La question de l’apurement de la dette intérieure préoccupe le gouvernement. On apprend que le Chef de l’Etat est en train de rassembler des financements à cette fin. Seulement, avant tout paiement, il est important d’auditer les arriérés afin de ne pas vider les caisses de l’Etat sur la base de surfacturation ou d’entreprises fictives.
Depuis quelques jours, la question relative aux arriérés intérieurs fait des vagues. Les chiffres varient d’un ministre à un autre ou d’un partisan du régime à un non partisan. Avant l’entrée en fonction du nouveau régime, on nous parlait de plus de 300 milliards. Une fois au pouvoir, le chiffre est revu à la baisse : 160 milliards.
De toutes les façons, la décision prise par le gouvernement d’apurer la dette intérieure est une bonne démarche, l’administration étant une continuité. La démarché est à saluer. Toutefois, il y a lieu de faire très attention pour éviter de vider les caisses de l’Etat au profit de structures fictives ou de personnes de mauvaise foi.
L’ancien régime, en 2006, et selon les propos de Pascal I. Koupaki, alors ministre dans le gouvernement du «Changement», avait trouvé 200 millions seulement dans les caisses de l’Etat, près de 180 milliards d’arriérés salariaux, 180 milliards d’arriérés intérieurs et près de 150 milliards d’OP non justifiés. Sans vouer aux gémonies le régime Kérékou, les dettes ont été apurées de façon transparente. Pour y arriver, des mécanismes avaient été mis en place pour mettre à nu les dettes fictives.
Des structures avaient, par exemple, annoncé que des prestations ont été réalisées pour 55 milliards. Avant d’aller sur le marché pour apurer les dettes, le gouvernement d’alors a fait vérifier cette prestation par une structure indépendante. La vérification a permis de constater que les prestations ne coûtaient réellement que 14 milliards. Dans ces genres d’opération, le risque de payer des dettes fictives est donc grand. D’où la vigilance du gouvernement en place.
L’Etat se prépare actuellement pour mobiliser près de 150 milliards afin d’assurer l’apurement de la dette de 2016. Il est souhaitable que le gouvernement audite ces arriérés intérieurs pour s’assurer de l’effectivité des travaux réalisés et du coût réel des prestations. Cet audit doit être fait par une structure indépendante des pouvoirs qui nous gouvernent aujourd’hui avant tout remboursement. Car les prestations de services sont souvent fictives avec la complicité de certains fonctionnaires de l’Etat, notamment des commissions de réception. Il faudra cet audit pour préserver les maigres ressources de l’Etat, éviter le clientélisme dans le remboursement. C’est connu que certains citoyens sont habitués à créer des sociétés fictives pour prendre des marchés publics et disparaitre après.
M.M