Le président de la République, Patrice Talon, prend le devant d’un vieux dossier qui fait soulever des foules. L’homme aux fines stratégies, est décidé à donner vie aux nouvelles préfectures.
Patrice Talon, à pas de charges, veut en finir avec la désignation de tous les chefs-lieux des six nouveaux départements. Fidèle à lui-même et à sa stratégie de compétiteur-né, le président de la République, Patrice Talon, aborde avec confiance le défi de rendre opérationnels les nouveaux chefs-lieux de département. A cet effet, il a entamé au cours du week-end écoulé une série de consultations devant aboutir à la désignation définitive et sans heurts des capitales des nouveaux départements. Il a privilégié de rencontrer les personnes de référence des communes qui aspirent abriter les nouvelles préfectures. Les communes de Ouidah et Savalou retiennent plus l’attention du premier magistrat, en raison certainement de leur influence et de leur détermination à rivaliser avec les communes voisines d’Allada et de Dassa. Le chef de l’Etat, Patrice Talon, va lui-même au charbon. Le sujet ne lui est pas étrange. Car c’est depuis au moins 1993, que la réforme de l’administration territoriale a été évoquée en guise d’application du principe de la décentralisation, exprimé aux articles 150 à 153 de la Constitution du 11 décembre 1990. Le Comité de suivi des états généraux sur la réforme de l’administration territoriale, a élaboré à ce propos, le cadre légal du processus de la décentralisation et de la déconcentration. Mais, les différents chefs d’Etat, en l’occurrence le Général Mathieu Kérékou et son successeur Yayi Boni, ne sont jamais parvenus à traduire dans les faits les conclusions de ce Comité, matérialisées par les lois sur la décentralisation. Puisque le sujet fâche et fait rebrousser les locataires de la Marina, Patrice Talon en fait, en début de mandat, une préoccupation majeure, voire un véritable cheval de bataille. Son ardeur à concrétiser la déconcentration en désignant les nouveaux chefs-lieux de département est sans commune mesure.
Références historiques
L’histoire de l’organisation de l’administration territoriale au Bénin a commencé en 1955 avec la loi n°55-1489 du 18 novembre 1955 relative à la réorganisation municipale. Dans ce contexte, on notera qu’à l’indépendance le 1er août 1960, le Bénin alors Dahomey a hérité d’une administration territoriale calquée d’une manière générale sur le modèle français. Le passage des structures de l’administration territoriale de l’époque coloniale à celles de la République du Bénin s’est fait à travers, entre autres, la création en 1959, de six régions sur le territoire de la République du Dahomey par le décret n°226 Pcm/Mi du 15 décembre 1959. A l’indépendance, le décret n°291/Pcm/Mi du 21 octobre 1960 divise le territoire du Dahomey en 28 cercles et fixe leur ressort territorial. Les cercles prennent le nom de leur chef-lieu. Le même jour, le décret n°292/PCM/ MI du 21 octobre 1960 transforme les 6 régions du pays en départements et les administrateurs des colonies en préfets. A partir de ce décret, le Bénin sera divisé en 6 départements. Après les états généraux de 1993 sur la réforme de l’administration territoriale, le Bénin passe de 6 à 12 départements. Le principe est admis, mais le choix des chefs-lieux des nouveaux départements n’a jamais pu se faire. Mais, très bientôt, si le chef de l’Etat, Patrice Talon, ne reculait pas lui-aussi, les nouveaux chefs-lieux de département seront connus. Car, il ressort des indiscrétions, que l’actuel président de la République, dans la fermeté, a eu les mots qu’il fallait pour convaincre son auditoire à chacune de ses rencontres de sensibilisation.
Un courage admiratif
Les hommes forts n’utilisent pas la violence pour atteindre leurs objectifs. Cette qualité semble caractériser le président Patrice Talon. Avec ses nombreuses années au pouvoir, l’ancien président, Mathieu Kérékou, a esquivé la mise en œuvre et l’achèvement du travail qu’il avait si bien commencé. De ses services de renseignements, Mathieu Kérékou avait le sentiment que le choix des communes pour abriter les chefs-lieux de département, était contesté par endroits. Dans l’inaction, il a fini par passer le témoin au président Yayi Boni. Le populiste a commis plusieurs commissions pour se tirer d’affaires. Mais rien n’y sortira. Pour contourner les difficultés de résistance, ces commissions ont tenté de multiplier les départements et les chefs-lieux. De 12, initialement, les propositions de 21 et 27 ont été faites. Et malgré cela, ce fut le statu quo. Vivement alors que Patrice Talon aille jusqu’au bout de son courage et de sa détermination.
Jean-Claude Kouagou
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