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Interview avec le Dg Anader, Orou Batta Seh Dan : « …Il y a plus de 17 000 lampadaires solaires installés sur le territoire national… »
Publié le jeudi 16 juin 2016  |  Fraternité
Lampadaire
© aCotonou.com par DR
Lampadaire solaire




Le Bénin, à l’instar de nombre de pays au monde, a opté pour la promotion des énergies renouvelables. Cela se traduit par la présence de lampadaires solaires dans les 77 communes du Bénin. Pour le Directeur général de l’Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables (Anader), Orou Batta Seh Dan, dans une interview à lui accordée, l’éclairage public à partir de l’énergie solaire permettra la sécurité des personnes et des biens, le transfert de la technologie du solaire, le développement des activités génératrices de revenus et surtout la lutte contre le chômage. Aussi, dans cet entretien, le Dg Orou Batta Seh Dan a confié que les élus locaux et les populations des communes bénéficiaires doivent assurer l’entretien de ces lampadaires solaires en collaboration avec les entreprises bénéficiaires des projets. De même, selon lui, la sécurité autour de ces lampadaires dépend en grande partie de l’organisation des populations et des élus locaux.

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Nous avons constaté l’installation des lampadaires solaires dans les villes et campagnes du Bénin. Dans quel cadre s’inscrivent ces travaux ?
Comme vous le dites, tout le monde peut avoir constaté dans la ville de Cotonou et dans la plupart des Chefs-lieux des 77 communes la présence des lampadaires solaires. Pourquoi ces lampadaires solaires ? Vous n’êtes pas sans savoir que l’éclairage public à la sécurisation des biens et des personnes. Mais quand on sort pour rentrer tard, et dans le quartier tout est sombre, on n’est pas en sécurité. Nos frères, sœurs, mères qui s’adonnent à des activités génératrices de revenu comme la vente d’arachide, d’igname, d’oranges… entre 17 et 18h, faute d’éclairage public, sont obligés de rentrer chez eux. Pour promouvoir ces activités génératrices de revenu d’une part, et assurer la sécurité des biens et des personnes d’autre part, le Gouvernement a décidé de mettre un accent particulier sur l’éclairage public. Or, depuis l’avènement de la décentralisation, l’éclairage, à partir des lampadaires conventionnels, a été laissé à la charge des communes. Ces lampadaires conventionnels ont une puissance de 250Wt. Imaginez 1000 lampadaires avec des lampes de 250 Wt dans la ville de Cotonou, c’est vraiment énorme. Or, le Bénin ne produit pas d’énergie. On produit à peine 3 ou 4% de notre consommation énergétique. La plupart de l’énergie consommée est importée du Nigeria, du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Cela fait que, lorsqu’il y a un problème énergétique dans ces pays, le Bénin connait immédiatement des difficultés. Quand il y a coupure, non seulement nos maisons sont dans l’obscurité, mais aussi l’éclairage public disparait. C’est pour pallier ces difficultés que le Gouvernement a décidé de promouvoir les énergies renouvelables, en mettant en place l’éclairage public à partir de l’énergie solaire. C’est ce que vous constatez à travers nos villes et campagnes par le biais des lampadaires. Il y a plus de 17 000 lampadaires solaires installés sur le territoire national. Ils fonctionnent indépendamment du réseau conventionnel. Qu’il y ait coupure ou pas, les zones bénéficiaires de ces lampadaires solaires sont éclairées. Ce qui permet à la Sbee qui devrait déployer les lampadaires conventionnels dans ces zones de pouvoir mettre l’énergie qu’elle importe à la disposition des grands consommateurs comme les entreprises. Aujourd’hui, on ne peut plus se passer de l’énergie.

