Jouxtant la voie inter-Etat Cotonou-Lomé et situé non loin du séminaire St Jean-Eudes, le marché d’Atrokpocodji est un lieu d’échanges commerciaux presque inanimé. En dépit des sensibilisations et des relances des activités par les autorités locales, ce marché vieux de 18 ans reste ‘’muet’’.
Cinq étalages de marchandises et quelques boutiques ouvertes, disposant de peu d’articles, c’est le visage que présente aujourd’hui le marché d’Atrokpocodji. Malgré les relances des activités du marché en 2003, 2008 et 2013, ce lieu d’échanges attend toujours d’accueillir en grand nombre des vendeurs et des acheteurs. Au dire de la poignée de vendeurs rencontrés sur les lieux, désœuvrés et soucieux, ils ne font que s’en remettre à Dieu pour trouver leur pitance. « Je n’ai pas l’impression d’être au marché. J’y viens tous les jours, mais c’est la même situation. C’est difficilement que je vends pour 2000f par jour. Il n’y a pas de différence avec celui qui expose ses marchandises juste à la devanture de sa maison », laisse entendre N. Djima, vendeuse dans le marché St Jean-Eudes d’Atrokpocodji. Les sensibilisations à l’endroit des populations afin qu’elles puissent y faire les emplettes n’ont pu inverser la tendance. Pourtant, à sa création selon les recoupements, ce lieu d’échanges commerciaux, devrait pouvoir desservir une population importante de la Zone. « Ce qui attire la clientèle ce sont les légumes, les céréales, les poissons (frais, frits ou fumés), des boutiques d’alimentation générale, de la poissonnerie, de la charcuterie et de la boucherie. Mais aujourd’hui le marché est inanimé », confie une riveraine. Certains sont obligés de se rendre aux marchés environnants comme ceux de Cocotomey, de Cococodji et de Pahou pour faire des emplettes. C’est le cas de Mirabelle, une habitante de la localité : « Il y a bientôt 3ans que je suis dans le quartier, mais pour me ravitailler, je préfère aller à Cocotomey parce qu’on ne trouve jamais ce qu’on veut ici. », déplore-t-elle avant d’ajouter que « le marché est vide ».
« Un marché maudit ! »
La proximité du marché d’Atrokpocodji avec le séminaire St Jean-Eudes et l’église catholique ne peut éviter les suspicions d’un mauvais sort. Certaines rumeurs font état de ce que le marché serait affecté par les pratiques occultes des vendeuses chargées de l’animer. « Notre marché a été maudit depuis sa création, voilà pourquoi il n’est jamais animé », confie une sexagénaire. Ce qui crée la panique au sein des usagers qui préfèrent abandonner toute idée de vendre dans le marché. D’aucuns n’hésitent pas à suggérer que soit déplacé le marché à un autre endroit pour mettre fin à la malédiction. Mais d’autres par contre n’adhérent pas à cette alternative et souhaitent plutôt une nouvelle relance, la quatrième de l’histoire du marché. « Nous avons confectionné un plan pour refaire le marché, mais c’est les sous qui nous manquent et nous demandons l’accompagnement du gouvernement », souligne M. Ayelo, le superviseur du marché. Il y a également d’autres préalables à l’animation de ce marché, dont la réfection des voies d’accès, notamment en saison pluvieuse. « Les voies menant au marché sont impraticables. De plus, nous n’avons pas de magasins pour sécuriser nos marchandises les soirs. Chaque jour, nous sommes tenues de tout transporter sur la tête. C’est aussi à cause de ça que des femmes ne viennent plus vendre dans le marché » a déclaré dame Olympio, Présidente des femmes du marché. Une nouvelle relance est souhaitée par les quelques usagers rencontrés dans le marché, peut-être la dernière qui pourra finalement donner vie à ce lieu d’échanges.
Véronique Evédo ABAHOUMBA (Stag)