans le bureau du Directeur administratif et financier, les responsables syndicaux et les délégués de personnel ne se sont plus donnés du repos. On apprend qu’une assemblée générale a été déjà tenue pour informer tout le personnel qui a exigé des mesures d’accompagnement avant une quelconque compression. D’autres démarches sont en cours. Mais, notre source confirme que la décision est irréversible.
Du chantage…
Bolloré n’intervient pas au Bénin que dans les filières dites menacées aujourd’hui. D’après nos informations, la société Bénin Terminals marche très bien. Elle appartient à la même personne. Les agents doutent de la faillite et pensent à un chantage. « Nous pensons vraiment que c’est un chantage, car nous étions tous ensemble avant qu’on ne nous sépare de Bénin Terminals pour nous mettre dans Bolloré Africa Logistics. Toutes les sociétés jouissent d’une bonne santé financière. Quand on nous dit subitement qu’il y a chute de ce côté et qu’une compression s’impose, c’est qu’on oublie apparemment que ce n’est pas à toutes les périodes de l’année que tout marche. Pour les navires, par exemple, ça monte et baisse des fois. Et même si les caisses de cette société se vident, on peut regarder dans l’autre pour payer les agents. Car, c’est aussi nous qui avions travaillé pour mettre en place Bénin Terminals », a indiqué un agent de Bolloré Africa Logistics, contacté à cet effet.
Il a précisé qu’en 2013, il y avait eu aussi compression de 22 personnes pour presque les mêmes motifs. Mais quelques temps après, des recrutements ont été faits. Ceux qui avaient été licenciés n’ont plus été rappelés.
Bolloré, pour justifier cette vague de licenciements, peut déclarer en faillite cette société, fermer ses portes, laisser les agents en souffrance et se dire même incapable de payer les impôts. Et l’objectif serait de démontrer que sous Patrice Talon, Bolloré est en difficulté au point même qu’il ferme déjà ses entreprises au Bénin.
A y voir de près, c’est une manière de se positionner en victime et freiner l’ardeur du président de la République qui entend voir clair dans les activités portuaires, surtout avec les nombreuses sociétés étrangères.
Contacté dans la soirée d’hier mercredi 1er juin 2016, Eric Vom Hoevel, Directeur général de Bolloré Africa Logistics, n’a pas souhaité un échange téléphonique. Toutes nos tentatives pour joindre le directeur des Ressources humaines et le Directeur administratif et financier n’ont pas abouti.
Bolloré Africa Logistics est l’une des sociétés implantées au Bénin par Vincent Bolloré, un citoyen français qui a collaboré avec le régime défunt. Il est un ami personnel de Yayi Boni dont le dauphin Lionel Zinsou, un franco-béninois, a été le challenger de Patrice Talon au second tour de l’élection présidentielle de mars 2016 au Bénin.
Félicien Fangnon