Comment avez-vous pu réaliser ce projet de 17 000 lampadaires ?
Ces lampadaires ont été réalisés à partir de 3 projets. Le premier est initié par l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) qui a demandé aux Etats membres de relayer l’initiative à partir de leur budget national. Par le biais de l’Uemoa, nous avons eu plus de 730 lampadaires qui ont été implantés principalement dans les villes de Cotonou, Parakou, Porto-Novo, à l’Université de Parakou, à l’Université d’Abomey-Calavi, dans certains centres universitaires de Porto-Novo et dans quelques localités. En dehors de ce projet, le Bénin, sur le budget national, a initié un programme de 1500 lampadaires solaires. Sur les 1500 lampadaires, 750 ont été implantés dans l’Atlantique, principalement à Abomey-Calavi, Sô-Ava et dans quelques communes du Mono, 80 dans le département du Borgou, 50 dans l’Atacora-Donga et 20 dans la commune de Dangbo. Les 1500 et 730 lampadaires étant insuffisants, après la mise en œuvre, l’engouement qui est né était fort. Donc, le Gouvernement a relayé l’initiative en mettant en œuvre un important projet, dénommé projet de valorisation des énergies solaires (Proves) qui comprend deux volets. L’un concerne les microcentrales et l’autre, les lampadaires solaires qui portent sur 15.000 lampadaires. Sur les 15.000 lampadaires, Cotonou et Abomey-Calavi en ont obtenu 5000. Le reste a été réparti dans les 75 autres communes du Bénin. Le vaste programme a été réalisé sur un prêt de la Boad. Aujourd’hui, dans certains quartiers périphériques d’Abomey-Calavi comme Womey, Tankpè, certains endroits d’Akpakpa, Agla, Zogbohouè, vous allez vous rendre compte des bienfaits de l’énergie solaire.

Une chose est de réaliser les lampadaires, l’autre est de pouvoir assurer leur entretien. Comment comptez-vous alors assurer l’entretien de ces lampadaires solaires ?
Des deux premiers projets, c’est-à-dire, le projet de l’Uemoa et le Projet américain (1500 lampadaires), nous en avons tiré leçon. Au niveau de ces deux projets, nous avons vu que la période de garantie portait sur un an. Partant du fait que les matériels qui sont implantés peuvent connaître des dysfonctionnements avant un an, nous avons donc, dans le cadre de la réalisation du 3ème projet de 15.000 lampadaires, prorogé le délai de garantie. Les entreprises qui ont conçu les lampadaires ont l’obligation d’assurer leur entretien sur 5 ans. C’est au bout de 5 ans que l’entretien de ces lampadaires reviendra aux communes bénéficiaires. Comme le disent les textes de la décentralisation, l’éclairage public relève de la compétence des communes. On ne les avait pas associées en amont à l’élaboration des projets. Si on met dans le contrat que la garantie est d’un an, les communes vont se retrouver avec un nombre important de lampadaires dont il faudra assurer l’entretien. N’ayant pas budgétisé cela, les lampadaires risquent de tomber en panne. L’investissement risque de ne pas atteindre l’objectif visé. Pour cela, nous avons demandé 5 ans durant lesquels les entreprises vont assurer l’entretien. Nous avons proposé une communication qui a été adoptée en Conseil des ministres. Là-dedans, nous avons prévu un mécanisme de suivi et d’entretien. Le mécanisme prévoit au niveau des communes, des cellules de veille citoyenne. Les mairies vont constituer des groupes de personnes qui vont vérifier si les lampadaires fonctionnent chaque jour. Si un lot de lampadaires ne fonctionne pas dans une commune, cette cellule va saisir l’Anader et lui faire cas du nombre de lampadaires défaillants. Une fois l’Anader saisie, elle prend contact avec l’entreprise et l’instruit à la réparation des lampadaires. L’entreprise interpellée devra se rendre sur le terrain et procéder à la réparation des lampadaires. Dès la réparation, l’entreprise contacte l’Anader et lui rend compte de la mission pour laquelle elle a été interpellée. C’est ce qui va se passer pendant les 5 ans. Après les 5 ans, l’entretien des lampadaires revient aux communes. Nous voulons former un certain nombre d’agents dans ces communes qui vont s’assurer de la bonne marche des lampadaires et effectuer les réparations légères. Après 5 ans, l’entretien va revenir aux communes. Dans ce cas, nous devons signer des contrats avec les entreprises habilitées à faire le travail.

