Boni Yayi avait dit que le fauteuil présidentiel n’est pas un banc. Certes, mais pour qu’une personne aille s’asseoir dans ce douillet fauteuil, il a besoin de l’aide de gens assis, eux, sur un banc. Et c’est donc à juste titre qu’ils attendent un retour de l’ascenseur de la part de celui qui occupe le fauteuil présidentiel pour occuper, chacun à son tour, un fauteuil dans la république. Qu’ils soient donc ouvriers de 1ère ou de 25ème heure, chacun d’eux attend, du Chantre de la Rupture, un devoir de reconnaissance. Patrice Talon est donc allé trop vite en besogne en disant qu’il n’a pas l’intention de mettre en place un gouvernement de remerciement. Très vite, il s’est vu rattrapé par la realpolitik. Non seulement, le 1er gouvernement a une très forte connotation de retour de l’ascenseur mais c’est toute l’administration qui est en passe de devenir une administration de remerciement, vu les nominations faites ces derniers jours à la tête des structures et offices d’Etat. D’aucuns diraient quoi de plus normal ? On ne galère pas avec quelqu’un pour qu’il vous oublie à l’heure du partage. Seulement, sur ce fameux banc d’attente, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Les Ivoiriens diraient « les cabris se promènent ensemble mais n’ont pas le même prix ».
D’un côté, il y a ceux qui ont porté leur choix sur le magnat du coton dès le 1er tour, là où beaucoup d’autres ne vendaient pas chère sa peau face à la machine électorale du président sortant. De cette liste, il ne reste pas beaucoup de personnes sur le banc d’attente. La plupart a déjà tiré leur épingle du jeu, deux mois seulement après l’investiture. On peut citer par exemple, Candide Azannaï, Adidjatou Mathys, Oswald Homéky, Joseph Djogbénou, Sacca Lafia, Antoine Dayori, Gaston Zossou… Ils jouissent déjà du fruit de leur engagement. Il reste peut-être les parents, amis et alliés comme Soumanou Moudjaïdou, un ami de longue date de Patrice Talon, embastillé pendant trois bonnes années dans les affaires de tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat. Là où ses compères Johannes Dagnon et Pamphile Zomahoun goutent déjà au délice du pouvoir, Soumanou Moudjaïdou attend toujours.
C’est dans le rang des ouvriers de 25ème heure, c’est-à-dire des 25 candidats qui ont appelé à voter pour Patrice Talon au 2ème tour que la liste est longue. Outre Pascal Irénée Koupaki, Abdoulaye Bio Tchané et les nominations de proches de Sébastien Ajavon, c’est toujours la grande attente chez les autres. Ils seraient certainement en train de se demander si leur tour est pour bientôt. A part le nom de Richard Sènou, souvent cité et sans cesse infirmé, même dame rumeur ne pense pas à eux. Pourtant, Christian Lagnidé, Simon-Pierre Adovèlandé,Kogui N’douro, Jean-Alexandre Hountondji, Marie-Elise Gbèdo, Aké Natondé, Karimou Chabi Sika, Jean-Michel Abimbola, Nassirou Arifari-Bako, Daniel Edah, Robert Gbian, etc. n’ont certainement pas rejoint la Rupture pour être des spectateurs joyeux. Et plus que la tendance est au remerciement, les deux mois qu’ils viennent de passer à se ronger les ongles pourraient commencer par devenir longs.
Bertrand HOUANHO