L’ancien prisonnier Valentin Somassè brise le silence. Après plusieurs mois passés en prison dans une affaire assortie finalement d’un NON-LIEUX, cet ancien accusé a décidé de rencontrer la presse pour donner des éclaircissements. C’est à travers un point de presse qu’il a tenu à la salle de conférence Monseigneur Louis PARISOT de l’Institut Chant d’oiseau de Cotonou.
Amir NABIL
Habillé en tenue traditionnelle (bomba) toute blanche, un peu comme pour clamer son innocence dans cette ténébreuse histoire dite << affaire pafilav>>, l’ancien accusé Valentin Somassè, tout frêle et visiblement fatigué par son long séjour carcéral, était assisté à l’occasion de ce point de presse, par plusieurs membres de sa famille, des amis ainsi que des proches. L’objectif principal de ce point de presse est de permettre à tout ceux qui avaient été informé de cette supposée affaire de détournement dans le projet pafilav,que la justice a innocenté le principale accusé par un non lieux général.
Au présidium, Valentin Somassè, ancien coordonnateur national du Pafilav, qui n’a pas perdu l’habitude des lunettes déclara : <<... Je salue la justice béninoise qui a prononcé le 6 mai dernier, un NON-LIEUX général dans cette affaire qu’il convient d’appeler affaire Somassè. J’ai été arrêté, déféré et jeté en prison le 10 Octobre 2012 sans aucune plainte écrite. Jusqu’à ce jour, on ne connaît même pas la partie civile dans cette affaire... Cela témoigne de la méchanceté de l’espèce humaine.... Mais c’est la justice seule qui élève une nation. À travers cette décision, la justice n’a fait que confirmer ce que j’ai toujours clamé, à savoir que je ne me retrouve pas dans ce qui a été monté contre moi par des mains invisibles pour me jeter en prison manu-militari. >>
Il faut souligner que libéré provisoirement le 12 mars 2013, l’homme tente toujours, mais en vain, de reprendre fonction. Dans le même temps, ces autres collègues avec qui il avait passé quelques temps en détention, ont repris leur fonction après leur séjour carcéral . Aujourd’hui confiant en la justice divine et surtout en ce gouvernement, Valentin Somassè appelle le chef de l’État actuel à réparer cette injustice car dit-il, << l’heure du nouveau départ et de la vraie justice a sonné. >>
Extrait de l’ordonnance du juge
Lire l’intégralité de sa déclaration
ALLOCUTION LIMINAIRE DE L’HONORABLE VALENTIN SOMASSE A L’OCCASION DU POINT DE PRESSE
JEUDI, 09 JUIN 2016
Chers amis de la presse, je vous salue et vous remercie pour avoir répondu aussi nombreux à mon invitation.
Je voudrais aussi vous saluer, vous tous, mes amis qui vous êtes déplacés pour me soutenir, me soutenir comme vous l’avez fait durant les périodes difficiles que nous avons traversées, ma famille et moi.
Enfin, je salue la justice béninoise qui a prononcé le 06 mai 2016 un non-lieu général dans l’affaire montée de toutes pièces qu’il a été convenu d’appeler affaire SOMASSE Valentin. C’est la justice qui élève une nation.
Souvenez-vous, chers amis. Le 18 octobre 2012, j’ai été arrêté et déféré à la prison civile de Cotonou, sans aucune plainte initiale ni de l’Etat ni de la Banque Africaine de Développement (BAD) au service desquels j’étais en tant que Coordonnateur National du Projet d’appui aux filières lait et viande (PAFILAV). Ce grand projet est destiné à redonner espoir aux éleveurs et à moderniser en profondeur la production de lait et de viande dans notre pays ainsi que le marché d’écoulement de ces produits vitaux sur toute l’étendue du territoire national.
La BAD finance ce grand projet en même temps que l’Etat béninois. C’est peut-être ce qui a fait penser à certaines mains invisibles que le coordonnateur pouvait utiliser les fonds comme bon lui semble. On a pensé qu’on pouvait alors en profiter pour prendre sa place. Une cabale politico-judiciaire a donc été montée de toutes pièces pour me faire accuser d’avoir détourné 193.614.816 FCFA.
En fait, de quoi il était question ?
Cette somme représentait les dépenses normales nécessaires au démarrage du projet, dépenses qui n’étaient pas éligibles sur les fonds BAD, mais représentaient une part de la contribution de l’Etat béninois au projet. Le Bénin ayant tenté de mettre ces dépenses en charges communes pouvant être supportées par la FAD, a été rappelé à l’ordre par la BAD dans une correspondance qui les faisait ressortir et exiger le paiement de ces fonds qui devaient être à la charge du Bénin. Après des séances d’explications, elles ont donc été approuvées par les deux parties. Leur régularisation, leur certification et leur mandatement ont été faits par le ministère des finances le 31 MAI 2012, bien avant mon arrestation. En juin 2012, la revue à mi-parcours du projet, revue conjointe réalisée par la BAD et le Bénin, a décerné son satisfecit à la gouvernance du projet. Mieux, les rapports d’audit externe des comptes du PAFILAV exercices 2010 et 2011 ont été acceptés par le Bénin et la BAD.