L’Anader promeut l’énergie renouvelable dans les villes et campagnes du Bénin. Quelle place occupe la jeunesse dans la réalisation de ces différents projets ?
C’est bon d’installer et d’assurer l’entretien pendant 5 ans. Mais après les 5 ans, il faut continuer. La demande est telle qu’on ne peut que continuer avec le programme. Or, aujourd’hui, on a une forte proportion de la jeunesse qui est en quête d’emploi. C’est pour cela qu’il est prévu dans nos programmes qu’on forme par zone un certain nombre de jeunes sur qui l’Anader pourra s’appuyer pour procéder aux réparations légères. Le but de l’Anader, c’est de promouvoir le développement de l’énergie renouvelable, d’amener la population à s’intéresser à l’énergie renouvelable. Nous ne pouvons pas développer ce secteur si toute notre politique se base sur l’importation et l’installation des équipements. Ce faisant, on ne pourra pas transférer la technologie. Donc, il est prévu de signer des partenariats, créer des centres de formation. L’un des Conseils des ministres a parlé de la création d’une zone franche de l’innovation. Ce centre peut aider à former des jeunes dans la technologie du solaire. Puisqu’aujourd’hui, la technologie la plus simple, c’est le solaire. A titre d’exemple, pour un projet de 20.000 lampadaires, nous demanderons l’importation de 10.000 lampadaires. Les 10.000 autres seront confiés à des entreprises nationales qui auront gagné le marché. Dans la réalisation de ces lampadaires, ces entreprises seront obligées de recruter des jeunes et de les former. Ces jeunes pourront enfin les aider à réaliser ce projet de 10.000 lampadaires, histoire de transférer la technologie. C’est de cette manière qu’on peut amener les Béninois à acquérir la technologie. Et nous jeunes qui font déjà quelque chose dans ce domaine pourront apporter de la plus-value. Si on ne produit pas et on importe, on s’appauvrit au profit des fournisseurs. Si on arrive à mettre l’accent sur la fabrication locale, le coût des équipements sera accessible et chacun va commencer par mettre des kits solaires sur son toit. Les gens n’iront plus s’abonner à la Sbee ou bien cela va permettre de diviser par deux la facturation. Celui qui a une installation de 3 Kw sur son toit, il peut diminuer sa consommation de la Sbee par 5. Ce sont les équipements lourds comme les congélateurs qu’il peut brancher sur le réseau conventionnel de la Sbee. Cette société, à l’heure actuelle, n’arrive pas à satisfaire toutes les demandes. Le développement de l’énergie solaire va permettre à la Sbee de se concentrer sur les gros clients qui fonctionnent aujourd’hui sur ressources propres. Les grandes entreprises fonctionnent sur des grands groupes électrogènes. Cela augmente le coût de fonctionnement de ces entreprises. Si c’était uniquement le courant fourni par la Sbee, cela leur reviendra moins cher. Plus le coût de production est faible, moins le produit fabriqué coûte. Plus le coût de production est élevé, plus le produit fabriqué coûte cher. Plus on développe les énergies renouvelables, plus la Sbee pourra satisfaire les grands consommateurs. Les entreprises, en produisant assez, vont créer des emplois, puisque c’est les entreprises privées qui créent de l’emploi. S’il n’y a pas d’énergie, elles ne pourront pas produire assez, ni créer assez d’emplois. Je pense que ça ne va pas affaiblir la Sbee, parce qu’une partie de l’énergie qui sera produite sera éjectée sur le réseau de la Sbee.
Aujourd’hui, nous avons le programme de construire des centrales solaires. Le Mca et l’Afd sont prêts à nous accompagner dans ce sens. Il y a des promoteurs privés qui sont prêts à installer plus de 20 Mw de centrales solaires. Ces centrales d’une capacité de 5 ou 10 Mw peuvent produire de l’énergie qui sera greffée au réseau de la Sbee. La Sbee va vendre aux consommateurs que nous sommes. Cela va participer à la promotion des activités économiques. Si demain, la capacité de production de la Sbee était portée de 4 à 20%, vous verrez que ce rythme de délestage va considérablement baisser.

