Le rêve d’Anjorin Moucharafou de présider à nouveau aux destinées du football béninois devient de plus en plus une chimère. Plus, il s’en approche, plus il s’éloigne. Tout était presque calé pour que se tienne ce jour, vendredi 10 juin, l’Assemblée générale élective qui devrait aboutir à la désignation d’Anjorin Moucharafou comme président de la Fédération béninoise de football (Fbf). Mais c’est sans compter avec la détermination des clubs à la base. Ils sont une vingtaine de clubs à saisir le tribunal de 1ère instance de Porto-Novo à propos d’un risque d’affrontement si cette AG devrait avoir lieu. Certains acteurs avaient même donné le top par un sit-in mercredi dernier sur l’esplanade du ministère de la jeunesse et des sports. La menace est donc réelle et comme en de pareilles circonstances, par ordonnance N°76/PI-PN/2016 en date du 09 juin 2016, le tribunal de première instance de Porto-Novo ordonne au Conor et à la Fbf de suspendre sans délai la tenue du congrès électif du jeudi 09 juin et jours suivants jusqu’à ce qu’il en soit décidé autrement. Cette décision plonge à nouveau le football béninois dans l’incertitude et coupe l’herbe sous le pied d’Anjorin Moucharafou qui était perçu comme le seul vrai gagnant de la tenue du congrès électif. Du coup, le match du dimanche 12 juin est incertain puisque la Fifa avait conditionné cette rencontre qui oppose les Ecureuils du Bénin au Nzalang Nacional de la Guinée équatoriale à la tenue de l’AG qui devrait permettre l’élection d’un président à la tête de la Fbf.
La nouvelle ordonnance du Tpi de Porto-Novo, outre le fait qu’elle vienne ruiner les espoirs d’Anjorin Mourachafou, expose le Bénin à une sanction de la Fifa. Chose que les autorités en charge du sport notamment le ministre Oswald Homéky tente d’empêcher en obtenant des protagonistes un protocole d’accord. Lequel avait conduit le Tpi de Porto-Novo à une première levée de la suspension du congrès électif. Il y a donc un vrai risque que cette fois-ci le Bénin soit suspendu pour de bon de toute compétition internationale par la Fifa. Ce que certains acteurs préfèrent si c’est Anjorin Moucharafou qui doit revenir à la tête de la Fbf. On peut même dit que ce sentiment est largement partagé dans l’opinion publique nationale. Mais pour le nouveau gouvernement de la Rupture, c’est un couteau à double tranchant. Entériner une suspension du Bénin afin de repenser le football national qui prend une grosse partie du budget du ministère des sports mais qui, malheureusement en retour, n’apporte rien au pays, peut être perçu comme entrant dans le cadre de la logique réformiste du pouvoir en place. Mais puisqu’on ne sait pas le temps que va durer une telle suspension, le gouvernement au bout de quelques jours, quelques mois et quelques années peut se voir reproché le fait que le ballon ne roule plus sur les aires de jeu et que les jeunes béninois qui vivent de cette discipline soient contraints au chômage. Aucun pouvoir n’a envie d’être traité du souffre-douleur de la jeunesse de son pays. C’est certainement pour cela que le ministre des sports Oswald Homéky avait pris son bâton de pèlerin pour ramener la concorde dans la maison football et sauver le match du 12 juin. Mais avec cette nouvelle décision du Tpi, la sanction ne tardera pas à tomber. Le Bénin suspendu, est-ce une mauvaise ou une bonne nouvelle pour le football? Les avis sont partagés selon qu’on soit pour ou contre Anjorin Moucharafou.
Bertrand HOUANHO