Le nouveau Directeur Général de la Police nationale a pris, hier jeudi, officiellement les rênes de la police. Désormais, une ère s’ouvre dans cette maison. Mais en réalité, si la nomination du Contrôleur Général de Police Idrissou Moukaïla respecte les grands équilibres, elle pêche toutefois par la promotion d’un cadre qui a été à peine aux commandes des compartiments les plus sensibles de la police nationale. Un cadre, à peine au fait du fonctionnement de sa maison professionnelle.Tout de suite, il faut relever que le nouveau Directeur général de la police nationale (DGPN) est un inconnu du grand public. Très peu de Béninois et même au sein de la police nationale connaissent à peine ce nouveau promu. Ceci se justifie par le simple fait qu’il a été souvent positionné dans les missions onusiennes. La preuve, c’est depuis Haïti que sa nomination a été négociée. Et c’est d’ailleurs le fait qu’il ne vivait pas au pays et surtout le temps qu’a duré le temps de passation de service et les formalités de son retrait du dispositif onusien qui a semblé donner du boulot aux mauvaises langues. Ce qui est sûr, il n’est pas facile de dire que depuis qu’il a été engagé à la police nationale, Idrissou Moukaïla a passé 5 ans d’affilé au pays. Malgré cela, l’homme réussit toujours à passer les galons. De sorte que son absence au pays n’a pas été un grand obstacle à son avancement. A cet effet, ses camarades de promotion, presque à l’unisson, reconnaissent l’intelligence du flic. Sans oublier que même au dehors, il s’arrange toujours pour descendre et répondre aux exigences des examens sans lesquels il ne saurait changer de grade. Par ailleurs, les observateurs de la scène au niveau de la police se désolent de la promotion d’un cadre qui n’a pas une expérience enrichissante au niveau de la Maison Police. En effet, si le problème ne se pose par rapport à la compétence de Idrissou Moukaïla pour relever le défi, il reste qu’il est comme un intrus dans la maison. « Le Contrôleur Général de Police Idrissou Moukaïla ne connait pas la maison pour y avoir séjourné très peu », a confié un commissaire de police ayant requis l’anonymat. Si l’homme a connu des avancements pour le passage de grade, cela n’a pas été la même chose pour les postes de responsabilité. Certes, il a passé un bout de temps à la tête de l’école nationale de la police. Ce n’est pas rien. Mais il existe des postes qui forgent à une gestion efficiente, une fois propulsée à la tête de toute la police. Par exemple, commander une unité ; commander une direction départementale ; gérer le personnel de la police ; commander les services de renseignement de la police ; avoir été directeur de l’émigration ; avoir commandé la direction centrale de la police judiciaire. Le Contrôleur Général de Police Idrissou Moukaïla n’a malheureusement jamais fait les postes stratégiques de la police nationale. Ainsi donc, il est difficile de dire si l’homme a une fois contribué à la définition et à la mise en place de stratégie de lutte contre le grand banditisme dans le pays. A titre comparatif, son successeur a été directeur de l’émigration. Mais sa promotion par le régime défunt ne répond pas au respect des grands équilibres. Un peu comme le Général Louis Philipe Houndégnon dont la nomination aussi n’a pas respecté les grands équilibres. Et dans le cas de ce dernier, le déséquilibre était trop criard.
Certes, les grands équilibres sont respectés
Avec cette première nomination à la tête de la police nationale, Patrice Talon fait au moins l’effort de rétablir l’ordre. Les grands équilibres sont respectés. La preuve, le nouveau DG n’a au-dessus de lui que les deux généraux encore en activité. Encore qu’ils sont logés au niveau du ministère de tutelle. Il reste peut-être le contrôleur général Tozé qui était aussi en position administrative. Le fait qu’il a été récemment sous sanction pourrait aussi militer en sa défaveur. En tout c’est un défi que le DG Moukaïla est appelé à relever. Patrice Talon et son ministre de l’intérieur doivent avoir de bonnes raisons de préférer ce dernier aux autres gardés présents sur le territoire national. Ils savent aussi certainement que nommer un DGPN déconnecté de toutes les réalités sécuritaires du pays présente bien des risques. Il faut au bas mot, quelques six mois pour le nouveau promu pour une parfaite maitrise des questions sécuritaires. Il faut qu’il prenne le temps de connaitre les réseaux, surtout ceux mafieux. Il faut aussi qu’il prenne le temps de savoir concilier les intérêts des différents clans qui se regardent en chiens de faïence à la police. Et pendant ce temps ?
On peut alors faire confiance à ces camarades de promotion pour porter un coup de main au DGPN. Eux qui ont souvent tiré à boulet rouge sur le pouvoir Yayi qui s’est obstiné à fouler aux pieds les grands équilibres dans ses nominations. Plus que Moukaïla, c’est toute une promotion qui a un défi à relever. Son adjoint, Martial Hounsinou pourra l’y aider.
Nous sources indiquent qu’il est très ouvert et c’est déjà un atout. Bon vent au DGPN et que la sécurité soit au Bénin !
Symplice Comlan