Vous auriez certainement des amis, frères, collègues et autorités qui insistent sur le fait que quelques lampadaires soient installés dans leurs domiciles. Comment arrivez-vous à gérer ces pressions ?
Vous touchez là à des points très sensibles. Nous-mêmes avons été surpris par l’engouement que les 3 projets ont créé. Nous étions loin de nous imaginer que ces lampadaires allaient créer un tel engouement. Nous avons au niveau de l’Anader 3 000 demandes. Comment faire pour que les lampadaires aillent aux vrais bénéficiaires ? Comme vous le dites, il y a toujours de pressions. Quand vous êtes là, tel ami veut que les lampadaires partent dans sa Vons. La pression vient de toutes parts. Dans le cadre du Proves, nous avons suggéré au gouvernement, par le biais d’une communication qui a été adoptée en Conseil des Ministres, que compte tenu du nombre relativement faible de lampadaires au niveau des communes de l’intérieur (100, 150 ou 200 lampadaires par commune), les lampadaires soient installés au niveau des infrastructures communautaires. S’il faut installer les 100 lampadaires au bord des voies, la grande partie de la ville sera encore dans l’obscurité. On a demandé que ces lampadaires puissent être implantés au niveau des marchés, des collèges, des dispensaires…Faute d’énergie, les femmes qui vendent sur des places publiques sont obligées de rentrer à 18h. Si on met 2 ou 3 lampadaires à ces lieux, elles peuvent rester et vendre jusqu’à 23h ou minuit. Ainsi, leurs chiffres d’affaires vont augmenter. Puisque nous ne pouvons pas parcourir les 77 communes pour orienter l’installation de ces lampadaires, nous avons demandé aux entreprises qui ont gagné le marché de se rapprocher des élus locaux afin qu’ils identifient au niveau de leurs communes les endroits que nous avons suggérés. Il n’y a que Cotonou et Abomey-Calavi où les autorités centrales ont choisies elles-mêmes les endroits où doivent être implantés les lampadaires. Il s’est révélé que les élus locaux ont choisi des endroits pour des raisons politiques, c’est-à-dire, ils ont intéressé les militants de certains endroits au détriment de ceux d’autres, au lieu de se s’accrocher strictement aux centres d’intérêts que nous leur avons proposés. Nous allons en tenir compte pour les projets à venir et corriger. Parce que ce n’est pas normal qu’on installe des lampadaires solaires à côté de ceux conventionnels dans des villes comme Cotonou, Porto-Novo, Parakou. Nous avons dit, là où il y a des lampadaires conventionnels, qu’on ne mette plus des lampadaires solaires. Si les lampadaires conventionnels ne s’allument pas, la mairie sort de l’argent et répare. Il y a d’autres endroits isolés de ces villes où il n’y a pas du tout le courant. C’est plus indiqué d’aller installer les lampadaires dans ces coins pour permettre aux populations qui y vivent d’en avoir aussi accès. Cela a été le choix des élus locaux. Nous n’avons pas hésité d’attirer leur attention. S’ils continuent, nous serons obligés de choisir les endroits à leur place. Nous allons leur imposer nos critères qu’ils seront tenus de respecter. Ce sont des dysfonctionnements que nous allons corriger dans le futur.

En termes de dysfonctionnements, il y a aussi la sécurité de ces lampadaires installés un peu partout sur le territoire national. On enregistre régulièrement des cas de vol de fil électrique, de poteaux, de batteries et même des panneaux. Quelles sont les mesures prévues pour empêcher cet état de choses ?
En matière de mesures pour assurer la sécurité des lampadaires, l’Anader ne peut pas se mettre derrière les 15.000 lampadaires déployés sur toute l’étendue du territoire au profit des populations. Il appartient donc aux élus locaux des communes bénéficiaires de prendre des dispositions idoines pour assurer le suivi de ces lampadaires pour non seulement nous faire part des cas de lampadaires défaillants, mais aussi nous signaler que de vils individus volent des matériaux de ces lampadaires. Je m’indigne du fait que personne dans le quartier n’ait pu les surprendre. Les populations doivent s’organiser pour assurer la veille permanente. Cela y va également de leur sécurité, si les zones rurales sont éclairées. Si les lampadaires sont volés, l’insécurité règnera encore en maître. L’Anader a demandé aux autorités locales de prendre des dispositions en collaboration avec les forces de sécurité souvent déployées sur le terrain.
Si un camion cogne un poteau électrique, le propriétaire s’en fout, parce qu’il trouve que c’est une infrastructure qui appartient à l’Etat. L’Etat, c’est nous, c’est tout le monde. Si le gouvernement sort de l’argent pour réaliser des ouvrages publics, c’est pour le bénéfice de tout le monde. Chacun pouvait prendre cet ouvrage comme le sien et le défendre. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Et quand ça arrive, on n’arrête pas l’intéressé pour qu’il répare les dommages causés. Il est donc important que les populations s’organisent pour assurer la sécurité de ces lampadaires.

