Pour le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, les causes profondes de la montée de l’insécurité au Bénin, depuis quelques semaines, n'ont rien à voir avec l’ancien régime contrairement aux allégations du professeur Roger Gbégnonvi qui l’accusait d’être à l’origine des braquages. Dans une interview accordée à un journal de la place, Sacca Lafia a été on ne peut plus clair.
«Ce qu’on a constaté depuis quelques semaines, c’est un pic des braquages. Si l’on doit faire les statistiques sur toute l’année, il faut dire que notre pays n’est pas le plus exposé en matière d’insécurité comparé aux pays voisins ou sévit le terrorisme. Par rapport aux causes, il faut dire que c’est cyclique. Généralement, on a constaté une coïncidence à chaque fois qu’il y a un nouveau ministre de l’intérieur ou un changement de régime. C’est le constat qu’on peut déjà faire. Cela est lié au fait que les malfrats calculent», confie Sacca Lafia audit journal. «Ils savent que dès qu’il y a une passation de charges, le nouveau n’a pas la maîtrise totale des instruments qui permettent de lutter contre l’insécurité. Il n’a pas une connaissance parfaite des hommes et il n’a pas la maîtrise totale des moyens matériels et financiers. Donc, cette période de latence est une période favorable aux délinquants, aux malfrats de se manifester. Donc, je crois que c’est le cas en ce moment. Il y a les causes qui sont liées un peu à la police», a-t-il souligné, avant de préciser : «Parce qu’aujourd’hui, les moyens de communication des malfrats sont à un niveau de pointe si bien que nos policiers, nos forces de sécurité devraient être constamment recyclées, rééquipées pour y faire face et pour être toujours en avance par rapport aux délinquants. Or, ce n’est pas le cas en ce moment. Il y a également la mauvaise organisation de notre société. Nous sommes très mal organisés parce que si vous voyez bien, la plupart des braquages visent fondamentalement l’argent. Ce n’est pas une volonté de tuer ou de blesser les citoyens, mais
c’est de s’accaparer de leurs biens précieux. Or, si vous voyez notre façon de manipuler les ressources financières, vous verrez qu’on est très indiscret. On est à la limite trop négligeant».
Voilà qui est bien clair. Le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique est bien conscient des causes de la recrudescence de l’insécurité dans notre pays. «Même des boutiques qui font des chiffres d’affaires de dizaines de millions par jour, n’ont pratiquement aucun moyen de sécurité. Elles n’ont même pas des moyens de surveillance, de vidéo surveillance technologique. Vous voyez aussi des cambistes qui sont au bord des routes avec plusieurs millions de francs CFA dans leurs sacs. C’est provoquant et attentatoire. C’est à la limite un appel à la délinquance. C’est ce qu’il faut changer. Les gens continuent de voyager avec de fortes sommes dans leurs sacs. Ils peuvent prendre des bus d’ici Malanville, d’ici Parakou avec de l’argent liquide. En Europe, cela ne se fait plus. Tout le monde a la carte électronique. On a inventé beaucoup de choses pour faciliter le transfert d’argent. Aujourd’hui, on ne voyage plus avec de l’argent. Avec son téléphone, on peut faire des transactions. Il faut bien qu’on tende vers ces pratiques. On doit accepter et comprendre que le monde a évolué et que la technologie actuelle, le niveau de délinquance ainsi que les besoins des populations qui sont en mal avec la société sont tels qu’il est difficile de résister sans attaquer les autres, tant qu’il y a un peu de négligence pour sauvegarder nos biens financiers», explique Sacca Lafia, avant d’annoncer des jours difficiles aux divorcés sociaux de tout acabit.
Dans cet entretien, nulle part, le ministre Sacca Lafia n’a fait allusion au gouvernement sortant comme l’a fait Roger Gbégnonvi. Comment peut alors expliquer son attitude ?
En tout cas, pour les Béninois, c’est très clair : la grande cabale contre l’ancien régime et son Chef se poursuit. Les questions sécuritaires sont très sensibles et les affirmations du genre de Gbégnonvi sont à éviter.
Notre Voix