Les services de l’ancien président de la République, Yayi Boni, répliquent aux déclarations du ministre d’Etat chargé du plan et du développement Abdoulaye Bio Tchané. Cette attitude supplémentaire des hommes de Yayi Boni cristallise les divergences entre les deux frères du Septentrion.
Abdoulaye Bio Tchané et Yayi Boni n’accorderont jamais leurs violons pour le développement de leur pays. Ces deux personnalités du Septentrion aux destins croisés, mais extrêmement opposées par leurs comportements, font parler d’elles depuis le début de la semaine. Anciens fonctionnaires de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao), anciens présidents de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), Yayi Boni et Abdoulaye Bio Tchané sont tous des sexagénaires. Aspirant tous deux à la plus haute fonction de l’Etat béninois depuis l’annonce du départ à la retraite politique du Général Mathieu Kérékou, Yayi Boni a été avantagé par sa proximité avec son pays en 2006 au détriment de Bio Tchané, directeur Afrique du Fonds monétaire international à New-York. Quand Abt fit savoir ses intentions de briguer la magistrature suprême de son pays pour la présidentielle de 2006, ses compatriotes étaient déjà engagés avec Yayi Boni administrant la Boad à Lomé. Les énergies mobilisées ont permis à ce dernier de réaliser son rêve. Tombé en disgrâce avec une gouvernance piteuse, la classe politique s’est liguée en vain contre Yayi Boni à l’occasion de la présidentielle de 2011. C’est dans cette logique que l’Union fait la nation est née dans l’espoir de porter au pinacle, Me Adrien Houngbédji. L’expérience de la candidature unique des forces politiques méridionales échoua face à la machine électorale de Yayi Boni qui avait en concurrence dans le Septentrion Abdoulaye Bio Tchané libéré de ses fonctions internationales. Yayi Boni considère, en 2011, la candidature de Bio Tchané comme celle de l’affront.
Une rage peu ordinaire
Face à la candidature de Abdoulaye Bio Tchané en 2011, Yayi Boni monte les têtes couronnées du septentrion contre son challenger. Il parcourt cours et palais royaux pour dénigrer son "frère". Au demeurant, il leur fait savoir qu’après son deuxième mandat, ce serait Bio Tchané. Mais, ce n’était que leurre. Yayi Boni avait son plan, celui de porter un poignard à la démocratie béninoise en s’éternisant au pouvoir. Tous ces agissements étaient des manifestations de haine inouïe à l’endroit de Bio Tchané qui se préparait à nouveau pour la présidentielle de 2016, après avoir tiré leçons de son échec de 2011. Dans l’impossibilité de s’offrir un troisième mandat, son ingéniosité le contraint à trouver une panacée : « il faut que le pouvoir revienne au Sud ». Comme si cela ne suffisait pas, il déploie toutes ses forces contre le candidat Abt. Des insultes, il en a prononcées en des termes orduriers. Qu’à cela ne tienne ! Abt n’attendait pas systématiquement le soutien de Yayi pour aller à la conquête du pouvoir. Opposant résolu dans la tempérance, Abdoulaye Bio Tchané n’a jamais tenu des propos discourtois encore moins désobligeants à l’égard de Yayi Boni. L’ancien directeur Afrique du Fmi sélectionne toujours les mots empreints de douceur pour dénoncer les dérives de Yayi Boni. Seulement, appelé au gouvernement au poste stratégique de ministre d’Etat chargé du plan et du développement, Bio Tchané a une vue d’ensemble des problèmes créés par Yayi Boni avant son départ.
Yayi se fait hara-kiri
Il a fallu que le ministre Bio Tchané confirme les propos du chef de l’Etat, Patrice Talon, sur la gestion catastrophique de l’ex président qu’il active ses sbires. Ce faisant, Yayi Boni atteste le pillage systématique qu’il a orchestré, avant la fin de son dernier mandat. Dans la foulée, un pseudo collectif prend sa défense sous le titre évocateur : « le Bénin d’abord ». Le savait-il bien en posant des actes de parjure et attentatoire à la cohésion nationale ? Mais alors, qu’est-ce que le collectif « le Bénin d’abord » ? Qui sont ceux qui en sont membres ? D’où tient-il son existence légale ? Et depuis quand ? Autant de questions qui méritent d’être élucidées. Ce creuset inventé de toutes pièces est la preuve même de la peur qui anime Yayi Boni à l’ère de la Rupture et des audits en cours. Voici le pouvoir qui est bien revenu à l’endroit souhaité par Yayi Boni avec l’avènement de Patrice Talon. Et Yayi Boni s’en plaint. Il fait savoir que sur 21 ministres, le Nord n’a que 4. Qu’il s’en prenne à lui-même. Le chef de l’Etat, Patrice Talon, dans l’intérêt supérieur de la nation, a juré ne pas faire la chasse aux sorcières. Mais il a fortement martelé que tout citoyen ayant des démêlés avec la justice devrait en répondre. Alors, panique bleue chez Yayi Boni et ses partisans qui espéraient une certaine amnistie. A cette fin, le président Talon les envoie aux archives de la Conférence des forces vives de la nation. C’est, selon Patrice Talon, à cette occasion que le mot a été utilisé et ne fait plus partie du vocabulaire des Béninois.
J-CK.