Actuellement, nous sommes en saison pluvieuse et ma question est de savoir si la pluie et les inondations constatées çà et là ne vont pas endommager les lampadaires ?
La période de pluie n’a pas d’effet sur les lampadaires solaires. Seulement, l’effet nuisible, c’est que, en saison pluvieuse, les panneaux ne vont plus capter suffisamment de rayons solaires. Dans ce cas, ce n’est pas évident que les lampadaires tiennent dans la nuit. Sinon, les pluies qui tombent nous nettoient en même temps les panneaux parce qu’ils doivent être nettoyés de temps en temps. On a besoin d’eau et autres pour nettoyer la partie faciale des panneaux. Or, nous sommes dans un environnement où on produit assez de poussière. Cette poussière va se poser sur la face des panneaux qui captent les rayons solaires. Si on ne procède pas au nettoyage de ces panneaux sur une période donnée, la capacité d’emmagasinement des rayons solaires s’affaiblit, de sorte que les lampadaires ne pourront pas tenir jusqu’à l’aube. S’il pleut, l’eau les nettoie en même temps.

Vous n’êtes pas sans savoir que toute invention technologique a ses conséquences négatives. Pensez-vous que les lampadaires solaires ne sont pas nuisibles aux populations ?
Les lampadaires solaires n’ont pas d’effets nuisibles sur la santé. L’énergie des lampadaires solaires provient des rayons solaires et si les rayons solaires devraient nous tuer, on serait mort depuis. Nos parents allaient sous le soleil labourer les champs mais ils ne sont pas morts à cause des rayons solaires, mais d’autres maladies. La présence des lampadaires n’a pas d’effet sur le climat encore moins sur notre existence. L’énergie qui est produite est appelée énergie propre parce qu’elle n’émet pas de gaz à effet de serre. Lors de la Cop 21, ils ont mis l’accent sur les sources d’énergies alternatives qui ne sont rien d’autres que les énergies renouvelables. Le nucléaire a des risques. Quand il y a eu séisme au Japon avec des fissures de la centrale nucléaire, ce sont des milliers de personnes qui ont été touchées. Il y a aussi le cas de la catastrophe qui a touché une centrale nucléaire en Ukraine provoquant des milliers de morts et d’autres qui trainent les séquelles à vie. Le charbon détruit la nature. L’énergie conventionnelle a d’effets négatifs sur l’environnement, ce qui n’est pas le cas des énergies renouvelables. Quand vous produisez l’énergie éolienne qui est faite à partir de la vitesse du vent, cela n’a pas d’effets négatifs sur la nature. La biomasse qui est faite à base des déchets ne rend pas notre nature pauvre. Ce sont les déchets qu’on devrait jeter qu’on réutilise. Il est demandé à chaque pays de développer ces sources d’énergie afin de protéger la vie des générations futures que de se lancer dans la production des énergies conventionnelles. La présence des lampadaires solaires n’a pas d’effet sur la vie de la population.

Est-ce que l’Anader a prévu un plan pour le développement de l’énergie éolienne au Bénin ?
Nous avons un partenariat avec les Chinois, nous avons une direction générale de l’énergie au niveau du ministère de l’énergie qui pilote ces genres de projet. Il y a une étude qui est en train d’être menée au niveau de la direction générale de l’énergie avec les Chinois. Au niveau de la Route des pêches, ils ont calculé la vitesse du vent sur une longue période afin de voir si la vitesse du vent enregistré dans cette zone pourrait produire de l’énergie. La même étude devrait être effectuée au niveau des montagnes de l’Atacora-Donga. L’étude est en cours et je ne sais pas si c’est déjà bouclé et que les résultats sont concluants ou pas. Ce que je veux signaler est que l’énergie éolienne ne peut être produite qu’à partir des zones côtières. Il suffit qu’on puisse continuer les études sur toute la bande côtière, et il y aura un endroit au moins où on pourra produire l’énergie, même si ce n’est pas en grande quantité.

