«…. Attendu qu’il ne résulte pas de l’information charges et preuves suffisantes contre Valentin Sommassè d’avoir commis les faits de détournement de deniers publics mis à sa charge ; vu l’article 191 du code de procédure pénale ; disons n’y avoir lieu à suivre contre le susnommé de ce chef ; en conséquence, ordonnons la restitution de la caution de cinq millions de francs Cfa à Valentin Somassè payée au trésor public le 21 mars 2013 en exécution de l’arrêt de la chambre d’accusation le mettant en liberté provisoire le 18 mars 2013 ; fait en notre cabinet, le 06 mai 2016. Le juge d’instruction, Eloi Houessin ». Voilà l’extrait d’une récente ordonnance qui blanchit définitivement le député Valentin Somassè, accusé dans le temps d’un détournement de 182.819.164 FCFA pour le compte du Projet d’Appui aux Filières Lait et Viande (0.PAFILAV) dont il était le Coordonnateur national. Après sa mise en liberté le 21 mars 2013, Valentin Somassé avait formellement demandé de reprendre fonction à la tête du Pafilav. En vain. « C’est le moins que l’Etat puisse faire pour réparer un crime commis en son nom par des mains invisibles tapies dans les allées du pouvoir d’alors. Je connais toutes ces personnes. Je leur pardonne ici et maintenant le mal qu’ils m’ont fait à ma modeste personne et à ma famille. Mais la nation doit réparer les torts commis ». Il se prépare déjà avec ses avocats pour que les préjudices qui lui sont causés dans cette affaire soient réparés. Par ailleurs, étant donné qu’aucune note de service à ce jour n’a relevé Valentin Somassè de son poste de coordonnateur national du Pafilav, il ne demande qu’à y retourner pour poursuivre sa mission.
Face à la presse hier au Chant d’Oiseau à Cotonou, tout vêtu de blanc, l’homme était ravi d’être innocenté dans cette affaire qui l’a conduit derrière les barreaux pendant plusieurs mois. « La justice a confirmé depuis environ un mois ce que j’ai toujours clamé, à savoir que les fonds de ce projet n’ont jamais été détournés ni volés sous ma gouvernance » s’est-il réjoui. A le croire, la Banque Africaine de Développement (BAD), partenaire principal de ce projet, le finance en même temps que l’Etat béninois. « C’est peut-être ce qui a fait penser à certaines mains invisibles que le coordonnateur pouvait utiliser les fonds comme bon lui semble. » a-t-il indiqué aussi, ajoutant : « on a pensé qu’on pouvait alors en profiter pour prendre sa place. Une cabale politico-judiciaire a donc été montée de toutes pièces pour me faire accuser d’avoir détourné 1930614.816 FCFA ». Cette somme,selon le député Somassè, représentait plutôt les dépenses normales nécessaires au démarrage du projet, dépenses qui n’étaient pas éligibles sur le fonds BAD, mais représentaient une part de la contribution de l’Etat béninois au projet.
Cri de cœur et appel aux citoyens
« Chers amis, vous connaissez le lourd tribu que j’ai été obligé de payer à cause de ce crime. Je voudrais ici rendre hommage, encore une fois, à mon épouse qui a payé le plus chèrement de tous, les effets de cette incarcération, car elle s’en est allée, le jour même de ma libération provisoire des suites de crises somatiques dues au stress ». C’était avec émotion et une voix attristée qu’il évoquait hier aux hommes des médias cette douloureuse situation que son emprisonnement « injuste » a occasionnée dans son couple. Mais Valentin Somassé dit tenir bon, et en souvenir de sa défunte épouse et en hommage à tout ce qu’elle a souffert, il a souhaité qu’une masse critique de citoyens s’élève pour réclamer justice partout où elle est en péril, de Gogounou à Savalou, de Lokossa à Adja-Ouèrè, Kétou, de Porga à Agonlin. « Le silence de certains et la peu des autres face aux injustices les plus inqualifiables sont les terreaux les plus féconds aux procureurs félons, aux ministres véreux et aux pouvoirs politiques sans boussole. Restons donc tous éveillés pour empêcher la répétition des drames que nous avons vécus » a lancé Valentin Somassè hier.
Christian Tchanou