Alors, on ne pouvait comprendre, et c’est le fond qui chagrine le plus, comment un procureur m’ait convoqué sur la base de cette lettre dépassée, ordinaire, et sans m’entendre sur le fond de la question, me fait déposer à la prison civile de Cotonou, avant de demander des explications.
Il aura fallu des mois pour que les preuves que j’ai apportées, de toutes ces évidences me valent d’abord ma mise en liberté le 21 mars 2013 et l’ordonnance de non-lieu prononcée par le juge ce 06 mai 2016 à la suite du réquisitoire définitif de non-lieu du procureur de la république le 20 avril 2016.
En d’autres termes, la justice a confirmé depuis environ un mois ce que j’ai toujours clamé, à savoir que les fonds de ce projet n’ont jamais été ni détournés ni volés sous ma gouvernance.
EXHIBER ET LIRE L’ORDONNANCE DU JUGE D’INSTRUCTION QUI A PRONONCE NON LIEU ET ORDONNE LE REMBOURSEMENT DE LA CAUTION
NECESSITE DE REPARATION
Depuis le début de cette cabale, le PAFILAV traverse une crise de gouvernance. Car, malheureusement pour ceux qui ont voulu prendre ma place en usant de méthodes d’une rare méchanceté, le Coordonnateur National du PAFILAV ne saurait être relevé de ses fonctions sur simple montage politico-judiciaire. Le contrat liant le coordonnateur national à l’Etat béninois ne peut être résilié qu’à la demande du Coordonnateur National ou dans les cas où une mission d’audit externe établirait que celui-ci a commis des malversations, ou qu’il serait formellement établi par la mission d’évaluation à mi-parcours que les contre-performances du projet lui sont essentiellement imputables. Aucune de ces conditions n’ayant été remplie, on peut constater que depuis lors, le PAFILAV n’a pu avoir un autre coordonnateur national.
C’est pourquoi, par courrier reçu au ministère en charge de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche le 07 août 2013, j’ai formellement demandé ma reprise de fonction en tant que Coordonnateur national du PAFILAV. C’est le moins que l’Etat puisse faire pour réparer un crime commis en son nom par des mains invisibles tapies dans les allées du pouvoir d’alors. Je connais toutes ces personnes. Je leur pardonne ici et maintenant le mal qu’ils ont fait à ma modeste personne et à ma famille. Mais la nation doit réparer les torts commis.
Retenons, chers amis journalistes, qu’« on ne coiffe pas une personne en son absence ».
C’est la justice seule qui élève une nation. Mais malheureusement, la justice humaine a du zèle.
Au-delà de cette réparation, j’ai une pensée aujourd’hui pour ces nombreuses personnes qu’un pouvoir aveugle et sourd a pu jeter injustement en prison, comme moi. Car, contrairement à ma modeste personne, beaucoup n’ont pas les possibilités de se défendre et croupissent derrière les barreaux par le fait de ceux qui se croyaient éternels. Je prie donc le Président de la République, Chef de l’Etat et Chef du gouvernement de réparer ces injustices graves commises contre des paysans, des artisans et de pauvres citoyens sans défense emprisonnés pour délit de proximité avec l’opposition d’alors. L’heure du Nouveau Départ doit sonner l’heure de la justice véritable.
APPEL AUX CITOYENS
Chers amis, vous connaissez le lourd tribut que j’ai été obligé de payer à cause de ce crime. Je voudrais ici rendre hommage, encore une fois, à mon épouse qui a payé le plus chèrement de tous, les effets de cette incarcération, car elle s’en est allée, le jour même de ma libération provisoire des suites de crises somatiques dues au stress. En son souvenir, en hommage à tout ce qu’elle a souffert, je voudrais humblement souhaiter qu’une masse critique de citoyens s’élève pour réclamer la justice partout où elle est en péril, de Gogounou à Savalou, de Lokossa à Adja-Ouèrè, Kétou, de Porga à Agonlin. Car le silence de certains et la peur des autres face aux injustices les plus inqualifiables sont les terreaux les plus féconds aux procureurs félons, aux ministres véreux et aux pouvoirs politiques sans boussole. Restons donc tous éveillés pour empêcher la répétition des drames que nous avons tous vécus. Telle est ma contribution pour que le Nouveau Départ soit pour nous tous, une ère de justice et de paix.
Quand à moi, je fais mienne la pensée de Nelson MANDELA qui affirme que « Lorsqu’on vous d’être courageux pour supporter l’insupportable, vous devenez fort pour le reste de votre existence ».
Chers amis, « l’eau chaude ne doit jamais oublier qu’elle a été froide ».
C’est pourquoi, « celui qui prétend faire danser l’arbre n’échappe pas à la danse »
Je vous remercie pour votre aimable attention.