Est-ce qu’il y a encore d’autres projets que le gouvernement veut développer ?
Il y a le deuxième compact du Mca qui comporte un important volet d’énergies renouvelables. Avec ce deuxième compact, il y aura des centrales d’énergies renouvelables qui seront installées et qui produiront au moins 20 à 30 mégawatt d’énergie solaire qui seront injectés sur le réseau de la Sbee. Ce deuxième compact renforcera les capacités personnelles de l’Anader parce que, pour pouvoir bien mener ces projets, il faut s’y connaître. Le compact va nous permettre de réaliser beaucoup de centrales. On en a actuellement six, mais on veut construire une centaine dans les villages isolés que le réseau de la Sbee ne couvre pas. Nous avons décidé dans ces cas de construire des mini-centrales solaires à partir desquelles tout le village sera électrifié. Au niveau de ces villages, l’énergie qui sera produite va nous permettre de pomper l’eau pour pouvoir distribuer de l’eau potable à la population. Il est déjà prévu par village un certain nombre de compteurs. L’avantage est que ce sont des réseaux autonomes, il n’y a pas coupure ni délestage. Tant qu’il y a le soleil, vous avez la lumière. On a déjà exécuté ce programme dans six villages. Nous voulons étendre l’expérience au niveau d’une centaine de villages pour permettre à nos parents qui sont dans ces localités de se sentir béninois comme nous autres qui bénéficions de l’énergie électrique. Ces installations permettent de produire de la lumière, donner de l’énergie et de générer de bénéfices. Là où le courant va, il y a automatiquement de changement. Toute une gamme d’activités se développe avec l’arrivée de ces mini-centrales, cela va limiter l’exode rural vers les villes. Nous avons un autre grand programme avec les banques multilatérales patronné par la Bad (Programme de valorisation à grande échelle des énergies renouvelables dans les pays à faible revenu). Le Bénin est éligible à ce programme et il y a un certain nombre d’infrastructures qui seront réalisées dans la mise en œuvre de ce projet.

L’objectif zéro délestage peut alors être atteint d’ici décembre 2016.
Cela est un combat quotidien, et les dispositions sont prises au niveau du ministère de l’énergie afin qu’à partir de décembre 2016, le pays ne connaisse plus les coupures intempestives de courant. Les dispositions sont prises également pour augmenter la capacité interne de production de la Sbee à 200 Mégawatt d’ici fin décembre.

Il y a trois ans environ, le Ministre Barthélémy Kassa avait balayé du revers de la main, la possibilité selon laquelle les énergies renouvelables pourraient réduire le déficit énergétique au Bénin. Pourquoi ce revirement spectaculaire ?
Les énergies renouvelables peuvent alimenter et satisfaire les Béninois. Le Bénin dispose d’importants gisements d’énergies renouvelables. Si vous circulez sur tout le territoire, nous avons des cours d’eau non ? L’énergie qui est produite à partir de l’eau, c’est une énergie renouvelable. Il y a la pluie, son stock se renouvelle de lui-même, les déchets, ça se reconstitue chaque année. Dans la ville de Cotonou, vous pouvez évaluer le nombre de tonnages de déchets solides qu’on jette ? On peut en utiliser pour faire de l’énergie. Comme je l’ai dit, la bande côtière, si les études sont bien menées, on peut produire de l’énergie éolienne. Maintenant, le solaire, sur quelle partie du Bénin il n’y a pas le soleil ? Que ce soit du nord au sud, de l’est à l’ouest, trente minutes après la pluie, il y a le soleil, donc nous disposons d’importants gisements. Le problème qui s’est posé, c’est qu’on n’a jamais investi dans le domaine des énergies renouvelables. Et puisqu’on n’y a jamais investi, et comme la technologie au départ n’était pas trop développée, nous ne nous sommes pas intéressés à ça, et n’oubliez pas que l’énergie hydraulique, l’énergie électrique produite à partir des barrages, ça coute moins cher. Les sociétés qui nous vendent de l’énergie comme la Sbee et la Ceb sont des commerçants. Le commerçant veut toujours faire plus de bénéfice ? Or pour produire de l’énergie solaire, les premières dépenses, les premiers investissements sont des investissements lourds. Là-bas l’investissement est moins lourd et le coût de production est faible par rapport au cout de production de l’énergie solaire. Donc, les gens ont de tout temps développé ces sources polluantes dont le coût de production est faible par rapport aux énergies renouvelables. Maintenant, chemin faisant, les gens se sont rendu compte des dégâts que nous causons à la nature, à l’environnement, à la couche d’ozone. Il y a trois, quatre semaines, si vous allez au nord, à l’ombre, c’est plus de 45 degrés ? Il y a cinquante ans, ce n’était pas comme ça ? Il y a vingt ans, ce n’était pas comme ça, chaque année, ça se dégrade ? Donc, les grands pollueurs qui produisent beaucoup de ces énergies conventionnelles ont endommagé la couche d’ozone. Mais ils se sont rendu compte que la solution pour les générations à venir, ce n’est pas de mettre l’accent sur les énergies conventionnelles, mais plutôt sur les énergies propres, qui ne polluent pas. Donc, avant, c’est naturel que les gens disent que ça ne peut pas satisfaire, puisqu’il n’en existe pas. Pourquoi espérez-vous jouir de ce que vous n’avez pas développé ? Mais aujourd’hui, si vous allez à Kpokissa ou à Tandou, les gens sont satisfaits, puisqu’il y a l’énergie solaire. Quand on aura multiplié les endroits qui seront électrifiés à partir de la technologie du solaire, les gens vont se rendre compte que les énergies renouvelables peuvent satisfaire les consommateurs béninois. Tout est question d’investissement. Quand vous investissez, vous aurez les résultats. Seulement, les investissements dans ce domaine sont un peu élevés.
Quand il y a délestage, nous nous référons aux groupes électrogènes. Le groupe émet trop de bruits, cela vous indispose, ça dégage la fumée qui endommage notre environnement, on met le carburant qui coûte cher. Mais si vous mettez sur votre toit, 1 Kw, 2kw de kits solaires, avec ou sans la Sbee, vous avez votre lumière sans bruit, sans dégradation de l’environnement et sans paiement mensuel de facture. Et quand les gens évaluent le montant des équipements, ils se plaignent. Mais ils ne tiennent pas compte des coûts d’opportunité. Quand on fait l’investissement de 500 000 ou 1 million de Francs Cfa, on ne paie plus la facture de la Sbee sur 5 ou 6 ans. Avez-vous évalué les factures à payer sur 5 ans ? En l’évaluant, vous verrez que c’est les premières installations qui coûtent. Mais après, il n’y a plus de dépenses à effectuer. Quand vous êtes un citoyen de la classe moyenne, votre consommation n’est pas moins de 30.000 Fcfa. Plus, votre avoir augmente, plus vous allez prendre des habitudes qui vont vous amener à consommer plus. Et vous risquez de passer de 30 à 50.000 Fcfa. Faites ce calcul sur 5 ans. Comme le gouvernement promeut le développement des énergies renouvelables, les gens vont comprendre la nécessité de cette énergie. Cela va s’imposer à nous. Le pétrole, le gaz et autres ressources finissent. Mais on ne nous pas encore dit que les rayons solaires vont disparaitre. On sait que, à cause de nos mauvais comportements, les pluies peuvent devenir rares.
Aujourd’hui, nous avons des jeunes béninois qui fabriquent des foyers Kinga. Je viens d’envoyer un à une formation à Bamako. Ils ont fabriqué des foyers qui fonctionnent à l’aide des coques de noix de palme. Cela aide nos dames qui préparent en grande quantité et vendent. Le panneau solaire est posé sur le toit et relié au foyer. Ainsi, le foyer fonctionne après que l’interrupteur est tourné. Ces jeunes utilisent comme combustible les coques des noix de palme. La durée de ces coques de noix de palme est l’équivalent de 5 grands sacs de charbon. L’Anader a pour rôle d’appuyer ces genres d’initiatives qui participent à la promotion des énergies renouvelables. On espère qu’ils décrochent des financements à ces formations. Les gens vont ainsi les amener à fabriquer leurs propres panneaux, et c’est comme ça qu’on acquiert la technologie.
Tout est donc possible. Le bateau pèse, mais circule sur l’eau. Avec le téléphone, on est à des milliers de km et on se parle…..Si les gens ont pu faire tout ça, comment ne peuvent-ils pas faire en sorte que les énergies renouvelables satisfassent les besoins des hommes ? C’est possible, il suffit d’y croire.

Votre mot de la fin
J’invite les populations des zones dans lesquelles sont réalisés les lampadaires solaires à considérer ces infrastructures comme leur bien propre en les surveillant. C’est pour leur bonheur que le gouvernement les a réalisés, et il ne faut pas qu’ils permettent que des individus malintentionnés sabotent les lampadaires solaires en réduisant à néant l’argent mis dans leur réalisation.
Propos recueillis par Patrice SOKEGBE
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